Le symbolisme de trois, plus tard de quatre couleurs chez divers peuples indo-européens, en liaison avec les trois fonctions et, éventuellement, avec des classes ou types d'hommes assurant ces jonctions, a été déjà bien étudié (J. de Vries « Bood, wit, zwart, Volkskunde (hollandaise), II, 1942, p. 1-10 ; cj. RHR, cxxxI, 1946, pp. 67-60 ; G. Widengren, « Harlekintracht und Mönchskutte, Clownhut und Derwischmütze », Orientalia Suecana, II, 1953, pp. 52-57, 65, 85-87, 92-93, 100, 103 ; G. Dumézil, mAlbati, russati, virides », et « Vexillum caeruleum », Rituels indoeuropéens à Rome, 1954, pp. 45-61 et 63-72). Mais qu'étaient ces couleurs ? Quelle conception les plus anciennes sociétés, les plus anciens spécialistes et usagers de la teinture se faisaient-ils de leurs rapports ? Par une étude originale des techniques, des vocabulaires, de certaines traditions, M. Gerschel montre que, primitivement, et parfois fort avant dans l'histoire, « le coloré » n'était que le rouge, et que le jaune, le noir, par opposition au blanc, était « le non-nettoyé ». Les bases réelles du symbolisme se trouvent ainsi éclairées.
Georges DumézilLes procédés modernes permettent d'obtenir pratiquement tous les coloris, toutes les nuances que nous pouvons souhaiter ; ces facilités nous sont si naturelles qu'il ne nous vient même pas à l'esprit qu'elles aient pu ne pas exister. Et pourtant il faut les oublier pour comprendre l'état ancien de la technique ; pour de nombreux peuples indo-européens de l'antiquité et même encore du Moyen Age, teindre un drap, un vêtement, une laine, se réduisait essentiellement à obtenir ce seul résultat : substituer à la couleur existante une couleur rouge.