Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
On connaît l'importance de la notion de forain dans la société traditionnelle ; elle est généralement associée à la méfiance et à l'hostilité qui accueillent l'étranger. Il faut pourtant se demander si ces réactions sont toujours aussi marquées, car il y a différentes façons d'être étranger. Dans un travail plus important, je m'étais interrogée sur ce qui formait un pays dans la France d'Ancien Régime, et sur ce qui faisait la cohérence et l'originalité des diverses communautés locales. La France de l'extrême Sud-Ouest au XVIIe siècle est le cadre de mon analyse. A travers les incidents venus devant la justice, les accords passés chez les notaires et les observations de l'administration, nous allons examiner les rapports qu'entretiennent avec la population majoritaire trois groupes qui se distinguent d'une façon ou de l'autre : le migrant qui vient parfois de loin, le Basque qui ne parle pas la même langue, le juif qui ne pratique pas la même religion.
There seem to have been three ways of being a foreigner in the south-west of France in the 18th century: 1) comingfrom some other area, i.e. being a migrant; 2) speaking a different language, i.e. being Basque; 3) observing another religion, i.e. being Jewish. The migrants did not inspire hostility. The Basques were designated as such in Gascon milieus when they only spoke Basque, but the population was not hostile towards them; it was the Bordeaux administration that manifested a sense of foreignness regarding them. Jews had been settled in the region for many years and were subjects of the King: neither the administration nor the notaries designated them as foreigners. It was the Bayonnais, a municipal body and corporation, which exploited to the utmost the pretext of difference to divest Jews of most of their economic rights. As for the population, in its everyday life it seemed in different to difference.
1. Les sources le plus souvent utilisées pour cet article sont les dossiers des juridictions qui ont formé le département actuel des Landes (AD 40 I-IV B) et la série FF des archives municipales de Bayonne ; les archives de l'administration déposées aux archives départementales des Landes (AD 40 C) ainsi que celles qui concernent les Landes et la région de Bayonne dans le Gers, la Gironde, et les Pyrénées Atlantiques ; les séries BB, CC et GG des archives municipales de Bayonne ; les minutes notariales déposées aux archives départementales des Landes et des Pyrénées-Atlantiques.
2. Léon, Henry, Histoire des Juifs de Bayonne, Paris, 1893;Google Scholar Ginsburger, Ernest, Le comité de surveillance de Jean-Jacques-Rousseau, Saint-Esprit-les-Bayonne, Procès-verbaux et correspondance, 11 oct. 1793, 30 fructidor an II, Paris, 1934;Google Scholar du même auteur, Les Israélites de Bayonne des origines à la Révolution française, Arch. de l'Association culturelle israélite de Bayonne ; Nahon, Gérard, Communautés judéo-portugaises du Sud-Ouest de la France (Bayonne et sa région), 1684-1791, Thèse de 3° cycle, dactyl., Paris-Nanterre, 1969.Google Scholar Cette thèse donne la bibliographie jusqu'en 1969. Du même auteur, Les nations juives-portugaises du Sud-Ouest de la France, 1684-1791. Documents, Paris, 1984, ainsi que de nombreux autres articles de G. Nahon dont on peut consulter la liste à la bibliothèque de la 5° section de l'Ephe ; Joëlle Landman, Thèse en préparation sur la justice et les Juifs.
3. Parnasse ou parnas, responsable d'une communauté juive, syndic.
4. Laborde, Claudine, « La communauté juive de Peyrehorade », Bulletin de la Société de Borda, 1986, n° 403.Google Scholar