Les économistes allemands, en particulier Sombart, distinguent différentes formes et différentes phases du capitalisme, et désignent du nom de « Spätkapitalismus » le régime qui correspond en Europe à l'organisation industrielle techniquement le plus développée, et où la rationalisation produit ses extrêmes conséquences (konzern, etc.). Les États-Unis passent pour être parvenus depuis quelque temps à cette étape. Comment se fait-il, cependant, observe, au retour d'un séjour prolongé dans ce pays, MIIe Charlotte Lütkens, qu'il s'y manifeste un tel désaccord entre la structure politique et l'organisation industrielle ? L'Amérique en est restée, en politique, au libéralisme, à la doctrine du laissez-faire (à l'intérieur). Elle a conservé «l'idéologie libérale », anti-étatiste, anti-interventionniste, qu'on ne rencontre d'ordinaire qu'aux débuts du capitalisme, alors que les individus voient s'ouvrir devant eux un libre champ, que les occasions de s'enrichir sont nombreuses, et que l'esprit de spéculation ne veut pas se plier aux règlements d'une administration et d'une bureaucratie.