Bien qu'ayant fait l'objet de longues polémiques dans l'opinion, au Parlement, et plus récemment chez les historiens, le problème du financement public de l'expansion coloniale est paradoxalement peu connu. Combien la conquête coloniale a-t-elle coûté au budget français ? Comment furent dépensés les crédits votés ? Questions cent fois posées, auxquelles il n'a jamais été donné, du moins à notre connaissance, de réponses très précises.
Il nous a paru utile de combler cette lacune à l'occasion d'une Recherche coopérative du C.N.R.S., afin d'installer sur des bases plus solides le débat traditionnel concernant la « rentabilité » et l'utilité économique des colonies, et celui plus récent sur la place des dépenses publiques dans les processus de développement. Le financement public de l'expansion coloniale, considérée sous tous ses aspects militaires, administratifs, économiques, repose sur trois sources de crédits : le budget de l'État ; les budgets locaux des territoires coloniaux et des collectivités autonomes (ports, chemins de fer, etc.), dans la mesure où ils en sont dotés ; les emprunts publics, garantis ou non par l'État, émis par ces mêmes territoires ou collectivités publiques.