A ses origines, la Croix-Rouge a eu pour seul but de seconder les Services de santé des armées en temps de guerre. Cependant déjà Henri Dunant a entrevu les horizons plus vastes qui s'ouvrent devant la Croix-Rouge;. En effet, elle a bientôt élargi son action ; elle a créé d'abord, en temps de paix, une aetivité en faveur des malades, pour être à la hauteur de la mission qu'elle aurait à remplir dans la situation tragique qu'envisage la Convention de Genève.

Depuis douze ans, le nombre mondial des chômeurs involontaires n'est pas descendu au-dessous d'une dizaine de millions. Depuis deux ans, il reste au-dessus d'une vingtaine de millions. Depuis quelques mois, il dépasse 25 millions.

Environ cent cinquante officiers du Service de santé de vingt-six nations ont pris part, du 22 au 25 juin, à la deuxième session de 1'Office international de documentation de médecine militaire à Liége. La «Cité ardente», qui abrite définitivement le secrétariat et les archives de l'Office, a reçu ses hôtes de quelques jours avec enthousiasme et cordialité. Le temps, malheureusement maussade et froid, n'arriva pas à diminuer le zèle et la bonne humeur des participants, qui assistèrent très nombreux à toutes les conférences et aux nombreuses récaptions qui avaient été aimablement préparées.

Les circonstances dans lesquelles les hommes sont débarqués varient considérablement, de sorte que la description qui suit ne peut servir que d'esquisse à ce qui peut être requis en général, et doit être adaptée aux conditions locales.

S.A.R. le prince Charles de Suède, dont le 70eanniversaire a été célébré le 27 février 1931, vient de faire paraître, sous le titre Jag minns « Je me souviens », un livre d'un haut intérêt. Les mémoires d'un prince de sang royal appartiennent à l'histoire, même lorsqu'ils relatent des souvenirs d'enfance et de première jeunesse. C'est ainsi qu'on trouvera dans ce volume des évocations des couronnements du roi Oskar II et du tzar Alexandre III. Puis viennent des souvenirs d'étudiant, de cavalier de la Garde, d'officier de l'Etat-Major général, enfin d'inspecteur de la Cavalerie, des récits d'un voyage aux Indes, en Palestine et en Syrie. Le chapitre consacré à la Croix-Rouge suédoise n'est pas le moins important.

En réponse à l'aimable invitation de la Croix-Rouge d'Estonie, le Comité international de la Croix-Rouge m'avait désignée pour assister au congrès des infirmières des Pays Baltes. Il se réunissait à Tallinn du 25 au 27 juillet, et j'ai profité de ce voyage pour rendre une visite rapide aux différentes Croix-Rouges des pays du nord de l'Europe, que je ne connaissais pas. Par l'entremise de MIle Kuschke, la Croix-Rouge de Lettonie avait eu la charmante pensée de m'engager à passer quelques jours à Riga, pour connaître de plus près les œuvres de paix créées par la Croix-Rouge, et c'est pour ce motif que mon séjour en Lettonie a été de plus longue durée. Mrs. Carter, chef de la Section des infirmières dela Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge avait reçu une invitation semblable, et c'est avec elle que j'ai eu le plaisir de visiter les Croix-Rouges des Pays Baltes. Dans ce voyage, nous avons été heureuses l'une et l'autre de constater une fois de plus la similitude de vues de la Ligue et du Comité international en ce qui concerne les questions si importantes, de la formation et de l'activité des infirmières de la Croix-Rouge.

La chose la plus frappante pour qui traverse la mer intérieure et aborde à Kobe, c'est l'extrême amabilité, la grande courtoisie et la politesse innée avec lesquelles — contrairement à ce qui se passe dans d'autres ports — s'accomplissent les formalités d'inspection médicale, de débarquement et de douane. Cette grâce naturelle des habitants de l'Empire du Soleil Levant est le fruit d'une civilisation plus que deux fois millénaire qui, malgré les apports extérieurs, chinois, européens, etc. a néanmoins pu se déelopper indépendamment sur un sol libre, à l'abri des invasions barbares qui ont failli détruire à maintes reprises les civilisations chinoise, gréco-latine et hindoue. Malgré les énormes transformations qu'ont produit dans ce pays l'introduction du boudhisme au VIIe et au VIIIe siècle et, bien plus tard, au XIXe, l'adoption des méthodes scientifiques et techniques de l'Europe et de l'Amérique, il saute aux yeux, même de l'observateur non prévenu, que le Japon représente une unité historique culturelle et civilisatrice sui generis, assez différente de la plupart des pays européens aux frontières instables et arbitraires. Le Japonais qui a toujours su défendre son territoire contre les attaques étrangères, n'est cependant pas un peuple conquérant et colonisateur, tel que l'Anglo-Saxon et l'Espagnol, par exemple, et même si depuis quelque quarante ans — pour défendre et maintenir son indépendance et son développement naturels — les armées japonaises ont combattu sur le Yalu, le Peiho et dans les steppes de la Mandchourie, c'est leur propre pays que les Japonais aiment et c'est à lui qu'ils retournent toujours tôt ou tard.

Depuis plusieurs années déjà, on avait la certitude que dans les cas d'anémie grave une transfusion de sang, c'est-à-dire la transmission du sang d'une personne saine dans le système vasculaire du malade pouvait sauver la vie de ce dernier. On obtenait souvent d'excellents résultats dans les cas de grandes pertes de sang. Cependant, jusqu'à ces dernières années, ce mode de traitement n'avait pas été généralisé. On avait vu jusqu'alors apparaître encore trop souvent, après la transfusion de sang, de fortes réactions (fièvres, suffocations, troubles cardiaques), qui entraînaient la mort.

Au moment même où s'ouvrait à Genève la première Conférence du désarmement, la jeunesse européenne était appelée par le Mouvement International de La Réconciliation à participer à une grande Croisade en faveur du désarmement. Voici en quels termes on l'y conviait, des secrétariats de France, d'Allemagne, d'Angleterre, d'Autriche, de Belgique, de Hollande et de Suisse :

Au milieu de la décrease actuelle, les peuples ont devant eux l'un des plus grands devoirs humains, la chrétienté une de ses tâches les plus sacrées : il s'agit de déposer enfin les armes de la destruction et du meurtre, et de les remplacer par les instruments de la paix et de la justice.

Si la Convention relative au traitement des prisonniers de guerre, du 27 juillet 1929, avait été conclue à la fin du XIXe siècle, ou même dans les premières années du XXe, elle eût été considérée comme un monument capital du droit des gens. Elaborée après la grande guerre, alors que les problèmes posés par la reconstruction de l'Europe et l'avènement de la Société des nations accaparaient l'attention des hommes d'Etat aussi bien que celle des jurisconsultes, et signée au moment où le pacte Kellogg-Briand marquait l'apogée de l'irrésistible et magnifique mouvement tendant à proclamer l'illégalité de la guerre comme instrument de politique nationale, cette Convention, sans passer inaperçue, n'a pas eu le retentissement qu'elle aurait eu un quart de siècle plus tôt. Ses dispositions, qui codifient les stipulations contenues dans les accords conclus par les belligérants au cours de la grande guerre, ont semblé n'être que l'écho d'une période atroce, dont on eût désiré pouvoir bannir le souvenir. Et ceux qui collaborèrent à leur élaboration sont apparus, aux yeux de beaucoup, comme des retardataires, qui cherchaient leur inspiration dans un passé à jamais révolu.

Nouveaux venus parmi tous les autres, les Congrès d'hygiène urbaine et de technique sanitaire échappent aux règies habituelles aux assises d'ordre médical pur. Leurs buts étant aussi étendus que variés, on les voit englober dans leurs réunions non seulement les médecins, mais aussi tous ceux qui, à un titre quelconque, s'adonnent aux recherches susceptibles d'entraîner des réalisations pratiques et rapides sur les bases fournies par la science et le laboratoire, c'est-à-dire les ingénieurs, les architectes et les techniciens de tous ordres.

La Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge a eu la grande amabilité d'inviter le Comité international de la Croix-Rouge à se faire représenter à la cérémonie de distribution des certificats aux infirmières des cours internationaux de Londres. Désignée pour cette mission, c'est avec un très grand plaisir que je l'ai acceptée. L'année dernière, lors de mon voyage dans les pays Baltes et en Finlande, j'avais eu l'occasion d'apprécier le travail des anciennes infirmières des cours internationaux. Leur intelligence, leur persévérance et leur esprit d'initiative avaient suscité mon admiration. Ces infirmières avaient créé ou développé dans leur pays des œuvres pratiques d'une très grande utilité ; par leur enthousiasme et leur ardeur au travail, elles contribuaient dans une forte mesure à élever le niveau du Nursing tout en propageant cet esprit de Croix-Rouge qui inspire tant de dévouement et d'intelligence dans la lutte contre toutes les souffrances humaines. Grande admiratrice de l'œuvre accomplie, j'avais le désir de connaître Manchester Square, ce home londonien dont chacune m'avait parlé avec reconnaissance, Bedford College et le College of Nursing, où elles avaient suivi des cours aussi intéressants qu'utiles, dont elles conservaient un excellent souvenir.

Reportons-nous à 40 ans en arrière. A cette époque, lorsque l'hiver faisait son apparition dans les Alpes, personne ne pensait plus à des ascensions, car les grandes masses de neige rendaient les excursions tout à fait impossibles, faute de moyens appropriés. Pendant les mois d'hiver, une paix profonde s'étendait sur les vallées et les sommets recouverts de neige; seuls les gardes-forestiers et les gardes-chasse, pour accomplir leur service, se frayaient péniblement un chemin dans ces contrées inhospitalières. Lorsque le ski parcourut sa carrière triomphale depuis les pays du nord jusque dans toute l'Europe, ce ne furent d'abord que gardes-chasse et forestiers qui employèrent les minces et longues planches pour rendre moms malaisées leurs difficiles tournées. Puis, voici que, des plaines et des grandes villes, arriveèrent isolément des admirateurs de la nature ; bientôt ils se rendirent compte que les skis avaient une grande valeur pour le tourisme ; d'un moyen, ils en firent une fin, pour pouvoir entreprendre des excursions, même en hiver. Dans leurs courses, ils furent frappés d'admiration devant la sublimité de la montagne dans la grande solitude hivernale: ils se le dirent de l'un à l'autre, et le nombre des skieurs augmenta d'année en année.

En octobre 1928, la Croix-Rouge polonaise soumettait à la XIIIe Conférence internationale de la Croix-Rouge un projet de résolution invitant les gouvernements signataires de la Convention de Genève à bien vouloir consentir, par la voie de concessions réciproques, à exonérer de tous frais de transport et de tous droits d'entrée le matériel sanitaire destiné à l'Institut international d'études de matériel sanitaire. Les considérants dont le rapport de la Croix-Rouge polonaise était accompagné doivent être rappelés ici :

La standardisation des types d'objets essentiels faisant partie du matériel sanitaire, destinés surtout à servir en temps de guerre, l'internationalisation pour ainsi dire, de ce matériel, à quoi tend si efficacement la Commission internationale de standardisation, est d'une telle importance pour le Service de santé, qu'il faut soutenir les nobles efforts du Comité international en aplanissant les obstacles obstruant la voie menant au but qu'il poursuit avec tant de persévérance.

L'une des questions les plus importantes est celle de la fourniture à l'Institut international d'études de matériel sanitaire de Genève, du plus grand nombre possible de projets et de modeles d'inventions nouvelles, concernant le matériel sanitaire.

En travaillant assidûment à populariser l'idée de la standardisation du matériel sanitaire et en stimulant l'esprit d'invention, il faut aussi procurer aux inventeurs la possibilité d'envoyer leurs esquisses, dessins, projets et modéles è l'Institut d'études de Genève, moyennant des frais de transport réduits au minimum.

Les Mémoires d'infirmières, les souvenirs de guerre de médecins ou brancardiers ne sont jamais dépourvus d'intérêt: on y retrouve amplifiées, modifiées, parfois sous un jour nouveau, ses propres émotions et angoisses des années cruelles, ou bien l'on vit avec l'auteur des heures d'inquiétude encore ignorées. Mais rares sont aujourd'hui ceux dont les souvenirs détaillés peuvent porter à la fois sur la guerre de 1870 et sur celle de 1914–1918, qui ont eu, comme le dit le Dr Flesch, le « tragique privilège ’ de prendre part pendant ces deux guerres à l'œuvre du Service de santé, d'abord — en 1870 — comme volontaire de la Croix-Rouge, membre d'une colonne sanitaire, puis en 1914–1918, comme chef d'une formation sanitaire du front et du service des étapes et enfin comme directeur d'un hôpital de campagne. Ces souvenirs, en quelque sorte ce « carnet de route », d'un médecin allemand présentent à ce titre une valeur toute particulière. La sincérité des sentiments qui y sont exprimés, ainsi que l'ampleur des connaissances historiques, administratives et médicales qui s'y font jour au cours de critiques des plus averties, quoique toujours bienveillantes, permettent d'en faire un véritable historique de l'organisation de la Croix-Rouge allemande, en même temps qu'un réquisitoire contre la guerre elle-même.