Étrange silence de notre histoire moderne en ses plus beaux atours à propos d'un phénomène considérable de l'aventure européenne. Silence du mépris, de l'indifférence ou, tout simplement, de l'ignorance à l'égard de ceux qu'en langage de chrétienté on appelait « renégats » ?
Du milieu du XVe siècle au XVIIIe siècle deux frontières mouvantes de religion courent, l'une autour de l'Europe, l'autre au coeur de l'Europe, qui sont aussi longue chronique d'escarmouches, de combats navals, de grandes batailles, affrontements de civilisations. L'une liquide, de houle et de sel, du Caucase et de la mer Noire jusqu'au détroit de Gibraltar et au cap Saint-Vincent, dilatée au XVIIe siècle jusqu'aux Canaries et aux Açores, aux îles Britanniques et à Terre-Neuve, sur laquelle l'apparition d'un autre navire, d'une autre flotte, est d'abord une menace.