La lettre suivante nous a appris le chaugement qui s'est opéré dans la présidence de la Société française.

« Paris, le 18 janvier 1904.

L'assemblée générale de la Société française de secours au blessés militaires a eu lieu le 29 mai 1904 au Palais d'Orsay à Paris, sous la présidence de M. le marquis de Voguë. Dans son discours d'ouverture, M. de Voguë, appelé pour la première fois, de par les fonctions qu'il avait accepté de revêtir, à présider l'assemblée de la Croix-Rouge française, a retracé en termes émus la mémoire du général duc d'Auerstaedt, son prédécesseur immédiat à la présidence de cette Société. Il salue également les membres des comités provinciaux réunis en congrès deux jours avant l'assemblée générale.

L'assemblée générale de la Société, du 29 mai 1903, était présidée par M. le baron de Ræsfeldt, en l'absence du comte de Drechsel retenu par la maladie. Le secrétaire Dr Gwinner, y présenta le rapport sur l'année écoulée.

Après la constatation habituelle des vides causés par la mort et des changements ainsi occasionnés dans le personnel directeur de la Croix-Rouge bavaroise, le rapport constate une augmentation du nombre des membres, soit particuliers, soit communes ou établissements. La Société compte actuellement 6241 personnes, 4 corps d'officiers, 2344 communes, 148 districts et 156 autres établissements ou corporations.

Les membres des comités provinciaux de la Croix-Rouge française avaient été appelés à se réunir en Congrès, à Paris, les 27 et 28 mai 1904, en vue d'un rapprochement désirable entre les organes du centre et ceux de la province.

Nous extrayons du rapport danois les passages suivants:

« En 1902, la VIIe conférence internationale de la Croix-Rouge a eu lieu à Saint-Pétersbourg du 29 mai au 4 juin.

« C'était l'intention de notre Société de se faire représenter à cette occasion, et M. le colonel Bache, intendant et inspecteur général, membre du Comité central, avait été désigné comme délégué de la Société à Saint-Pétersbourg. Malheureusement, le colonel fut au dernier moment empêché, par une maladie, de partir, et la Société ne fut ainsi point représentée à la conférence.

Le professeur Martens préside une organisation qui a établi les règles relatives au traitement des prisonniers japonais. Cette organisation donnera les noms de tous les prisonniers japonais. Ceuxci pourront, par son intermédiaire, communiquer avec leurs parents et amis résidant au Japon. Le professeur Martens propose que les deux gouvernements communiquent périodiquement, probablement tous les quinze jours, le nombre des prisonniers et leur état de santé.

L'auteur de l'ouvrage dont nous venons de donner le titre s'est, dans la thèse qu'il vient de publier à Bordeaux, attaché à démontrer l'importance du rôle de la femme, mieux qualifiée que tout autre, dans l'assistance aux blessés et aux malades militaires. Après avoir cité quelques exemples historiques qui montrent qu'anciennement déjà l'aptitude de la femme à remplir ce rôle avait été comprise, il passe en revue les différents pays en y examinant la place donnée à la femme comme garde-malades.

Il y a quelques mois le général Davout donnait sa démission de président de la Société française de secours aux blessés militaires. En récompense des services rendus pendant sept ans à la cause de la Croix-Rouge française, celle-ci le nommait, comme on vient de le lire, président honoraire.

Le Caducée s'est fait donner, par une personne occupant un haut grade dans l'armée japonaise, des renseignements circonstanciés sur l'organisation des troupes sanitaires japonaises en campagne. Nous en extrayons les points suivants:

Le service de santé est assuré par un personnel très complet qui comporte:

Un médecin-inspecteur, du grade de général de brigade ou de division, au grand quartier général; de lui relève tout le service de santé des troupes en campagne.

Chaque quartier général d'armée a, en outre, son médecin-inspecteur, du grade de général de brigade.

Le bulletin de mai de la Croix-Rouge espagnole contient un projet adressé au gouvernement par la section de Barcelone et tendant à la création d'une caisse de secours en faveur de ses membres. Cette caisse est créée, comme le dit l'art. 1er, en vue de faire face aux premiers besoins des membres de cette section provinciale, qui, par suite d'un accident fortuit ou pour toute autre cause, pourraient manquer des ressources indispensables.

Le Comité départemental de la Gironde a publié sous les auspices de la Société française de secours aux blessés dont il fait partie, une monographie sur son intervention dans les manœuvres du service de santé du XVIIIme corps en 1903. Cet ouvrage illustré rend compte de la participation du Comité de Bordeaux et de son infirmerie de gare à ces exercices et résume ou reproduit en grande partie les conférences qui ont été faites à cette occasion sur le service de santé et les règles de tactique qui lui sont applicables, sur le service de santé de l'avant, sur l'asepsie en campagne et les pansements aseptiques de guerre. Des démonstrations pratiques s'entremêlaient aux conférences, telles que présentation du matériel d'ambulance, de celui d'un hôpital de campagne, démonstration du matériel régimentaire du service de santé de l'armée. Dans un exercice d'évacuation des blessés, de nombreux moyens de transport improvisés furent présentés.

Deux modles originaux et ingnieux de siges-brancards nous viennent des Indes Orientales, invention du major W. O. Kirkpatrick I.M.S. Les figures ci-jointes, reproduites d'aprs le Journal of the United Services of India, en indiqueront, mieux qu'une description, le mode d'agencement. Le but de ces brancards n'est pas de se prter de longs trajets, mais au transport des blesss, en pays de montagne, du champ de bataille aux postes de secours.

Dans le Mémorial des 25 premières années de la Croix-Rouge, 1863–1888, que le Comité international a publié en 1888, se trouvent réunies des notices historiques sur toutes les Sociétés nationales existant à cette époque. Alors même que ce mémorial embrasse les 25 premières années dès la fondation de la Croix-Rouge, beaucoup des notices qui y sont contenues ne portent nécessairement que sur un nombre restreint d'années, la fondation des sociétés similaires s'étant échelonnée sur les années qui ont suivi la conférence de 1863.

La Société francfortoise a procuré en 1903 des secours à un nombre plus considérable de patients que l'année précédente. Elle a institué une clinique gynécologique et ophtalmique. La crainte de voir créer une organisation municipale pour la formation de sœurs a été écartée, et de ce côté la Société peut librement poursuivre son développement. Le nombre des services accomplis dans les maisons particulières par les sœurs de la Société a augmenté, et l'on s'adresse d'autant plus à elle que, maintenant que grâce à la nouvelle loi allemande, le signe de la croix rouge est protêgé, il ne peut plus se glisser les abus qui se produisaient auparavant et qui consistaient de la part de certains gardes à usurper le nom de la Société et à s'en prétendre membres pour s'en accréditer illégitimement. Il n'y a plus que la Société régionale, et la Société patriotique des dames qui ont le droit d'user du nom de la Croix-Rouge. Les autres sociétés ont dû changer le rouge en noir.

Tout en poursuivant ses travaux habituels et permanents, le développement de ses hôpitaux du territoire, l'instruction donnée dans les dispensaires-écoles, la Société française de secours aux blessés saisit toutes les occasions de perfectionner son organisation et de satisfaire à son but humanitaire.

Le nombre des cas où uns intervention médicale s'est produite s'est élevé à 50453, en augmentation de plus de 7500 sur l'année précédente. Les stations se sont fusionnées avec la Société des sauveteurs et l'Association pour les premiers secours. Cette fusion a eu pour effet d'augmenter l'intérêt du public. Les stations de la Croix-Rouge ont exercé une influence considérable quant à la réduction de la durée des incapacités à la suite d'accidents professionnels et par conséquent quant au chiffre de l'indemnité à payer. Les cours théoriques se sont développés également; une entente est intervenue dans ce domaine avec les Sociétés de dames et de Samaritains, et 272 personnes ont été instruites en 1903.

L'association a reçu, au cours du dernier exercice, deux legs de 10,000 francs. Quelques modifications, approuvées par décret royal, ont été introduites dans les statuts afin de prévenir toujours mieux les abus de l'emblème de la Croix-Rouge d'une part, et d'autre part de faciliter l'inscription de nouveaux sociétaires dans les centres de peu d'importance.

Le rapport de la Société hongroise sur son activité en 1902 se divise en douze chapitres, auxquels nous empruntons les détails suivants:

Le personnel de la direction a subi quelques modifications. Si le président M. le comte André Czeconics a bien voulu accepter une réélection pour trois ans, en revanche la mort a enlevé à la Société son vice-président, le Dr Lorenz Schlauch, un des membres fondateurs de la Société, qui, très dévoué à la cause, sut à maintes reprises mettre son éloquence à son service. La maladie ou le déclin des forces ont causé d'autres videse également.

Alors même que nous avons longuement entretenu nos lecteurs, en leur temps, des événements de la campagne de Chine et notamment de l'intervention intéressante et efficace de la Croix-Rouge française, nous ne voudrions pas laisser passer, sans une mention spéciale, l'étude intéressante que vient d'en faire, à un point de vue plus médical, M. le Dr R. Tissier, Dr de la Faculté de médecine de Paris, pharmacien de première classe, ex-pharmacien en chef des hôpitaux de la Croix-Rouge française en Chine et au Japon. Les fonctions qu'il a remplies pendant cette campagne le mettaient à même de se livrer à des observations spéciales, et il faut lui savoir grand gré d'en avoir voulu faire bénéficier tous ceux qui s'intéressent à ce domaine et s'occupent des progrès à y réaliser.

Le Dr Sagrandi, médecin-major de l'armée, vient de publier à Paris un Guide professionnel et technique à l'usage des membres des Sociétés d'assistance aux malades et blessés des armées de terre et de mer (Paris, chez Maloine, 23–25, rue de l'Ecole de Médecine), lequel peut être directement utile aux membres des sociétés de la Croix-Rouge et que par conséquent nous nous reprocherions de n'avoir pas mentionné ici.