Il y a, dans l'histoire routière du moyen âge, un problème du Gothard. On a pu croire, un moment, que la solution définitive en avait été donnée par Aloys Schulte. Voici pourtant qu'il vient de se poser à nouveau.
Pour la clarté de ce qui suit, je résume la thèse de Schulte. Ni les Romains, ni les hommes du haut moyen âge n'ont connu le Gothard, que les gorges des Schoellenen rendaient infranchissable ; jusqu'au début du XIIIe siècle, l'on passa par le Grand Saint-Bernard ou le Septimer. A ce moment, le commerce entre les régions rhénanes et le Nord de l'Italie, Milan surtout, allait grandissant ; la création d'un passage plus direct, au Centre des Alpes, s'imposa comme une nécessité. C'est alors qu'un forgeron de la vallée d'Urseren eut une idée géniale : dans les gorges des Schoellenen, le long de la paroi de granit, au-dessus du lit bouillonnant de la Reuss, il suspendit par des chaînes une galerie de bois, le « pont écumant » (die stiebende Brücke).