La ville préindustrielle russe a déjà fait l'objet de multiples recherches. Adoptant l'opinion des historiens russes d'avant la révolution, la majorité des historiens occidentaux estime que les villes russes diffèrent radicalement de leurs homologues occidentales et les classe, comme Max Weber, dans le type oriental. A l'inverse, leurs collègues soviétiques affirment qu'à aucune étape de leur développement, les villes russes ne se sont fondamentalement distinguées des villes de l'Europe de l'Ouest, qu'elles ont suivi la même évolution et abouti aux mêmes résultats. Notons que les historiens occidentaux et russes d'Ancien Régime mettaient l'accent sur le statut juridique des citadins, sur les associations urbaines, l'administration des villes et les rapports entre la cité et l'État. En revanche, les historiens soviétiques jugent ces aspects secondaires et s'intéressent surtout à l'économie urbaine et à la structure sociale des villes. Certains Occidentaux ont pris conscience du caractère quelque peu unilatéral de la problématique traditionnelle de leurs collègues et ont estimé que la ville russe préindustrielle était dotée de certains traits qui, tout au moins sur le plan économique, la rapprochaient de la cité occidentale. Mais les chercheurs soviétiques ont continué à camper sur leurs positions, sans réagir à ces nouvelles approches.