Depuis le début des années quatre-vingt, « représentation » est devenu, dans le domaine des sciences humaines, un véritable mot clé — on dirait presque un mot à la mode. On pense à Représentations,la revue lancée en 1983 par un groupe d'historien, de philosophes et de littéraires de l'université de Berkeley ; ou, dans un contexte européen, à l'article de Roger Chartier paru dans les Annales l'année dernière, sous le titre allusif « Le monde comme représentation ». On pourrait aisément multiplier les exemples. Cette fascination est quelque peu surprenante, « représentation » étant un mot vénérable, qui fait partie de notre outillage intellectuel depuis des siècles. Mais tout récemment il a acquis, paraît-il, des résonances nouvelles.