Un préjugé qu'il importe de combattre écarte trop fréquemment les savants des recherches portant sur les procédés culinaires propres aux diverses civilisations. On étudie la technique agraire d'une population, les céréales qu'elle cultive ; on étudie moins souvent la façon dont elle prépare sa nourriture. Et cependant il y a une évolution de ces procédés de cuisine, évolution dont dépend en grande partie le choix des céréales, leur extension. Une histoire de l'alimentation végétale ne peut donc se borner à une étude des plantes alimentaires : elle doit se fonder en même temps sur une étude des usages culinaires, étude qui suppose une connaissance de la technique appropriée en même temps que l'analyse chimique des mets. Le folkloriste, qui aborde son champ d'observation sans décider d'avance qu'il a affaire à des phénomènes d'ordre exclusivement spirituel (croyances, etc.), se rend compte qu'il est en présence de façons de vivre en voie de disparition ou tout au moins de transformation très rapide.

Pour la première fois, voici trois de nos départements — Moselle, Bas- Rhin, Haut-Rhin — pourvus d'un véritable atlas historique. Les savants français accueilleront avec gratitude cet instrument de travail ; mais ils n'en tireront pas vanité. Car le mécène auquel nous le devons — grâce à un intelligent emploi de crédits sans doute considérables — a nom l'Institut Scientifique des Alsaciens-Lorrains « dans le Reich » et sa patrie est à Francfort . Au recueil des cartes et au fascicule de commentaire et de preuves qui l'accompagne, il convient de joindre le volume sur «l'évolution du paysage humain en Alsace, jusqu'à l'avènement de l'influence française », que, peu après, a fait paraître un des directeurs et principaux collaborateurs de cette entreprise collective, Mr Werner Gley : utile et parfois originale mise au point de l'enquête sur les établissements humains qui se poursuit, depuis bien des années déjà, en pays alsacien, sans avoir encore, tant s'en faut, dissipé toutes les obscurités d'une passionnante et difficile histoire.

Mr CH. Monteil a publié naguère une monographie sur Djénné: cette étude avait bénéficié du contact prolongé avec le pays, de la connaissance critique des archives administratives, des facilités d'enquête près des indigènes, qui ont permis à quelques-uns de nos fonctionnaires coloniaux les plus distingués de nous donner le meilleur de notre documentation sur les sociétés africaines. Elle fait encore la valeur solide du nouveau travail que l'auteur publie aujourd'hui sur le même sujet sous les auspices de l'Institut International des Langues et Civilisations Africaines. Les spécialistes de nombreuses disciplines, géographes, historiens, sociologues, économistes, pourront puiser abondamment dans la masse des faits variés et précis qui est mise à leur disposition.

Par une innovation plus hardie peut-être que l'auteur ne l'a pensé luimême — la thèse que Mr Jules Blache vient de publier sur Les Massifs de la Grande-Chartreuse et du Vercors se trouve divisée en deux parties à peu près égales. L'une formant un tout complet et un livre autonome, avec table des matières, bibliographie, index, traite de la Géographie physique : c'est la thèse complémentaire. L'autre, munie pareillement de sa table distincte, de sa bibliographie particulière et de son index, est consacrée à la géographie humaine. Deux ouvrages séparés et non plus les deux parties, s'étayant l'une l'autre et faites strictement l'une pour l'autre, d'un seul et même ouvrage. Simple question de présentation matérielle, dira-t-on peut-être ? Je n'en suis pas bien sûr.

Entre la côte syrienne et la Mésopotamie les relations sont devenues sûres et fréquentes depuis la Grande Guerre, et ce progrès a profité aux études archéologiques. Les pistes que parcourent aujourd'hui les automobiles sont celles que suivaient jadis les caravanes. Les monuments de Petra, Jerash, Paimyre, Dura attestent la richesse des marchands qui tenaient entre leurs mains ce trafic. Nous devons à Mr Rostovtzeff, non pas une étude érudite et minutieuse de ces ruines, mais un excellent exposé d'ensemble, destiné à orienter les recherches futures.

Ce qui nous frappe surtout, c'est que les « cités caravanières » doivent leur prospérité singulière non pas seulement à des raisons économiques, mais plus encore peut–être à des raisons politiques.