Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
C'est en 1931, il y a plus de quarante ans, que Marc Bloch en publiant ses Caractères originaux… donnait la première synthèse de ce qu'on savait alors sur la répartition géographique des assolements en France. Synthèse encore valable dans ses grandes lignes, mais qu'on n'a pas essayé jusqu'ici, semble-t-il, de transcrire sur carte. On peut se demander pourquoi cet essai n'a pas été tenté. Les indications rassemblées par Marc Bloch, il est vrai, n'étaient pas suffisantes à elles seules pour permettre une cartographie même schématique. Mais on pouvait les compléter : Marc Bloch lui-même en avait suggéré le moyen, cette méthode régressive — « lire l'histoire à rebours » — qui consiste à aller du connu à l'inconnu, c'est-à-dire, bien souvent, du récent à l'ancien.
Despite the sketch which Marc Bloch proposed forty-five years ago, the mapping of early crop rotation in France has since made little progress. The sources, however, are not wanting. It is perhaps for lack of an adequate technological analysis that this problem has been, until now, neglected.
This article proposes a typology of crop rotation based primarily upon the way in which plots are prepared and the season at which this is done and, more particularly, on the notion of fallow land. The distinction between fallow and idle land is often misunderstood yet it is one of the keys to the problem. The number of consecutive grain harvests turns out to be a less important criterion. Next follow crileria such as the presence or absence of idle land, and the introduction of industrial and fodder crops into the rotation, whose biennial structure nevertheless often remains recognizable.
This typology is as yet quite rudimentary and the map which I propose only tentative. But a definitive document could only be produced by a collective effort ; the purpose of this article is to appeal for such an undertaking.
1. Les caractères originaux de l'histoire rurale française, I, Paris, 1964, pp. 26-35.
2. Ibid., I, p. xii, et II, p. xxvi.
3. Delisle, Léopold, études sur la condition de la classe agricole… en Normandie au Moyen Age, évreux, 1841, p. 159 Google Scholar ; Jardé, A., Les céréales dans l'antiquité grecque, Paris, 1925, p. 28.Google Scholar
4. Bloch, Marc avait pu voir ce fait pour la Finlande (Les caractères…, II, p. 38, d'après H. Smeds) ; mais il est valable pour toute l'europe.Google Scholar
5. Les caractères…, I, p. 34.
6. dans la rotation, faudrait-il dire ; on suit ici l'usage courant (et en principe incorrect) qui confond assolement et rotation.
7. Où l'orge jouait un rôle bien plus important qu'en France (pour la bière) ; on parlait alors de jachère d'hiver, ou jachère d'orge (winter-, barley-fallow) par opposition à la jachère vraie (summer-fallow).
8. Les caractères…, I, p. 34.
9. Médiéval Technology, Oxford, 1962, p. 72.
10. Méture = froment + orge d'hiver, en mélange. l'engrain est un froment diploïde (Triticum monococcum L). la baillarge est une orge de printemps, à deux rangs.
11. Sigaut, F., « Phase ultime de l'expansion d'une technique. la jachère en Ecosse au xviiie siècle », études rurales, n° 57, 1975, pp. 89–105.CrossRefGoogle Scholar
12. l'étrépage consistait à prélever les ajoncs, bruyères, etc., avec la motte, ou même des mottes de gazon, pour en faire des composts et du fumier.
13. Aucune communauté, probablement, n'en vivait plus à titre principal au début du xixe siècle : la culture temporaire existait presque partout, mais comme appoint.
14. l'écobuage consiste à écroûter le gazon à la houe, sur 4 à 8 cm d'épaisseur, les gazons sont ensuite séchés, mis en fourneaux, brûlés, et on épand les cendres avant de semer.
15. Orgée = orge + avoine (en mélange).
16. Colza non récolté, mais enfoui en vert comme engrais.