Fès, à la veille du Protectorat français, est la plus caractéristique des villes du Maroc, en même temps qu'elle érige un type absolument personnel.
C'est la ville par excellence. C'est elle qui a le mieux sauvegardé des traditions citadines, obscures quant à leurs origines locales, mais renforcées et imprégnées par l'apport hispano-musulman. Elle doit compter, vers 1900, quelque 115 000 habitants, soit près de quatre fois la population de Rabat à l'époque. L'agglomération la plus ancienne, la Médina, assemble autour de la Mosquée-Université, Qarawiyîn, ses quartiers hiérarchisés. Plus loin, une grosso bourgade, de caractère militaire et rural, Fès Jdîd, accolée à un quartier juif.
Place commerciale et manufacturière, Fès est, pour toute la partie Nord et Sud-Est du Maroc, le pôle économique d'attraction et de distribution. Un comput fait en 1938, à un moment où la part du travail artisanal a déjà décru devant celle, grandissante, de l'article européen, donne une idée de son importance industrielle.