Nous rapportons le cas d’un homme de 38 ans ayant présenté un épisode maniaque franc, dans les suites de l’ablation d’une tumeur kystique bénigne de l’hémisphère cérébelleux droit, compliquée d’hydrocéphalie. Cette lésion fut découverte suite à de violentes céphalées et des troubles de l’équilibre. Le tableau maniaque débuta progressivement dans la semaine suivant l’opération, alors que les suites opératoires furent simples. Un traitement associant olanzapine et divalproate améliora rapidement la symptomatologie. Si des lésions cérébelleuses ont déjà pu être décrites dans le déclenchement de troubles de l’humeur, dans notre cas, l’imagerie fonctionnelle (scintigraphie cérébrale) a suggéré l’implication de lésions frontales. Le syndrome frontal modéré a été confirmé par les tests neuropsychologiques, et par la présence à l’IRM de petites lésions en avant des ventricules latéraux, attribuées à une effusion de liquide céphalorachidien lors de l’hydrocéphalie. Au-delà de l’étiologie organique du syndrome maniaque, le cas clinique est particulièrement intéressant car le patient a présenté au décours de l’épisode maniaque un épisode dépressif majeur avec symptômes psychotiques congruents à l’humeur, alors que nous n’avons pas retrouvé d’antécédent de trouble de l’humeur.
Nous discutons ainsi différentes hypothèses :
– existence d’un trouble de l’humeur subsyndromique décompensé à la suite de la lésion, et particulièrement par le syndrome frontal ;
– déclenchement par une lésion cérébrale d’un trouble psychiatrique épisodique et alternant ;
– survenue du syndrome dépressif de manière consécutive à l’épisode maniaque, la physiopathologie de l’épisode maniaque incluant la survenue de la dépression sévère.
Ces différentes hypothèses sont discutées sur des arguments neuropsychologiques, neuroanatomiques et psychopathologiques.