Malgré l'abondance et la richesse de la production scientifique des quinze dernières années sur le phénomène urbain, la fécondité des modèles weberiens de la « ville asiatique » et de la « ville européenne » demeure provocante. Le premier est lié à l'organisation de l'État, puisque la ville est conçue comme centre d'administration régionale et lieu de résidence des groupes qui détiennent le pouvoir ; le second distingue nettement la ville de son arrière-plan rural, puisqu'elle se définit par ses activités commerciales et artisanales et ques'y constitue une communauté sociale régie par ses propres lois. La conception de Weber a trouvé un prolongement chez O. Brunner, qui a mis l'accent sur l'organisation principale de la ville européenne, fondée sur les corps de métiers organisés et sur des unités défensives, et qui a souligné le fait que partout où prédominait le type de ville européenne, s'étaient formées les bases du capitalisme. Quant à I. Wallerstein, il voit dans ces organismes urbains les centres économiques qui ont progressivement déterminé l'unification de l'économie mondiale.