Cet article répond aux remarques formulées par Jean-François Chauvard, Luisa Brunori et Jean-Louis Halpérin, Pierre-Cyrille Hautcœur ainsi que Maurice Kriegel sur mon livre The Promise and Peril of Credit, traduit en français sous le titre Juifs et capitalisme. Le livre examine les significations culturelles attachées à la diffusion des instruments de crédit de la finance privée à partir du xviie siècle. Il s’intéresse tout particulièrement à décrire les multiples associations avec les Juifs et l’usure suscitées par ces instruments. Ma réponse s’appuie sur une installation conçue par l’artiste suisse Christoph Büchel, Monte di pietà, présentée à la Fondation Prada au même moment que la 60e Biennale d’Art de Venise en 2024 – une installation qui privilégie les associations libres à une contextualisation analytique ou historique. Par ses allusions ambiguës aux Juifs et à l’État d’Israël en lien avec son thème principal – le rôle de l’endettement dans la guerre et dans la dégradation et l’exploitation humaine –, l’installation renvoie à une question centrale de mon livre, à savoir la persistance et la malléabilité des stéréotypes. Je saisis donc cette occasion pour passer en revue les points saillants de ma recherche sur cette question épineuse et pour parler des formes de contextualisation complémentaires développées par les contributeurs de ce forum.