Au XVIe, au XVIIe siècle, l'Espagne remplit une fonction économique mondiale : elle est le grand distributeur de métaux précieux. Aussi, examiner à la lueur de divers travaux, anciens ou récents, la place qu'occupent les peuples étrangers sur son marché, est-ce d'abord mesurer, en quelque sorte, leur importance économique relative. D'un point de vue plus particulier, c'est suivre les progrès de la décadence espagnole et le développement des sociétés américaines.
Au moyen âge, l'Espagne attirait peu les étrangers : c'étaient plutôt ses navires et ses marchands, surtout les Biseayens et les Catalans, qui s'en allaient trafiquer au dehors. Il faut faire cependant une exception pour les pèlerinages de Compostelle et pour Séville. Dès la conquête de la ville, Ferdinand III y accorda de grands privilèges aux Génois ; à la fin du XIIIe siècle les étrangers, groupés par nations dans certaines rues, et favorisés de privilèges étendus, semblent y avoir été assez nombreux.