M. le Dr Böhm, médecin militaire à Zara, a construit, pour l'usage du transport des malades et blessés en pays montagneux, un brancard sur roues aussi solide que simple, en même temps qu'ingénieux. C'est un cadre légèrement incurvé, en bois de bou-leau, suspendu au moyen de ressorts sur l'essieu de roues basses. Un filet couvert d'un imperméable, tendu dans le cadre du brancard, est surmonté d'une petite capote et d'une couverture imperméable aussi. Pour atteler le brancard roulant, deux longues tringles en fer, adaptées le long du brancard, sont relevées et peuvent se fixer plus ou moins haut vers la tête du brancard, suivant le degré de pente du terrain ou la hauteur de l'animal de trait qui devra être, comme c'est le cas en Dalmatie, un animal de petite taille.

Nous n'avons pas eu l'occasion de mentionner en son temps un mémoire de M. le général Dr Port dont l'importance au point de vue des secours sanitaires ne saurait être méconnue. Il n'est pas inopportun d'en parler encore aujourd'hui. L'auteur, bien connu de tous les comités de la Croix-Rouge, médecin militaire de grande expérience et de grand mérite, ne craint pas de plaider la cause de l'assistance volontaire en ce qui concerne les secours sur le champ de bataille, estimant, avec raison, que l'organisation officielle est insuffisante pour satisfaire seule à cette lourde tâche en temps de guerre. Dans un précédent article il en avait déjà fourni la preuve quant au transport sur le champ de bataille, dans celui-ci il démontre qu'il en serait de même pour le service des lazarets de campagne.

M. W.-A. Fett, maître d'école à Königsberg, a publié en 1903 un ouvrage intitulé: Das Rothe Kreuz in Schule, Haus und Leben, et destiné à éveiller et à affermir le sentiment général du devoir samaritain. Le produit net de la vente de cette publication sera versé à la caisse des colonnes sanitaires de la Croix-Rouge.

Le dernier rapport que nous avions analysé ne contenait pas de données sur le mouvement de l'hôpital de Léopoldville. Le compte rendu pour l'année 1903 commence par fournir des indications à cet égard. La direction du service de la Croix-Rouge à Léopoldville a passé des mains de M. le Dr Carré à celles de M. le Dr Grenade. Pendant le 2me semestre 1903, 70 malades y ont été traités; 26 d'entre eux ont été dirigés sur Boma, il n'en restait que 6 en traitement au 1er Janvier 1904. Le résullat doit être tenu pour encourageant et les améliorations apportées à la nourriture et au mode de surveillance des hospitalisés augmenteront certainement le nombre des guérisons.

Depuis la publication de notre dernier numéro, nous avons reçu de Miss Barton, présidente de la Croix-Rouge américaine, une longue lettre et des documents qui nous permettent de revenir avec quelques détails de plus sur la solution à laquelle s'achemine le conflit qu'avait soulevé en 1902 l'adoption denouveaux statuts.

M. le Dr H. Cramer, à Rostock, rédacteur de la Zeitschrift für Krankenpflege et de Der Deutsche Kolonnenführer, a fait paraître dans ce dernier périodique un article sur l'importance de l'emploi de la grue, non seulement pour l'embarquement des blessés, soit leur transport de la terre ferme sur les bateaux destinés à les conduire plus loin, mais même pour le chargement des malades sur les véhicules aménagés pour leur évacuation. En effet il suffit de rencontrer un arbre ou un poteau quelconque, suffisamment solide pour pouvoir installer, au moyen d'une perche oblique, de cordes, et de trois poulies un appareil qui tiendra lieu de grue et permettra de soulever sans effort et sans secousse les blessés jusqu'à la hauteur du véhicule qui doit les transporter. Cette installation pourra aussi servir pour hisser doucement les blessés à la hauteur voulue dans l'éventualité d'une maison à plusieurs étages transformée en hôpital. Il est donc important d'introduire l'exercice du chargement par grue parmi ceux des colonnes de transport. C'est à cette conclusion qu'arrivé l'auteur de l'article, en ajoutant la recommandation à toute colonne de se munir des accessoires nécessaires pour l'établissement d'un système de grue partout où il pourra fonctionner avec avantage pour le transport des blessés.

Sous le titre de « Contribution à l'étude de l'amélioration des secours sanitaires », le général Dr Port traite dans la Zeitschrift für Krankenpflege une série de points sur lesquels il serait urgent d'apporter des modifications dans les services sanitaires.

Nous extrayons du rapport de la Société danoise sur ses travaux en 1903 les passages suivants:

«Nous avons dit dans notre dernier rapport annuel, en parlant de la Conférence de St-Pétersbourg, que le fonds de l'impératrice Augusta, fondé en 1889, serait pour la première fois utilisé en 1903. En effet la première distribution des intérêts eut lieu le 7 janvier 1903, en faveur de notre Société, le Comité international de Genève lui ayant décerné les intérêts courus sur le capital, environ 3300 fr., comme supplément à son fonds de construction.

Au récent Congrès français de chirurgie M. le Dr Klar, assistant de M. le prof. Vulpius de Heidelberg, a présenté au nom de son maître un appareil pour fractures dénommé appareil de Heidelberg, qui en raison de son petit volume et de son poids léger, de la facilité de son transport, de son adaptation à toutes les régions, de son application et de sa stérilisation aisées semble bien convenir à la chirurgie d'armée.

Le général Saenz, qui est mort à Madrid le 24 novembre 1903, était premier vice-président du comité central de la Croix-Rouge espagnole. Né à Anguiano (province de Logroño), le 5 mars 1832, Saenz embrassa tout jeune la carrière des armes; il était né pour être militaire et représentait parfaitement le type de ces vieux braves, d'une conscience inflexible, durs à eux-mêmes et aux autres et ne transigeant pas avec la discipline.

Pendant l'année 1903, le Comité central madrilène a distribué pour 1321 70 pesetas de secours en espèces, sans compter les secours en nature (vêtements, médicaments, appareils), les recommandations, les bons spéciaux de un peseta distribués à l'occasion des fêtes de Pâques et autres mille façons de secourir les pauvres, rapatriés pour la plupart, qui sont venus au bureau du Comité central pour y demander aide et protection.

M. le marquis de Voguë ayant été, de vice-président qu'il était, élu président de la Société française de secours aux militaires blessés, ainsi que nous l'avons annoncé dans notre dernier numéro le Conseil central a appelé à la vice-présidence M. Louis Renault, membre de l'Institut.

Bien que nous n'ayons pas encore reçu le rapport de la Société américaine sur son activité en 1903, nous pouvons, d'après l'Evening Star, donner un aperçu rapide de l'assemblée générale qui eut lieu le 8 déc. dernier. Miss Barton avait fait appel aux membres qui s'étaient bruyamment séparés, ainsi qu'on s'en souvient, sur la question de la revision des statuts, et les avait engagés à rentrer dans la Société. Mais les dissidents n'y consentirent pas.

Il vient de paraître à Londres un petit recueil des lois et coutumes de la guerre, avec notes et commentaires de M. le professeur Holland et nous nous reprocherions de ne pas le signaler à ceux de nos lecteurs auxquels la laugue anglaise est familière. Le but de l'auteur a été, comme il le dit dans sa préface, de codifier les règles et usages de la guerre, dont quelques-unes ne sont encore que des coutumes, mais dont une bonne partie est entrée dans le domaine du droit international de par la Convention de Genève de 1864, la Déclaration de St-Pétersbourg de 1868 et la Convention de La Haye de 1899.

« Les promotions d'honneur qui ont eu lieu dernièrement à l'occasion de la fête du centenaire de l'Université de Heidelberg ont proclamé deux noms, qui ont un grand retentissement dans le domaine humanitaire de la Croix-Rouge, ceux de

Henry Dunant et Gustave Moynier

le noble auteur et le puissant fondateur de la Croix-Rouge comme docteurs honoraires de la faculté de médecine.

Dans notre dernier fascicule (p. 171) nous annoncions la démission de Miss Clara Barton, jusqu'ici présidente de la Croix-Rouge américaine depuis sa fondation, et son remplacement par Mrs. Logan. Nous nous promettions de revenir sur cette démission quand Miss Barton elle-même nous en aurait fait connaître les motifs. Contrairement à notre attente ces informations directes ne nous sont, pas parvenues. Nous n'avons reçu qu'une lettre de Mrs. Logan, qui nous informe qu'en sa qualité de première vice-présidente elle avait seulement revêtu pour peu de temps les fonctions de la présidence et dans la seule intention d'aplanir les difficultés qui menaçaient la Société. Dès qu'elle put convoquer à nouveau celle-ci, elle déposa son mandat, n'ayant pas le temps nécessaire à l'exercice de ses absorbantes fonctions. Le président actuel, général van Reypen, ajoute-t-elle, vous donnera sans doute des détails sur la situation actuelle des affaires.

La lettre suivante nous a appris le chaugement qui s'est opéré dans la présidence de la Société française.

« Paris, le 18 janvier 1904.