L’exercice de la médecine est un compromis permanent entre la vie et la mort, entre puissance médicale et risque d’échec. Un exercice d’autant plus complexe qu’il est soumis aux contraintes d’une organisation institutionnelle mouvante et d’une charge de travail croissante. Par essence, les psychiatres sont exposés à une charge émotionnelle intense dans leurs échanges avec des patients souffrants et traumatisés, d’autant qu’il leur est recommandé de faire preuve d’empathie. Ainsi les médecins présentent un risque important de burn out, avec 49 % d’épuisement émotionnel chez des psychiatres italiens par exemple. Les comorbidités du burn out restent la dépression, le suicide, les addictions. Le risque suicidaire est plus élevé chez les médecins (les hommes médecins sont 1,4 fois plus à risque de commettre un suicide que les hommes non-médecins) et seulement 1/5 déclarent qu’ils iraient chercher de l’aide s’ils souffraient d’une maladie mentale. Etre thérapeute auprès de victimes de traumatismes peut entraîner une souffrance psychologique cumulée se manifestant sous forme de certains symptômes post-traumatiques révélant un traumatisme vicariant ou secondaire. L’usure de compassion, terme parfois utilisé comme synonyme, est pourtant quant à elle conceptualisée comme la somme de deux entités : le trauma vicariant et le burn out. La vulnérabilité à ces modifications cognitives est d’autant plus grande chez les soignants qu’ils présentent une exposition personnelle à des évènements traumatisants importante. L’élaboration d’échelles d’évaluation validées permet de mener des études sur ces différentes dimensions (« usure de compassion », traumatisme vicariant, burn out,…) parfois comprises comme conséquences néfastes de stratégies de coping dépassées. En France, le développement de la prise en soin des victimes de psychotraumatisme, doit conduire à étudier l’impact de celui-ci sur les personnels soignants.