Le dossier du Journal of Pacific History (JPH) consacré aux luttes suscitées par les essais nucléaires dans le Pacifique Sud (« Resistance and Survival – The Nuclear Era in the Pacific ») réunit quatre articles de « jeunes chercheurs et chercheuses », et un document. Ces cinq textes ont en commun de donner à voir la nucléarisation du Pacifique depuis le point de vue des autochtones. Cette histoire a commencé en 1945 avec les bombardements de Hiroshima et de Nagasaki (les avions états-uniens partent des îles Mariannes), s’est poursuivie par les essais menés entre 1945 et 1996 par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, puis a été écrite depuis le point de vue des puissances nucléaires comme un élément parmi d’autres de l’histoire globale et occidentale de la guerre froide. Le document remplit parfaitement son office de décentrement : il s’agit d’une pétition déposée à l’ONU le 20 avril 1954 par les Marshallais, signe de leur capacité de protestation, en l’occurrence contre Castle Bravo. Ce tir réalisé le 1er mars 1954 depuis leur territoire administré par les États-Unis a dégagé une puissance 1 000 fois supérieure à l’explosion d’Hiroshima et sensibilisé l’opinion mondiale, plus marquée par la contamination de pêcheurs japonais que par le sort des populations locales. Nic Maclellan, journaliste australien qui se consacre depuis plusieurs décennies à l’histoire des essais nucléaires dans le Pacifique, dirige et introduit ce numéro spécial d’un des périodiques de référence pour les sciences humaines et sociales (SHS) qui s’intéressent à l’Océanie.
La qualité institutionnelle de N. Maclellan, chercheur non académique et militant, face à un objet, le nucléaire, qui demeure auréolé d’une image d’exceptionnalité au sein des SHS – en dépit des efforts de Gabrielle Hecht pour l’aborder comme n’importe quel champ d’étude – le conduit à se présenter comme occupant une position privilégiée pour faire un pas de côté et s’écarter d’une « histoire officielle » produite par des chercheurs financés par des États. En parlant d’une « state-sponsored literature » (production financée par l’État), N. Maclellan pose explicitement la question de l’indépendance de la recherche sur le fait nucléaire et propose en creux un contre-modèle : celui d’une recherche qui serait indépendante parce que financée par des fonds privés. Il y aurait une discussion générale à ouvrir sur ce sujet. En France, un article à plusieurs mains a récemment interrogé les effets du financement par les Armées des « études nucléaires »Footnote 1. L’hybridation entre expertise et recherche académique est-elle responsable d’une science non faite ? On peut évoquer la dimension routinière des catégories de pensée – notamment la naturalisation de la doctrine de dissuasion –, l’occultation de problèmes – comme la dimension coloniale de la mise au point de l’arme (au cœur du numéro du JPH) – ou l’absence de remise en cause de postulats – comme l’adhésion de l’opinion publique française à la force de frappeFootnote 2. Sans souscrire totalement à l’équation faite par N. Maclellan entre recherche publique et histoire officielle, on ne peut néanmoins escamoter la longue dépendance de l’historiographique du nucléaire militaire aux administrations productrices de l’arme, née de la difficulté d’accéder aux sources. Par-delà cet enjeu documentaire, le chercheur ou la chercheuse qui s’intéresse à cet aspect régalien par excellence est frappé de voir comment non seulement les autorités, mais aussi des pairs peu soupçonnables a priori de promouvoir un « roman national » peuvent lui imputer la responsabilité d’affaiblir la France dès lors qu’est discutée la mythologie d’une arme atomique dont les États se seraient dotés dans une splendide solitude. C’est le sens du travail doctoral en cours de Manatea Taiarui, à la Maison des sciences de l’homme du Pacifique (MSH-P), pour la France, poursuivant une réflexion plus ancienne dans le monde anglophoneFootnote 3.
Quoi qu’il en ait, il n’est pas facile d’échapper à la malédiction de l’exceptionnalité du nucléaire. En réalité, le débat dépasse ce champ d’étude : il se pose dès que l’accès à des sources n’est pas égalitaire entre tous (ce fut le cas pour les travaux pionniers sur la Résistance ou le Special Operations Executive, par exemple). Quant à la contre-proposition d’une recherche qui fonderait son indépendance dans le libre marché – toute recherche a un prix, mais aussi un coût –, il faut croire que le coordinateur du numéro ne lui fait pas entièrement confiance ou admet son impossibilité, puisqu’il réunit dans ce numéro spécial des articles de « quatre doctorants », dont les thèses ont été pour certaines soutenues entretemps et prolongées par des carrières académiques financées par de l’argent public (Talei Luscia Mangioni, Marco de Jong, Clémence Maillochon).
L’enjeu de la position du chercheur par rapport à l’objet du nucléaire parcourt tout le numéro ; il recoupe au fond, mais d’une façon curieusement implicite, les questions de l’histoire et de la mémoire. L’introduction de N. Maclellan ne s’y confronte pas, tout en apportant deux contributions majeures à la réflexion sur l’historiographie du nucléaire militaire. D’une part, en dépit d’un biais affiché en faveur des spécialistes non académiques fussent-ils auto-édités, désignés comme de « sympathiques journalistes et chercheurs », des « écrivains » ou des « auteurs » (p. 7), l’introduction propose un panorama très large de la littérature sur la question, malgré quelques oublis. N. Maclellan ne prend pas en compte, par exemple, l’historiographie des essais britanniques en Australie, tel l’ouvrage de Laurent Dousset, Mythes, missiles et cannibales. Le récit d’un premier contact en Australie Footnote 4. D’une façon générale, l’historiographie française, y compris sur Greenpeace, semble moins familière que la littérature anglophone à l’auteur – quoique l’une des premières publications de N. Maclellan ait été un précieux précis d’histoire immédiate co-écrit avec le regretté historien (et militant anti-nucléaire) Jean Chesneaux, La France dans le Pacifique. De Bougainville à Moruroa (1992)Footnote 5.
D’autre part, l’introduction propose un cadrage sur les sources disponibles pour écrire le temps et l’espace concernés par les essais nucléaires dans le Pacifique et sur les conditions d’accès aux archives régaliennes qui conditionnent cette écriture. Sans l’argumenter, l’auteur établit une hiérarchie entre les archives des États-Unis et celles du Royaume-Uni, les premières étant réputées plus libérales que les secondes. La réalité empirique de l’accès aux sources montre qu’il est pourtant parfois plus malaisé d’accéder aux fonds du National Archives and Records Administration (NARA), caviardés, soumis à de nombreuses demandes de dérogations dont l’instruction demeure obscure, qu’à ceux des National Archives de Kew. Quant aux archives publiques françaises qui permettent de documenter l’histoire du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) – la contestation des essais français est particulièrement mise à l’honneur dans ce numéro –, N. Maclellan se trompe d’une année sur le processus de déclassification français (commencé à l’automne 2021, et non 2022) et reste très évasif sur la dynamique politique qui explique cette ouverture comme sur la description des fonds accessibles : « La France n’a ouvert qu’à contrecœur un grand nombre d’archives concernant la Polynésie française » (p. 3).
Enfin, l’auteur n’est pas à un paradoxe près en rappelant que pendant la période des essais français (1966-1996), l’historiographie sur la nucléarisation du Pacifique Sud, alors bien peu productive (un article par décennie dans le JPH), concernait dans une grande majorité des cas les campagnes d’essais français « avec une attention moindre portée aux programmes antérieurs aux États-Unis et au Royaume-Uni » (p. 6). Ces articles étaient écrits à partir d’une documentation assez périphérique aux centres de décision, il est vrai, ce qui contredit d’une certaine façon la pétition de principe d’une historiographie essentiellement « officielle ». Ce paradoxe se justifie sous la plume de N. Maclellan par un découplage entre le souci des archives et l’objectif d’intégrer à « l’histoire officielle » faite par le haut les opérateurs « subalternes » (p. 5) des essais nucléaires (appelés du contingent, militaires de carrière, salariés autochtones ou occidentaux) et les populations riveraines. L’auteur pose comme une exigence, dont il n’explicite pas les ressorts, éthiques et/ou épistémologique, de ne pas faire de ces populations des victimes.
S’il est évident que les sciences humaines et sociales ne peuvent pas rendre compte de ce passé sans faire droit à l’agentivité de ces acteurs involontaires des essais, on peut discuter ce refus de les considérer a priori comme des victimes. Certes, la plupart des anciens travailleurs qui entendent donner du sens à leur action ne souhaitent pas se laisser enfermer dans le statut peu enviable de victime, même lorsqu’ils engagent des démarches d’indemnisation. Pour autant, refuser le statut de victime ou discriminer l’accès à ce statut peut conduire à des hiérarchies moralement douteuses et peu rigoureuses scientifiquement, lorsqu’on distingue les populations riveraines des anciens travailleurs polynésiens, dans le cas du CEP par exemple, au nom des profits financiers et matériels que ces derniers auraient reçus comme une sorte de compensation impliciteFootnote 6. Défendre la représentation de l’agentivité des « subalternes » ne supprime pas l’asymétrie entre les décideurs et ceux qui s’adaptent aux décisions, et ne devrait pas dissuader de la penser jusque dans les nuances des positions adoptées face aux essais, puis dans les mémoires de ces luttes chez les populations riveraines des sites.
L’ambition commune au bouquet d’articles, conformément à l’objectif tracé par l’introduction, est en effet de faire droit aux luttes des populations autochtones contre les essais dans le Pacifique, notamment à Fidji, premier État indépendant de la région et principal foyer des réseaux militants transnationaux, tels les mouvements ATOM (Against Testing on Moruroa) et NFIP (Nuclear Free and Independent Pacific). De ce point de vue, la promesse est inégalement tenue par les auteurs et autrices. L’article de C. Maillochon consacré aux réseaux tahitiens et calédoniens élaborés dans le Larzac revient davantage sur l’histoire du plateau du sud du Massif central, familière au public français et à ses acteurs occidentaux (les avocats français François Roux et Jean-Jacques de Félice, le militant José Bové), que sur les acteurs polynésiens et leurs répertoires d’action (on aimerait en apprendre davantage sur Oscar Temaru et le militantisme kanak).
Pour remplir le programme fixé par l’introduction – faire droit aux acteurs autochtones et à leur capacité d’action face à la décision prise par Washington, Londres et Paris de mener leurs expériences dans le Pacifique –, la notion de « colonialisme nucléaire » est mise en avant par l’ensemble des auteurs et autrices, avec une variante dans l’article consacré aux connexions entre les luttes māʻohi et kanak qui parle d’« impérialisme nucléaire » (C. Maillochon, « Customary Paths Toward Denuclearization and Decolonization: Māʻohi and Kanak Activists Passing Through lo Larzac », p. 2). Malheureusement, ni l’une ni l’autre de ces notions ne sont explicitement définies, alors qu’il est question de considérer des terrains institutionnellement décolonisés dont on sait bien qu’ils demeurent tributaires de l’inertie du passé colonial, qu’il s’agisse des territoires gouvernés par les anciens colons devenus démographiquement majoritaires (Nouvelle-Zélande), des archipels où l’indépendance se fait entendre comme une revendication croissante par-delà l’égalité des droits (Polynésie française) ou des États indépendants tributaires d’un impérialisme secondaire comme à Fidji (celui de Washington ou des anciens dominions, Australie et Nouvelle-Zélande, menant à leur tour une politique de domination régionale), sans parler de Hawaiʻi. La contribution la plus riche pour éclairer l’articulation entre lutte anti-nucléaire et lutte anticoloniale est celle de M. de Jong, « ‘Our Pacific Through Native Eyes’: Māori Activism in the Nuclear Free and Independent Pacific Movement, 1980-5 », qui la montre par la négative en décrivant comment les autorités néo-zélandaises se sont employées au contraire à dissocier les deux aspirations d’un océan dénucléarisé d’une part, et décolonisé d’autre part. C’est du reste le seul article qui s’emploie à historiciser la notion d’autochtonie et à interroger la diversité des situations héritées du colonialisme dans le Pacifique (« Nous devrions être attentifs à ne pas utiliser le terme ‘autochtone’ sans réflexivité critique, en partant du principe que les personnes concernées estiment que cette appartenance explique leur situation », p. 66).
À cet égard, l’analyse systématique de la lettre bimensuelle du Pacific Peoples Anti-Nuclear Action Committee de Nouvelle-Zélande dans les années 1980 donne à voir la diversité des situations et des luttes qui croisaient la revendication d’un Pacifique dénucléarisé. La justice sociale et l’autodétermination pour les Maori d’Aotearoa, où pèsent les discriminations internes à la société néo-zélandaise, entraient en concurrence avec la lutte contre l’impérialisme américain ou les dégâts écologiques dénoncés par les militants occidentaux.
Mais c’est le rôle pionnier de Fidji, à la société la moins occidentale, qui est mis en avant dans la plupart des contributions : le cas conjugue l’action gouvernementale du premier État décolonisé du Pacifique à rejoindre l’ONU en 1970 et l’effort d’une société civile pour répandre à l’échelle régionale l’autodétermination et la possibilité d’échapper aux impérialismes nucléaires. Fidji y apparaît comme un hub pour la mobilisation de réseaux transnationaux et la promotion d’une diplomatie nouvelle à l’échelle de l’Océanie, porteuse d’une identité propre en rupture avec les héritages des puissances coloniales : The Pacfic Way. On peut toutefois regretter que l’article de Dimity Hawkins, « ‘We Will Not Relax Our Efforts’: The Anti-Nuclear Stance of Civil Society and Government in Post-Independence Fiji », historicise faiblement l’emploi de cette expression en utilisant essentiellement les mémoires de Ratu Mara publiés en 1997, soit très postérieurement à sa prise de fonction comme Premier ministre et ministre des Affaires étrangères à l’indépendance. Toutefois, l’auteur indique incidemment en note de bas de page que Ratu Mara a employé l’expression dès son premier discours à l’ONU en 1970.
C’est du reste la décennie 1970 qui retient l’essentiel de l’attention des auteurs et autrices. L’article de Talei Luscia Mangioni, « Art/Story of the Niuklia Fri Pasifik: On Doing Creative Pacific Histories », prend utilement en compte les formes d’expression populaires de protestation à l’échelle régionale en retraçant notamment l’histoire de groupes de musique, l’une des modalités du « flower power » déployé en marge du premier Festival des arts du Pacifique Sud à Suva en 1972Footnote 7, désigné par ses anciens protagonistes comme un Woodstock fidjien (les deux références à la culture hippie nord-américaine venant significativement de ces derniers et de l’autrice). Ce festival utilise notamment la danse pour militer contre les essais français, en synergie avec d’autres répertoires d’action (conférences, périodiques) utilisés par les protestataires étudiants et des militants étrangers (parmi lesquels le député Francis Sanford, curieusement rangé par l’autrice de la contribution comme partisan de l’indépendance de la Polynésie). L’article donne à voir l’hybridation à l’œuvre dans l’activisme antinucléaire à Fidji, entre création artistique et critique universitaire. D’un point de vue méthodologique, l’autrice semble parfois confondre l’outil et l’objet, en affirmant que la recherche universitaire n’a pas pris en compte jusqu’à présent le rôle des cultures populaires dans les luttes politiques (« archives vernaculaires, performatives, poétiques, incarnées et sensibles », p. 51), comme si Edward P. Thomson, Arlette Farge, Alain Corbin, Robert Darnton ou Roger Chartier ne s’y étaient jamais employés (pour citer quelques exemples parmi tant d’autres).
Au total, ce numéro apporte de riches contributions à une histoire centrée sur l’Océanie qui permet de se défaire du récit héroïque des premières historiographies des essais, vantant l’exploit scientifique et technique, et le bénéfice politique de la mise au point de la bombe, tel qu’on peut encore le trouver dans certaines publications officiellesFootnote 8. En partant des enjeux actuels du Pacifique, le numéro insiste de façon innovante et précieuse sur la dimension encore trop méconnue des rivalités internes aux militants anti-nucléaires, qu’il s’agisse des niveaux institutionnels (États, ONG), de la qualité ethnique ou de l’appartenance géographique des acteurs. Certains articles laissent deviner des rivalités Nord-Sud, prennent en considération les questions du racisme et de la légitimité autochtone qui n’apparaissaient guère jusqu’alors dans l’historiographie des luttes anti-nucléaires. C’est une piste à prolonger pour tenir compte également des rivalités idéologiques à peine esquissées, malgré la diversité des agendas pacifistes, antinucléaire, écologiques, religieux, géopolitiques (tiers-mondisme, anti-impérialisme, anti-américanisme) des acteurs occidentaux comme des militants autochtones, les uns ne formant pas plus bloc que les autres. L’existence d’un but commun (dénucléariser le Pacifique), voire l’idéal partagé pan-Pacifique ne doivent pas écraser les rivalités ou les antagonismes des stratégies, des répertoires d’actions et même des objectifs. Cette dimension agonistique esquissée dans le numéro cohabite parfois avec une conception un peu lénifiante, au risque d’écraser ces nuances ou de séparer un peu schématiquement l’action des États et celle de la société civile (« Les gouvernements et la société civile peuvent travailler ensemble avec un certain niveau de respect mutuel, de confiance et de coopération lorsqu’ils sont confrontés à des menaces transfrontalières », p. 11).
En posant comme postulat que les populations autochtones ne peuvent se réduire à des victimes, en réhabilitant leur agentivité et, partant, la dignité de ces acteurs sans affronter la question du rapport entre histoire et mémoire, le renouveau historiographique auquel ce numéro contribue conduit à se poser la question d’une forme de récit héroïque qui constituerait un pendant ou un rééquilibrage avec l’historiographie stato-centrée. Les contre-récits ne finissent-ils pas paradoxalement par se laisser déterminer par l’historiographie occidentale en reprenant les catégories des acteurs politiques, militaires et scientifiques occidentaux qui justifiaient par le contexte de la guerre froide l’entreprise des essais nucléaires ? On a parfois cette impression à lire des expressions comme « ‘l’âge d’or’ [golden age] de la solidarité du Pacifique » (p. 49). Cette catégorie héroïque apparaît explicitement dans une occurrence, dans l’article de M. de Jong, sous la plume de l’une des protagonistes de l’histoire du NFIP, Vanessa Griffen, à propos du coup d’État aux Fidji : « Nous ne mentionnerons pas les personnes qui ont fait partie du réseau du NFIP et qui ont trouvé que cette militarisation des Fidji était une avancée héroïque pour les peuples fidjiens, et qui l’ont dit tout en restant sous l’égide du NFIP » (p. 68). Elle n’est pas mise en perspective par l’auteur de l’article.
Cette héroïsation évacue la question de la victime et de la reconnaissance de ce statut en matière d’histoire « du temps présent ». Paul Ricœur proposait que le travail de l’historien opère comme une promesse : faire droit à la connaissance d’un mal commis afin de traiter l’avenir « comme s’il s’agissait du présent ». Autrement dit faire de la connaissance historique un barrage au renouvellement de ce qui a été commis, sans sortir du périmètre du savant, qui vise moins à prescrire qu’à comprendre.