De toutes les institutions laïques et ecclésiastiques créées par le protestantisme au xvie siècle, le Consistoire est bien la plus originale et la plus significative du monde réformé d'Europe occidentale, dont il favorise la solidarité face à l'Église catholique et la foi commune face aux nationalismes : qu'il suffise ici de rappeler le caractère cosmopolite des grandes universités de Leyde, de Heidelberg ou de Genève, en particulier entre 1590 et 1620.

Aussi nous a-t-il paru intéressant d'entreprendre une étude comparée de quelques registres consistoriaux languedociens et palatins de la fin du xvie siècle. Certes la situation politique est profondément différente, bien que les deux régions aient traversé en commun une période de tourmentes, guerres de religion d'un côté, quatre changements confessionnels entre 1556 et 1584 de l'autre. Les huguenots languedociens avaient réussi, à la faveur des troubles, à affirmer leur autonomie politique face au pouvoir central et à être majoritaires dans la partie nord du Languedoc.

Un livre important à bien des égards vient de paraître. Il a pour lui l'originalité d'avoir été d'abord dit dans un entretien radiophonique libre sans se parer des fastes rhétoriques de la démonstration universitaire ; il n'en est que meilleur. Cl. Gaignebet parla, M. C. Florentin a « mis en forme », et cette parole transcrite ne manque pas, par l'ampleur des révélations qu'elle suggère, d'évoquer l'oracle. La métaphore du voyage vient sous la plume de Cl. Mettra dans la préface où il désigne le discours de Gaignebet, en termes quelque peu lyriques, comme un parcours quasi-initiatique dans la pensée paysanne ; c'est en effet à un périple inachevé parmi les lieux — les topiques — du Carnaval que l'auteur nous invite ; le chapitre introductif, le chapitre final, le résumé au verso du volume nous livrent la direction générale et les étapes essentielles du trajet.

Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, le 30 novembre 1973, Emmanuel Le Roy Ladurie me faisait l'honneur de me citer. Et après avoir dit jusqu'à quel point mon travail avait pu lui être utile — ce qui était gentil — il éprouvait le besoin de se séparer de moi ou de mes conclusions pour revenir, d'une certaine manière, au concept restauré et aménagé de la révolution agricole.

Pris par les occupations professionnelles, je n'avais eu ni le plaisir ni l'avantage d'aller l'écouter. Mais j'ai pu prendre connaissance du texte dans les Annales ESC, 1974, n° 3, pp. 673-692. Comme il était inséré dans la rubrique « Débats et Combats », je pense qu'il ne devrait y avoir aucune difficulté à ce que la revue accueille les deux ou trois mots de réponse que voilà. Il s'agit de quelques rectifications et explications sur des points de fait, le tout rédigé, bien entendu, dans un esprit de cordialité et de collaboration. De « débat » pour tout dire et non de « close-combat ».

Cette note, à dessein brève, n'est que l'annonce d'une prochaine publication sur les assurances maritimes à Raguse (Dubrovnik) durant le xvie siècle. D'ordinaire l'historien ne retrouve, pour la fin du Moyen Age et les débuts de la modernité, que des documents très incomplets en ce qui concerne la vieille pratique de l'assurance contre les dangers de la mer. A Raguse, le hasard de conservations providentielles nous offre une source sérielle, demeurée par hasard inexploitée et heureusement presque intacte. Les admirables Archives de Dubrovnik conservent depuis le xvie siècle un ensemble cohérent de contrats d'assurance, réunis depuis 1563 dans des registres à part, l'État obligeant les marchands à les faire enregistrer dès leur stipulation. En réalité ces contrats ne manquent pas — ils foisonnent même à partir du milieu du siècle — dans les registres où on les transcrivait auparavant. Mais à ce stade il s'agissait d'un enregistrement à la demande d'un des intéressés. Voilà qui permet déjà de suivre, au long de la première moitié du xvie siècle, la montée et le rythme d'accroissement des assurances sur cette place maritime.