Il y a déjà une quinzaine d'années, nous avions préparé l'édition de documents pour l'histoire des affaires, des lettres marchandes expédiées de Lisbonne’ à la fin du xvie siècle et au début du xviie. Affaires, affaires en particulier d'épices et de poivre, affaires assez connues (et plus modestement, aussi des affaires de laines, de sel, de céréales), le ravitaillement de Lisbonne, ville de cent mille âmes, l'époque de Philippe II, plus les parfums de l'Océan, quelques traits d'exotisme, beaucoup de subtilité marrane.
Ces lettres des marchands de Lisbonne n'ajoutaient pas de connaissances importantes à l'histoire quantitative; elles colorent, quelquefois avec force, les conjonctures, les situations des marchés, les rivalités entre nations marchandes. La répercussion de ces rivalités sur les conjonctures et sur les stratégies commerciales et financières semblait monter en épingle les systèmes de paiements et les manipulations des marchés. Mais qui de ces hommes d'affaires en était conscient?