Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Comment le maïs s'est-il répandu dans les Balkans ? Problème à peine abordé. Soulignons d'emblée que cette introduction s'est faite, comme ailleurs, d'une manière très différente de celle de la pomme de terre, qui s'installe péniblement, contre le gré du peuple, refusant en Épire et en Basse Albanie de « s'abaisser à manger comme les Frenks » une nourriture maudite qui « se cache dans le sein de la terre ». Ce sont des colons allemands et tchèques, des soldats et des étudiants, qui vont la faire connaître aux peuples des pays pannoniens ; c'est l'armée autrichienne qui va essayer, pendant la guerre austro-turque de 1788-1791, d'en imposer la culture aux paysans serbes habitant la lisière méridionale de la Save et du Danube, les commandants des Confins Militaires qui, en 1802, vont menacer de quarante coups de bâtons les paysans serbes et croates qui s'obstinent à refuser d'en semer ; enfin des souverains balkaniques — le prince-évêque Pierre Ier du Monténégro en 1786 et le prince Miloš de Serbie en 1821 — qui vont se présenter en fervents champions de cette nouvelle culture. Malgré cet appui officiel, la pomme de terre va gagner du terrain très lentement, demeurant inconnue dans maints endroits, tel que le vilayet de Prizren, jusqu'après 1875
Sous une forme légèrement différente et plus complète, cette étude reprend le thème d'une communication présentée au Troisième Congrès International d'Histoire Économique, à Munich, en août 1965, dans la section « Production et Productivité Agricole ». Mes remerciements vont au Rutgers Research Council pour l'appui donné à mes recherches.
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