Le tome premier de l'Histoire de Belgique avait paru en 1900, exactement ; le septième et dernier porte pour millésime : 1932. Trente-deux ans de travail, et quels trente-deux ans ! Aux angoisses publiques sont venus s'ajouter ces déchirements plus intimes auxquels l'amitié même ne saurait toucher que d'une main légère. Régulièrement, cependant, volume par volume, le monument n'a cessé de s'élever, sans que rien vînt jamais compromettre la solidité de ses lignes ni en altérer la sérénité. S'il est vrai, comme nous sommes quelques- uns à le croire, que toute recherche de science soit en elle-même stoïcisme, il doit être permis, dans une revue scientifique, d'indiquer, d'un mot volontairement discret, la beauté morale d'un pareil exemple. Ne disons pas, au surplus : c'est l'oeuvre d'une vie. Car cette vie a été beaucoup trop active et trop riche pour s'enfermer dans une tâche, si haute fût-elle. L'Histoire de Belgique a eu pour compagnon de route plus d'un beau livre ; d'autres, qui déjà sont sur le chantier, s'apprêtent à la suivre. Se renouveler sans cesse, secret de l'éternelle jeunesse ! Du moins avons-nous là l'œuvre maîtresse, autour de laquelle ses soeurs viennent naturellement se grouper, et dont les leçons, à qui les saura écouter, seront entre toutes fécondes.