In the present article, our purpose is to characterize each of the periphrases expressing progressivity Pierre est / va / s’en va / vient / s’en vient chantant, Pierre est à / après chanter, Pierre est en train de chanter as members of a progressive paradigm, and to provide arguments in favour of including the so-called deictic relative construction (Je vois) Pierre qui chante in this paradigm. Our arguments comprise diachronic, diastratic, Francophone, and Creole evidence. In Kragh and Schøsler (2014), we have examined in detail this construction, focusing on the grammaticalization process and, in particular, on the reanalysis and actualization process. We here propose an analysis of the deictic relative as yet another way of expressing progressivity. If our analysis is correct, the deictic relative should be considered as a member of the French tense, aspect, and mode (TAM) paradigm.

Le propos de l'étude descriptive présentée dans cet article est de trouver des caractéristiques du discours de l'apprenant avancé en français L2. À cette fin, nous comparerons la production orale des apprenants avec celle des locuteurs natifs de français. Un trait du français parlé “spontané” (L1) est la dissociation d'un certain nombre de constituants discursifs du rhème, parmi ceux-ci des marqueurs du point de vue et des adverbes modalisateurs. Ces éléments devraient aussi être présents dans le discours d'un apprenant avancé de français. La question est ici de savoir de quelle façon la présence et le placement d'un nombre d'éléments modaux dans la chaîne parlée diffèrent entre les deux groupes de locuteurs. Pour les marqueurs du point de vue, nos résultats indiquent que les apprenants en emploient moins fréquemment, tandis que la plupart des adverbes modalisateurs sont aussi fréquents, mais que leur placement diffère de celui des locuteurs natifs.

Cet article analyse dans un cadre énonciatif le phénomène du point de vue (PDV) et montre que des énoncés apparemment objectifs, qui sont des sortes de “phrases sans parole” (Banfield), expriment la subjectivité d'un énonciateur (par exemple un personnage) distinct du locuteur-narrateur. Plus particulièrement, il montre que les procès dénotés par l'imparfait, dans des suites passé simple + imparfait, correspondent au point de vue d'un personnage saillant (ou à défaut du narrateur), en raison des valeurs aspectuo-temporelles de l'imparfait, propices à l'expression de l'altérité énonciative. Il explique comment l'impression d'avancement du temps (alors que l'imparfait dénote un fait concomitant au procès au passé simple) résulte de l'activité inférentielle (cognitive) du sujet percevant. C'est cette même activité qui permet d'attribuer les commentaires exprimés à l'imparfait au personnage centre du point de vue.

Cet article cherche à préciser le schéma diglossique de description du français envisagé dans Zribi-Hertz (2011a), qui propose de représenter la compétence linguistique d'un francophone par deux grammaires internes en intersection, respectivement étiquetées Grammaire Standard et Grammaire Dialectale. Quel est le statut de la Grammaire Standard dans ce schéma ? S'agit-il bien d'une grammaire interne, au sens où l'entend la grammaire générative ? Ou seulement d'une grammaire externe incarnant une norme imposée aux locuteurs par des grammairiens ? L'hypothèse ici défendue est que les deux grammaires sécantes du schéma diglossique doivent bien être des grammaires internes, mais que la Grammaire Standard interne, régie en tant que telle par le Principe de Cohérence présidant à toute grammaire interne, est à distinguer de la Norme Académique fixée de façon institutionnelle sur la base d'écrits attestés produits par des auteurs divers, et qui échappe de ce fait au Principe de Cohérence. L'argumentation de cet article s'appuie sur une étude de cas: les syntagmes nominaux sans nom lexical (DPSN) en français hexagonal moderne, dont les propriétés attestées ne sont pas prédites par la grammaire énoncée par la Norme Académique. Il est soutenu, sur la base de productions attestées récentes recueillies sur internet, que la grammaire académique souffre d'incohérences qui la rendent inapprenable (non intériorisable), et que les francophones ont donc mis en place une grammaire interne cohérente qu'ils intègrent aussi bien à leur Grammaire Dialectale qu'à leur Grammaire Standard.

Les jeux de langage, en tant que manifestations de la langue, peuvent constructivement participer à la réflexion linguistique. Ce sont non seulement des instruments de validation d'hypothèses émises sur la langue source, mais aussi des outils permettant de mettre à jour des phénomènes phonologiques non visibles en dehors des manipulations qu'ils occasionnent.

Ainsi, l'étude phonologique que nous avons menée sur le verlan nous a conduits à appuyer certaines hypothèses phonologiques sur le français, concernant en particulier la constituance syllabique, et à attirer l'attention sur d'autres aspects plus originaux.

This article presents the results of a study of rhythm in Ontario French in local minority and majority contexts. To determine whether French in a minority situation shows a less syllabic rhythm due to English influence than it does in a majority situation, we used the following rhythm measurements: %V, ΔV, ΔC, VarcoV, VarcoC and nPVI-V. The results suggest no effect of language contact on the minority setting data where we find even more syllable-timed rhythm than in the majority variety. In addition, we observe that women and older speakers exhibit a more syllabic rhythm than men and younger speakers.

Cet article propose une méthode de classification sémantique des noms qui repose sur l’application de tests distributionnels. Sont présentées 14 classes sémantiquement simples regroupées en trois pôles : (i) les noms dénotant des entités (comme cerf, pont, table), (ii) les noms dénotant des situations (comme promenade, intelligence, délabrement) et (iii) les noms relevant de classes en marge des deux précédentes (comme minute, hypothèse, euro). S’y ajoutent 7 classes complexes permettant de rendre compte du sens hybride que présentent nombre de noms, tel que, par exemple, le nom déposition qui renvoie de manière combinée à une action et à un objet cognitif (Elle a lu la déposition effectuée par le jeune homme). Cette classification permet non seulement d’attribuer aux noms, de manière contrôlée, des types sémantiques linguistiquement pertinents, mais également de traiter les différents cas de noms à sens multiples (homonymie, polysémie, hybridité).

The radical structural distinction often proposed between pseudo-partitive (i.e. beaucoup de problèmes) and partitive (i.e. beaucoup des problèmes épineux) is argued to be the by-product of too restrictive a view of the internal structure of the noun phrase in French. A more articulated nominal phrase structure is adopted here, one which makes. use of the idea of the determiner being itself the head of a functional projection (the so-called DP-panalysis). This DP approach to partitive and pseudo-partitive configurations, it is proposed, also allows for a reappraisal of what are traditionally termed the partitive and plural indefinite article (i.e. du, de la, de l' and des).

This is a personal delineation of part of a methodology for the History of the French Language, aiming to combine the methodology of linguistics with that of history proper. Both traditional and modern methods of ‘historical linguistics’ fail to take account of a real time dimension, whereas ‘language history’ often resembles institutional, cultural and social history. We ask how we identify the ‘event’ and the ‘object’ of linguistic history, and how we distinguish variation, innovation, shift and change. We ask also what the linguist can contribute to the historian's reconstruction of the past.

Old and Middle French interrogative sentences of the type sez tu pas? have often been interpreted, erroneously, as providing evidence for the early dropping of ne as in modern je sais pas. The construction occurs most widely in Old and early Middle French with point (occasionally pas, mie) and the particle had a positive or ‘potential’ value (e.g. Quenois le tu point? ‘Do you know him [at all]?’). It was only in late Middle French that, influenced by the increasing use of pas and point in negative clauses, the interrogative clauses in question came to have a negative value.

This article investigates the grammatical realization of the notion of focus in Colloquial French and Standard French. Based on two production experiments, the article reveals three findings: (i) focus marking is not as categorical as previously acknowledged, (ii) focus marking asymmetry for subjects vs. non-subjects is only supported in CoF and (iii) there is no strict relationship between focus realization and interpretation in either variety. I develop a stochastic optimality-theory analysis, which explains the canonical-cleft sentence alternation in terms of prosody and expands on past literature by accounting for the variation observed both within and across language variety.

In French, a quantifier can appear in various positions outside of the NP it quantifies over, whether this NP is the subject or the (direct or indirect) object of the sentence. This phenomenon, often referred to as ‘floating’, has been investigated since the early stages of the generative framework, and several analyses have been proposed to account for both the quantifier subject and the quantifier object in a unified way. However, to my knowledge, none of them has succeeded in providing such a unified account without recourse to non-explanatory restrictions. The main aim of this paper is to propose an analysis that does not require any such restrictions. The focus will be on anaphoric quantifiers (i.e. quantifiers that have to be linked to some other argument position in order to be interpretable), the analysis of which will be shown to extend straightforwardly to pronominal and adverbial quantifiers, according to the principles of Government and Binding theory.

The study of floating quantifiers raises the broader question of how to account for locality requirements in a satisfactory way. Basically, there are two possible ways to account for the restrictions on the distribution of floating quantifiers: either they flow from derivational restrictions, or they are subject to representational restrictions. I will argue in favour of the latter.

The analysis proposed here is essentially syntactic. However, reference will be made to the semantic interpretation of various structures: the position occupied by the floating quantifier at S-structure will be shown to constrain its interpretation. The semantics of floating quantifiers will however not be investigated beyond this.

Cet article étudie les différences distributionnelles entre les emplois référentiels du SNdém en français et en néerlandais. En soumettant les données issues de deux corpus comparables (Dutch Parallel Corpus et Corpus de Namur) à notre modèle triangulaire systématique des emplois du SNdém, nous constatons que deux explications majeures permettent de comprendre la plus grande partie des divergences attestées au niveau des emplois référentiels du SNdém en français et en néerlandais, à savoir des normes stylistiques différentes en relation avec des différences linguistiques et des divergences au niveau du degré de déicticité des SNdém en français et en néerlandais.

Dans les études ayant conclu à une dépréciation de la variété endogène, les attitudes linguistiques ont été suscitées à partir de stimuli généraux (p.ex., accent). Dans cet article, nous soulignons les limites de ces travaux, en montrant au travers d'une récente enquête que la réponse à un stimulus général est formulée sur la base d'une partie seulement des variantes lexicales, celles relevant d'un contact de langues et présentant un déficit de prestige. Les résultats de cette recherche mettent parallèlement au jour la légitimité de tout un pan de variantes endogènes (archaïsmes et innovations romandes). Tout en expliquant pourquoi certaines ressources linguistiques sont plus susceptibles que d'autres de servir de fondement à la variété endogène légitime, nous discutons les facteurs contribuant à l'autonomisation du français en Suisse romande.

The study compared the syntactic complexity and the use of logical connectors in summaries written in French by two groups of students: speakers of French as first language (L1) and peers in a French-immersion program (L2) from grade nine to university. Both L1 and L2 groups of university students demonstrated more general complexity in their written summaries than less mature writers. However, the use of phrasal elaboration was apparent just at the upper secondary and university levels with L1 students. Both groups generally tend to overuse causal connectors while underusing additive and adversative connectors compared to the author’s use in the source text. Yet both groups employ significantly more adversative connectors just at the post-secondary level. The only difference observed between L1 and L2 writers was in the diversity of connector words used in the summary, with the former group using a richer, more diverse vocabulary. Several measures for succinctness differentiated L1 and L2 students in early secondary with the latter group condensing the source text less than L1 students. Correlation analysis suggested that many measures of syntactic complexity and connector use are inextricably linked.

In the light of the extensive dialect leveling found in Francophone Louisiana, the suggestion made in Byers (1988) is a particularly interesting one, that the geographical distribution of qui and quoi, both meaning ‘what’, reflects the differential settlement histories of early 18th century Creoles, and Acadians, respectively. In this article I document these two interrogative patterns as to form and locales of attestation, and I explore the evidence for Byer's claim, showing that a strong case can be made by considering not only settlement history but also the interrogatives of Louisiana Creole, the origins of which arguably predate the arrival of the Acadians in Louisiana.

Children's awareness of grammar can be traced in the way they use and particularly misuse morphology and constructions in what Clark (2001) calls ‘emergent categories’. We focus our longitudinal study on a French speaking child's use of possession markers (Anaé, Paris Corpus), and her creative nonstandard productions (la poupée de moi for ma poupée/my doll). We provide a detailed analysis of the ways in which she moves between a global strategy thanks to which she locates, identifies and uses whole blocks or constructions without analyzing them, and a more analytic strategy that parallels her progressive mastery of the semantic and syntactic complexity of grammatical morphemes.

Le marqueur par exemple présente en français québécois des usages qui le distinguent de ceux qu'il possède actuellement en français de référence. L'article a deux objectifs.

1) Il vise d'abord à faire ressortir un certain nombre de caractéristiques sémantiques propres aux différentes acceptions de par exemple et à dégager les liens qui les unissent.

2) Il vise ensuite à mettre en relief quelques aspects relatifs à l'organisation sémantique de marqueurs à valeur pragmatique issus d'un processus de pragmaticalisation. Ainsi, les différents sens de par exemple présentent une organisation sémantique graduelle. De manière générale, ce type d'organisation s'expliquerait par la présence dans les sens lexicaux / grammaticaux de composantes qui généreraient des sens pragmatiques. Ceux-ci généreraient d'autres sens pragmatiques, de sorte qu'il en résulterait souvent une chaîne (sur cette notion, v. Heine, 1992) où un sens pragmatique initial serait lié à un sens lexical/ grammatical, mais où le sens pragmatique final n'aurait pas nécessairement de lien direct avec un sens lexical / grammatical.

L'étude fait suite à une série de travaux sur les marqueurs discursifs (sur tiens, v. Dostie et Léard, 1997; sur écoute/ regarde, v. Dostie, 1998; sur t'sais, v. Dostie et de Sève, 1999; sur dis donc et dis-moi pas, v. Dostie, 2001)

L'éveil au langage est en plein essor depuis déjà un moment. Nous n'avons qu'à penser aux congrès qui y sont dédiés, aux recherches qui en traitent et même à une revue scientifique à qui son nom a été donné (Language Awareness). Malgré ces différentes manifestations faisant foi de l'importance que revêt l'Éveil au langage dans le domaine de l'enseignement et de l'acquisition des langues, ce qu'il est exactement ne semble pas toujours être bien clair. S'agit-il uniquement d'une approche didactique? Correspond-il également à un mouvement ou encore à un ensemble spécifique de techniques d'enseignement? L'objectif général de cet article est de tenter de déterminer ce qu'est l'Éveil au langage (notre traduction de Language Awareness) en établissant, d'abord, ce qu'il comprend et, ensuite, en proposant une organisation des concepts qui en traitent.

Cette étude examine avec quel degré de granularité divers accents ouest-africains en français peuvent être distingués. Elle vise avant tout à déterminer si, en perception, des auditeurs de l'Afrique de l'Ouest sont capables d'identifier l'appartenance ethnolinguistique, le pays de résidence et le niveau d'études de locuteurs akan, bambara, sénoufo, mossi (de langue mooré) et wolof, enregistrés en Côte d'Ivoire, au Mali, au Burkina Faso et au Sénégal. Une expérience perceptive a été menée, d'où il ressort que les dimensions étudiées sont bien identifiées par les sujets. Pour les jeunes locuteurs comme pour les locuteurs plus âgés, en lecture comme en parole spontanée, les résultats sont très robustes. Ils sont de plus assez fidèles à la conscience linguistique auto-évaluée par les auditeurs: quand ceux-ci se déclaraient confiants pour reconnaître les accents en présence, tel a effectivement été le cas. Quelques indices acoustiques différenciant notamment les accents wolof (Sénégal) et akan (Côte d'Ivoire) ont finalement été dégagés.