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Chili-Portugal : vers une théorie des processus révolutionnaires modernes

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Serge-Christophe Kolm*
Affiliation:
E.H.E.S.S.

Extract

Comment le capitalisme actuel cèdera-t-il la place à un système « socialiste », si c'est cela qui arrive ? Et, pour qui veut agir dans ce processus, que faire ? Le capitalisme contemporain connaît de temps à autre, dans certains de ses pays, des moments « révolutionnaires » où des idées et des hommes « très à gauche » acquièrent du pouvoir politique. Peut-on faire une « théorie générale » de ces crises révolutionnaires modernes et, pour commencer, de leur aspect économique puisque le capitalisme est généralement défini d'abord comme un système économique ?

Il ne fait pas de doute qu'il y a une période de court-moyen terme — disons, pour fixer les idées, de neuf mois à trois ans — durant laquelle les phénomènes économiques sont cruciaux pour la survie ou l'échec de tels processus.

Summary

Summary

Capitalist societies sometimes experience more or less intense political shifts to the left. The economic and social processes which then develop present some regular patterns. We analyze them in this article by using both economic reasoning and a detailed comparison of two especially interesting cases: Chile under the Popular Unity Government of 1970-1973, and Portugal in 1974 and 1975. A central feature is a rapid and strongly equalitarian redistribution of income, while the market System remains the central form of economic organization. Wages are increased, especially the lowest ones, and price controls keep inflation limited. Then, consumption rises, profit and investment fall, importation and balance of payments deficit increase, foreign lenders limit credit, banks extend monetary loans to firms. After a delay, inflation rises, real wages decrease, and middle class real income becomes lower than it was at the start of the process. The opposition then takes advantage of this situation to stop the process in one way or another. Differences between the Chilean and the Portugese cases are also analyzed in the attempt to discover the scope of the different possible situations. Finally, some intriguing features of the monetary aspect of the Portugese case are explained.

Type
Les Domaines de l'Histoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1976

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References

Notes

1. Depuis, les accords de la Jamaïque, puis de Rambouillet, permettent aux Banques Centrales d'acheter et de vendre de l'or sur le marché.

2. Cette baisse du revenu national et de sa croissance par suite de l'arrêt des entrées de capitaux étrangers a été centrale dans d'autres cessations d'expériences socialistes, par exemple au Ghana, ou, par la menace qu'elle constituait, pour mettre fin en 1963 à l'aspect économique (expropriations) de la « révolution tranquille » québécoise et la réduire à ses aspects culturels. Dans leur article « Foreign capital, dependence, destabilization and feasibility of transition to socialism », Journal of Development Economics (vol. 2, n° 2, june 1975), J. M. Bhagwati et E. Grinols analysent, à l'aide d'un modèle et de simulations, les effets sur l'évolution du revenu national et de son emploi de l'arrêt des importations de capitaux pour une série de pays, dans les cas où ce flux net s'arrête, où il s'inverse pour payer les intérêts des prêts anciens, et où, en outre, il en résulte une baisse de productivité (aidée par les sabotages de la bourgeoisie nationale, ellemême peut-être incitée à cela par des « entrées de capitaux étrangers » d'un autre type). Le résultat est, en gros, que, par rapport à ce qui aurait lieu sans cessation de 1’ « aide », le revenu national et la consommation baissent dans une période de un à cinq ans, et même avec un fort déclin absolu dans le troisième cas (baisse de productivité).

3. L'investissement privé baisse au Chili de moitié en 1971 et plus encore après. Mais l'investissement public était à peu près la moitié des investissements du Chili, alors qu'il était extrêmement faible dans le Portugal fasciste dominé par les grandes compagnies privées.

4. Cf. L'État et le système des prix, Paris, éd. Dunod, Ire partie.