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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Trois questions me retiennent, qui sont liées entre elles et peuvent être exprimées très sommairement ainsi: la science a-t-elle connu un développement différent dans la Grèce antique et dans la Chine antique ? Si tel est le cas, peut-on savoir pourquoi ? Et que peut nous apprendre une semblable enquête pour ce qui touche, beaucoup plus généralement, le problème de la construction sociale de la réalité et les rapports entre culture et cognition?
L'analyse des prsupposs implicitement contenus dans le mode de formulation de ces questions nous permettra de prciser plusieurs problmes d'ordre mthodologique, de dissiper quelques malentendus possibles et de marquer les limites des avances que l'on peut esprer sur ces sujets. Je voudrais d'abord dfinir clairement ce que j'entends par « science » dans ce contexte.
This paper addresses three interrelated questions. Are there important differences in the ways in which such inquiries as astronomy, mathematics and medicine developed in ancient Greece and China? If so, can we say why? Third, what can be learnt from such a study about more generai issues to do with the relations between culture and cognition? The study argues that the first question should be answered yes, and that some of the principal differences we uncover—for example in the notions of proof—relate to the social and political institutions of scientific inquiries themselves. Accordingly the study ofthe development of science in ancient societies demands different models from those assumed to be applicable to the investigation ofcognitive development in children.
* Je voudrais remercier K. Chemla, P.-A. Fabre, F. Hartog et P. Kruth pour tous leurs travaux de traduction de ma conférence Marc Bloch donnée à la Sorbonne, le 11 juin 1996.
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5. Cf. le Zhoubi suanjing (Canon des calculs gnomomiques de la dynastie des Zhou) du 1 er siècle avant notre ère. Gou et gu sont les noms donnés aux côtés horizontal et vertical d'un triangle rectangle.
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17. Le mot tian a parfois le sens de « séjour divin », de « Dieu », de « Grand », de « nature », mais jamais celui d'« ordre ». Il s'agit tout au plus d'une connotation dérivée du mot ciel qui renvoie bien évidemment (comme en Grèce) à la notion d'un ordre céleste
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21. Id.