C'est au cours du IIe millénaire avant notre ére, plus exactement vers la fin du XVIe siècle, que l'île de Chypre a connu sa première écriture. L'aspect et la nature des plus anciens documents indiquent que cette écriture est très probablement issue du “linéaire A” crétois, et pour cette raison, Arthur Evans l'avait dénommée “chypro-minoenne”. Cette branche la plus orientale des écritures linéaires égéennes va connaître assez rapidement un développement autonome et donner naissance à des répertoires nouveaux, soit à Chypre même, sur le site d'Enkomi, soit, hors de l'île, à Ras Shamra-Ougarit, sur la côte syrienne. En effet, si la documentation encore insuffisante ne permet pas de retracer toutes les étapes de son développement, il est possible de déceler les phases essentielles. II y a tout d'abord une période archaïque, représentée par de rares témoignages datant du XVIe et du XVe siècle, lesquels, aussi bien par leur présentation matérielle que par le dessin précis des signes, apparaissent encore comme des reflets fidèles de ceux des documents crétois. Ensuite, vers le XIVe siècle, on voit apparaître un répertoire chypro-minoen bien établi, qui a pris son caractère propre et ne montre plus qu'une ressemblance lointaine avec l'écriture “mère” de la Crète.