« C'est dans l'aveu que se lient la vérité et le sexe »
(M. Foucault, La volonté de savoir, p. 82).Un livre subtil et violent nous adresse, comme naguère Montaillou ou le Fromage et les vers, l'écho de voix qui s'élève d'un dossier, les 350 folios d'un procès soutenu au milieu du XVIe siècle devant la curie épiscopale de Feltre, dans l'arrière-pays vénitien. Ces voix sont celles des cinquante témoins cités sur le point de savoir si Gerolamo da Mezzan, patricien de Feltre, notaire et membre du Conseil, devait être reconnu comme le mari de Fiorenza dalla Croce, jeune Vénitienne, soeur du chirurgien de la Commune, qu'il fréquentait depuis cinq ans.
Au centre du livre, une histoire d'amour, deux jeunes gens et leur famille. Expériences et personnages qui n'existent pour nous que dans des paroles rapportées, des gestes décrits, à travers des rumeurs, des regards, des impressions ; reflets déformés par la maladresse, la bêtise, la haine et où brillent, par éclats, un pur visage, un sanglot vrai, un trait perçant.