C'est le cœur oppressé par le spectacle et la pensée des luttes sanglantes qui se succèdent presque sans interruption depuis cinq mois, que nous publions ce 6e Bulletin. Lorsque, à la fin d'octobre, nous réunissions, dans notre précédent fascicule, des notices sur les efforts combinés des sociétés de secours de tous pays, nous étions loin de prévoir qu'il y aurait encore de longues pages à ajouter à l'histoire de leur activité pendant la guerre actuelle, et qu'au terme de l'année 1870, nous les retrouverions à l'œuvre, devant un champ de travail qui n'a cessé de s'élargir. Telle est pourtant la réalité; au lieu de se reposer après le début grandiose dont nous avons déjà présenté un tableau à nos lecteurs, les sociétés de la Croix rouge ont dû redoubler de zèle et faire face à des misères qui ont dépassé toute prévision. Mises à cette rude épreuve, nous necraignons pas de leur rendre de nouveau le témoignage qu'elles ont été à la hauteur de leur mission, et que les services rendus par elles, durant ce trimestre, ne le cèdent en rien à ceux du commencement de la campagne. Elles ont eu cependant à hitter contre des difficultés nouvelles, provenant, soit de l'extension croissante du théâtre de la lutte, soit de l'épuisement des ressources, soit de concurrences redoutables, telles que l'assistance des prisonniers de guerre, des exilés, des populations ruinées, sans parler des pauvres qui, pendant la saison d'hiver, réclament toujours de leurs bienfaiteurs habituels un surcroît d'aumônes.