D'Introduction très récente, historique, le chameau est venu tard en Afrique du Nord, au point que sa présence a suggéré la division de l'art rupestre saharien en une période « préeameline » néolithique et une période « cameline » où débute la protohistoire avec les inscriptions libycoberbères. Chèvres et moutons apparurent bien avant lui, dès le néolithique. L'éléphant s'y installa très tôt : à Velephas atlanticus de la fin du paléolithique succéda, au néolithique, Velephas africanus qui se maintint là jusqu'au IIIe siècle de notre ère. Le cheval aussi arriva avant le chameau : la race des chevaux barbes, à profil busqué, serait venue après l'établissement des Hyksos en Egypte (XVIIIe dynastie), suivie, on ne sait quand, par la race aryenne ou arabe, à profil rectiligne, et par la race orientale, à profil concaviligne.

Depuis fort longtemps, les historiens ont témoigné d'un grand intérêt à l'égard de l'histoire minière de l'Europe médiévale. De nombreux articles, des ouvrages traitent du développement des mines et de leur production. Tous ces travaux évidemment en fonction de l'importance de l'argent et de l'or dans l'économie européenne du Moyen Age. Cependant, au milieu de toutes ces études, la Serbie et la Bosnie n'ont pas reçu la place qui doit leur revenir. Le présent article s'efforce de combler cette lacune et de montrer l'importance considérable des mines de Serbie et de Bosnie sur le plan de l'histoire générale de l'Europe.

Il m'a été donné, lors d'un récent séjour a, de travailler, assez longuement, dans les importantes archives publiques et privées de Santiago de Chile. C'est un privilège assez rare pour un historien préoccupé de ne pas mesurer la vie du monde aux seules échelles de l'Europe, mais à qui manquent d'ordinaire des matériaux neufs, des contrôles inédits et en bonne place. Cet historien imagine, en cette marge du Nouveau Monde, une histoire révolutionnaire et à créer de toutes pièces d'un XVIIIe siècle qui serait enfin vu, pesé et compris aux dimensions du globe. Il a sous les yeux une économie assez particulière, dessinée à grande échelle, discernable à première observation.

Les Termes « sous-développement », « sous-développés », qui sont aujourd'hui d'un usage courant, prêtent à confusion : sous-développement par rapport à quoi? Par rapport à un niveau de développement (notamment industriel) atteint par d'autres pays, ou par rapport à un niveau de développement que pourrait atteindre, si des conditions favorables étaient remplies, le pays considéré comme sous-développé? Si le terme de sous-développement est pris dans le sens indiqué par la première de ces relations, il signifie plutôt une inégalité de développement entre un pays déterminé et d'autres pays ; si le terme est pris dans le sens indiqué par la deuxième de ces relations, il désigne plutôt une insuffisance de développement par rapport à la capacité d'un pays donné.

« Il y a une crise générale des sciences de l'homme », écrit Fernand Braudel, dans un article auquel je voudrais, en partie, répondre. Que cette crise générale soit aussi directement une crise de l'histoire, nul n'en doutera un seul instant. Mais tout cela est-il si nouveau ? Cette crise n'est-elle pas permanente, n'a-t-elle pas toujours existé? Au temps de Bodin et de Montaigne, comme pour Voltaire et Mably ; elle a pareillement existé à l'époque de la grande « Methodenstreit » autour de Karl de Lamprecht ; elle existe encore lorsque Henri Berr fonde, en 1900, la novatrice Revue de Synthèse historique, plus encore lorsque Marc Bloch et Lucien Febvre, dix ans après la fin de la première guerre mondiale, fondent, en 1929, les Annales.

La présente note a pour but de souligner l'importance des importations romaines découvertes en Pologne au cours de ces dernières années, et à présenter une esquisse des problèmes que posent ces recherches archéologiques.

Parmi les nombreuses importations romaines provenant de fouilles archéologiques et de trouvailles fortuites qui ont dernièrement eu lieu en Pologne, il faut mentionner en premier lieu la découverte en 1947, dans la localité de Leg Piekarski, district de Turek, d'une sépulture dite « tombe de prince ». Dans la tombe, se trouvait en petit seau en bronze (situla) entouré de pierres ; on avait placé sans doute dans le petit seau une urne cinéraire en argile contenant des os à demi consumés.

Les Congrès généraux des historiens polonais depuis leurs débuts (1880) ont toujours fourni l'occasion de discuter des plus graves problèmes de recherches et d'examiner des questions douteuses de l'historiographie. Ces dernières années — plus souvent qu'autrefois — se sont tenus des colloques de spécialistes ; toutefois les Congrès généraux ont conservé en Pologne leur rôle de « parlement » des historiens de toutes les disciplines. Ils réveillent aussi l'intérêt des différents cercles de la société pour l'histoire, surtout celui des instituteurs qui, par leurs délégués, participent aux Congrès.

Ce n'est pas par vaine gloriole que nous signalons aujourd'hui à nos lecteurs la note consacrée, il y a quelque temps déjà, par le Kwartalnik Historyczny à notre Revue. Que la principale revue d'histoire de Pologne consacre plusieurs pages à analyser, jusque dans le détail des notes critiques, nos quatre livraisons de l'année 1957, n'est évidemment pas sans nous faire plaisir. Il est agréable de constater le succès de notre effort pour maintenir à la revue de Marc Bloch et de Lucien Febvre l'audience internationale qu'elle s'était acquise dès avant la guerre, d'autant que cette analyse révèle une sympathie très vigilante.

Dans cet article, notre intention est de parler seulement des travaux sur le monde occidental ; elle n'est pas de polémiquer. Mais entendonsnous bien tout d'abord sur quelques principes d'ordre général et sur le sens prêté à tels ou tels de nos mots. Ces mises au point ne surprendront d'ailleurs que les lecteurs qui ne sont pas familiarisés avec notre historiographie. Mais il importe d'éclairer notre lanterne.

Les historiens soviétiques appellent Moyen Age l'époque d'installation, d'épanouissement puis de décadence des rapports « féodaux », c'est-à-dire l'espace de temps qui s'écoule de l'écroulement de « l'esclavage » (fin du Ve siècle) jusqu'à la désagrégation du régime féodal, survenue dans les pays de l'ouest européen les plus évolués vers le milieu du XVIIe siècle.

Dans les premières années de la Restauration, un voyageur qui traversait la France du sud au nord avec le regard pénétrant et la lucidité d'un Young, tomba un jour en arrêt devant une région ne ressemblant à aucune autre. Il ne fit que la contourner, en notant quelques aspects marquants de l'extérieur. Cet îlot singulier des pays d'ouest, qui avait frappé P. de Vaudreuil, c'est la Gâtine poitevine.

Tellement singulier que le XIXe siècle et les premières années du XXe ont vu successivement agronomes, géologues, médiévistes, géographes et administrateurs essayer d'en pénétrer les secrets. Et tout d'abord, d'en dessiner le contour. Où commence et finit cette Gâtine? C'est là où personne n'est d'accord.

Nous attendions depuis longtemps le grand livre que notre ami Paul Leuilliot avait l'intention de consacrer à l'Alsace entre 1814 et 1830. C'est dire le plaisir que nous avons déjà éprouvé à lire, la plume à la main, les deux premiers des quatre tomes entre lesquels cette thèse monumentale est distribuée Bien qu'il soit délicat de rendre compte d'un fragment d'oeuvre et que la publication des volumes restant à paraître ne puisse tarder beaucoup, nous n'avons pas cru pouvoir nous dérober à la cordiale invitation qui nous a été faite de coucher dès à présent par écrit nos impressions.

Voila que paraît, six ans après la mort de l'auteur, l'ébauche du livre préparé par Jean Casevitz. Jean Casevitz ! ce nom évoque pour moi, d'abord, tout un lointain passé. L'époque où, jeune étudiant, frais émoulu de ma Faculté de province, j'arrivais à la Sorbonne pour préparer l'agrégation. J'étais intimidé par ce groupe de jeunes Parisiens qui se connaissaient depuis longtemps, par ces Normaliens, qu'à tort ou à raison, nous jugions de redoutables concurrents. Un de ceux qui vinrent à moi, avec le plus de gentillesse, fut Jean Casevitz. Je revois encore sa bonne figure rouge, sa démarche balancée, je me souviens de sa conversation si séduisante.