The manners and sentiments of the eastern
nations will be perfectly known ; and the limits
of our knowledge no less extended than the
bounds of our empire.
Sir William Jones, A Grammar of the Persian LanguageYes, and thou must learn how to make pictures
of roads and mountains and rivers — to
carry these pictures in thine eye till a suitable
time cornes to set them upon paper. Perhaps
some day, when thou art a chain-man, I may
say to thee when we are working together ; Go
across those hills and see what lies beyond.
But as it was occasionally inexpedient to
carry about measuring-chains a boy would do
well to know the precise length of his own footpace,
so that when he was deprived of « adventitious
aids » he might still tread his distances.
Rudyard Kipling, KimEn mai 1863, sur les hauteurs himalayennes qui surplombent Srinagar (la capitale du Cachemire), deux hommes, l'un autochtone, l'autre européen, parcourent interminablement les mêmes sentiers sinueux. Bâton de pèlerin en main, l'un marche, l'autre le suit en comptant meticuleusement les pas du premier : oui, ses deux mille pas font exactement un mile. Soudain, ils s'arrêtent, allument un petit réchaud à huile et posent dessus un petit récipient en cuivre — afin de faire du thé, penserait-on. Mais dès que l'eau se met à bouillir, l'autochtone sort des profondeurs de sa longue robe un petit thermomètre et le plonge dans la casserole. Il le regarde pendant un long moment et dit quelques mots à son compagnon. Celui-ci prend l'instrument, le regarde de près d'un air satisfait. Ils se remettent à marcher. Quelques instants plus tard, ils s'arrêtent de nouveau. Cette fois-ci, le premier pose son bâton et sort de ses habits un verre fumé et fait apparaître. tel un magicien, un tout petit sextant qu'il tient au-dessus du verre pour viser le soleil. Après un bref instant, il dit un chiffre à son camarade qui. malgré son air rébarbatif, laisse apparaître le soupçon d'un sourire derrière sa grande barbe. Puis, l'Indien consulte une boussole qui s'est matérialisée subitement dans ses mains. Ensuite, se mettant à l'abri du soleil et du vent, il sort un thermomètre qu'il expose quelques instants avant de le scruter et de marmonner encore quelque chose à son compagnon. Le soleil couché, ils rentrent tous deux au camp mais, dès la nuit tombée, ils ressortent de leur tente et recommencent à viser le ciel avec le sextant. Jour après jour, nuit après nuit, on les voit répéter les mêmes gestes. Le 12 juin, l'Européen repart pour Srinagar, tandis que son compagnon rejoint une troupe vêtue d'uniformes bleu marine qui fait route, avec des chevaux bien chargés, en direction de Leh.