Cette étude d'écophysiologie a été réalisée sur l'huître japonaise (Crassostrea gigas) cultivée en baie de Marennes-Oléron (France) en mai 1992. Les mesures sont effectuées dans des conditions alimentaires naturelles au cours de trois cycles de mesure (a, b, c) à des coefficients de marée de 49,57 et 88. La matière particulaire totale est mesurée en continu durant les cycles de marée. La fonction de consommation est calculée selon une nouvelle formulation prenant en compte un "échappement particulaire" précédant le tri pré-ingestif et représentant une perte passive de particules de petites tailles entraînées par la masse d'eau à travers le filtre branchial. La comparaison des fonctions de consommation et d'absorption de la matière organique totale et de la chlorophylle a, montre des différences significativement supérieures pour la charge particulaire de 55 mg.l−1 (c) comparée aux autres conditions (a, b) de charges particulaires inférieures à 30 mg.l−1. La comparaison des coefficients de sélectivité et des taux d'absorption de la chlorophylle a, (43,3 et 81,6 %), respectivement, supérieurs à ceux de la matière organique totale (33,4 et 68,7 %),respectivement, montre le tri de la matière organique effectué par l'huître. Le bilan énergétique calculé prend en compte le matériel d'origine phytoplanctonique et le matériel organique total. Les potentiels de croissance ainsi obtenus de 0,88-11,60 et 47,60 J.h−1.g−1 respectivement pour les conditions à 13,5–28,9 et 54,6 mg.l−1 de charge particulaire totale, traduisent une forte variabilité journalière d'énergie disponible pour la production organique dans le milieu naturel. Ces résultats sont cohérents avec les résultats de croissance d'huîtres en élevage dans la baie de Marennes-Oléron.