Les activités mentales et processus neurobiologiques sous-jacents sont ancrés dans des contextes et des fonctionnements sociaux dont l’influence fait désormais l’objet de nombreux travaux expérimentaux en référence à la « cognition sociale » et aux « neurosciences cognitives, sociales et affectives ». Précisément, les travaux présentés dans notre communication contribuent à élucider comment certaines composantes élémentaires de la vie en société (simple présence des autres, évaluations de soi et comparaisons sociales interpersonnelles, stéréotypes sociaux) agissent sur les performances cognitives (attention, raisonnement, mémoire) à tous les âges de la vie. Nous rappellerons d’abord les effets attentionnels liés, chez l’homme et chez le primate non humain, à la présence des congénères [1–3] et leurs conséquences pratiques pour l’utilisation des tests neuropsychologiques impliquant en particulier les fonctions exécutives. Nous verrons ensuite comment des facteurs psychosociaux plus intégrés, comme certains stéréotypes sociaux en rapport avec le genre ou avec le vieillissement, influencent les performances des personnes stigmatisées (visées par ces stéréotypes), avec pour conséquence le maintien artificiel de certaines différences entre les deux sexes s’agissant notamment des compétences visuo-spatiales, ou entre personnes jeunes et âgées s’agissant de la mémoire et des capacités d’inhibition cognitive [4,5].