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Régions naturelles et groupes sociaux

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

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Entre les ouvrages que l'on trouvera réunis ci-dessous dans une même discussion critique, les oppositions ne manquent point. Différences d'horizon, inégalités de valeur, il n'est guère besoin d'y insister. Surtout, d'auteur à auteur la formation première autant que les préoccupations habituelles accusent de très vifs contrastes : géographes à la manière française, Allemands élevés à l'école de la Siedelungskunde, historiens proprement dits, travailleurs hantés avant tout par les soucis pratiques, autant de façons différentes d'appréhender le réel et de l'interpréter. Entre ces écrits disparates, les faits observés mettent cependant une unité profonde. Soit, faisceau complexe de conditions physiques et de traditions humaines, un milieu régional donné ; comment les hommes, qui, en groupe, vivent et peinent sur ce sol et parmi ces souvenirs, modèlent-ils sur eux leur action ? par quel long travail d'adaptation, à leur tour, les voit-on, peu à peu, plier à leurs besoins nouveaux et l'héritage ancestral et la nature même : telle est, tantôt nettement conçue, tantôt plus ou moins obscurément pressentie, la double question que le spectacle du présent comme celui du passé ont posée à tous les chercheurs. Et s'il est vrai que chacun d'eux l'a abordée de son biais propre, raison de plus pour rapprocher ici les résultats de ces enquêtes convergentes.

Type
Du Passé au Présent : A Travers Livres et Revues
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1932

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References

page 489 Note 1. Union Géographique Internationale. Congrès International de Géographie. Paris, septembre 1931. Paris, A. Colin, 1931 ; in-8°, 120 p. Sur le précédent congrès, à Cambridge, cf., dans les Annales, t. I, 1929, p. 73, les observations de MIIe M. A. Lefebvre. Sans vouloir faire un choix, il sera permis de signaler les trois remarquables communications de Mrs A. Charton, Aug. Chevalier et E.-P. Gautier sur la vie humaine en A.O.F.

page 490 Note 1. Sur cette enquête, voir déjà Annales, t. I, 1929, p. 421. Le problème des Congrès historiques nous a occupés ici à maintes reprises ; il nous occupera sans doute encore : cf. nos observations sur le Congrès d'Oslo, Annales, t. I, 1929, p. 71, celles de Mr Renouvra sur le Congrès d'Alger, t. III, 1931, p. 70, et, sur les Congrès des Sociétés Savantes, la note de Lucien Febvre, t. I, 1929, p. 411.

page 490 Note 2. Union Géogsaphique Internationale. Troisième rapport de la Commission de l'habitat rural préparé pour le Congrès International de Géographie, Paris, 1931, par A. Demangeon. Florence, Bureau du secrétaire général, via Cesare Battisti ; in-8°, 47 p.

page 492 Note 1. Dupin, Réquisitoires, t. VI, 1842, p. 493. J'ai touché à ces problèmes, mais beaucoup trop sommairement, dans mes Caractères originaux de l'histoire rurale française, p. 155 et suiv. Parmi les procédés d'investigation, si divers, auxquels doit recourir l'histoire de l'habitat, il y aurait peut-être lieu d'accorder une place à l'étude des noms de famille. C'est un fait d'observation courante que dans certains villages presque toute la population se répartit entre trois ou quatre patronymes, alors que dans d'autres — voire dans des hameaux — chaque ménage, ou peut s'en faut, a son nom à lui. Certainement ces différences ne sont pas l'effet du pur hasard. L'examen des registres paroissiaux permettrait de pousser la recherche assez loin vers le passé.

page 493 Note 1. A travers le Massif Central : Ségalas, Levizou, Châtaigneraie. Aurillac, Éditions U. S. H. A., 1931 ; in-8°, XIX-490 p., 63 cartes et graphiques, 6 pl. photographiques. L'ouvrage a été présenté comme thèse de doctorat à la Sorbonne.

page 494 Note 1. Notations très justes au contraire (p. 376) sur la vitalité du department.

page 495 Note 1. Annales, t. I, 1929, p. 137.

page 497 Note 1. Voici quelques remarques sur des points particuliers. La « devèze » est définie, tantôt (p. 104) «prairie de mauvaise qualité», tantôt (p. 218) «prairie qu'on ne fauche pas»; j'ai déjà eu l'occasion de rappeler (Annales, t. IV, 1932, p. 426) que la définition originelle ne saurait avoir été que juridique; une devèze est un «défens», c'est-à-dire un terrain interdit, à certains moments — qu'il faudrait préciser — au parcours des troupeaux.— La vaine pâture, tenue pour primitive, a « tendu à disparaître » dès avant le XVIIe siècle ; je le croirais d'autant plus volontiers qu'une pareille transformation répond parfaitement à une évolution que j'ai ailleurs cherché à retracer ; mais on aimerait savoir si, de cette pratique disparue », Mr Meynier a rencontré des traces certaines, en dehors des quatre paroisses où on la constate encore au XVIIe siècle, ou bien s'il n'admet son existence ancienne que par hypothèse. — L'absence de toute mention de bovins — ou peu s'en faut — dans les chartes médiévales (p. 455) s'explique peut-être par le haut prix relatif de ces bêtes, qui les empêchait de figurer parmi les redevances usuelles ; je crois bien que le même silence se retrouve ailleurs. — A partir de 1769, nous dit Mr Meynier, et jusqu'en 1783, on voit à Calviac le nombre des ventes de parcelles augmenter. Observation importante, surtout, cela va de soi, si elle doit être confirmée par l'étude d'autres localités, mais observation trop évidemment incomplète : quels étaient les acheteurs ? petits paysans ou riches rassembleurs de terres ? selon la réponse, la nature du phénomène changera du tout au tout.

page 497 Note 2. Paris, A Colin, 1931 ; in-8°, 415 p., 13 pi., 21 fig. L'ouvrage porte en sous-titre : Étude de géographie humaine. Dans mon compte rendu, les indications de pages, sans précision de titre, doivent s'entendre comme se référant à cette thèse principale.

page 497 Note 3. La transhumance pyrénéenne et là circulation des troupeaux dans les plaines de Gascogne. Paris, Colin, 1931 ; in-8°, 133 p., 6 fig.

page 500 Note 1. Au moyen âge, les troupeaux du versant français hivernaient aussi dans la vallée de l'Èbre. Cette pratique, aujourd'hui, a tout à fait disparu (Transhumance, p. 113, n. 10). Pour l'étude de notion de frontière, et de son évolution, point de champ d'expérience plus instructif que cette zone pyrénéenne.

page 500 Note 2. Le problème, on le sait, dépasse de beaucoup le cadre aquitain ; d'où, dans le récit de Mr Cavaillès, quelques imprécisions ou inexactitudes, dont il serait injuste de lui faire grief. Le rôle de l'intendant d'Étigny, notamment, est assez imparfaitement décrit ; cf. la thèse principale, p. 155. Mr Cavaillès n'a, naturellement, pu connaître mes articles sur La lutle pour l'individualisme agraire, parus ici-même en 1930 ; il y aurait trouvé quelques indications, de caractère d'ailleurs beaucoup trop général. La question serait à reprendre par un érudit au courant de l'histoire particulière du pays et en situation de procéder à un dépouillement très complet des archives.

page 501 Note 1. Troyes, J.-L. Patou, 1931 ; in-8°, 204 p., 1 carte (office régional agricole de l'Est, Bulletin n° 37). Cf. Annales, t. III, 1931, p. 468.

page 502 Note 1. L'évoluiiun de l'agriculture de la Manche en un siècle, 1830-1930. Sans indication de lieu, d'éditeur ou de date; in-8°, 138 p., 1 carte, nombreux graphiques. Mr Vezin est aujourd'hui Directeur des Services agricoles du Nord.

page 503 Note 1. Mr Vezin renvoie sur ce point au très utile ouvrage de Mr Caziot, La valeur de la terre en France, 1914.

page 503 Note 2. Signalons en note la thèse de droit de Mr Yves Bras intitulée Études sur le développement économique de l'arrondissement de Saint-Flour (Paris, Domat-Montchrestien, 1931 ; in-8°, 214 p., 2 fig., 8 cartes liors texte). On y glanera, cà et là, quelques observations justes et instructives : sur la situation présente de l'ouvrier agricole, auquel la rareté de la main-d'oeuvre assure des gains beaucoup moins aléatoires que ceux du petit propriétaire, sur le rôle que réservent aux banques, aux banques régionales surtout, à la fois la nouvelle mentalité économique du paysan, qui s'est pris à rechercher les placements de Bourse, et son ignorance atavique des conditions du marché. Mais tout cela si peu creusé, si à part des grands problèmes, à ce point mêlé d'affirmations pour le moins intempérantes — voyez sur la morphologie du Massif Central « vaste cercle dont le bord est relevé et dont le centre est occupé par un piton », ou dans un autre ordre d'idées, sur la prétendue Insignifiance politique du Sénat — que l'on est tenté d'incriminer, avant tout, notre système d'enseignement qui, après avoir lancé sur le terrain, sans le munir de l'indispensable questionnaire, un enquêteur inexpérimenté, le contraint d'encombrer ensuite la librairie d'une production prématurément livrée aux presses. Comme suite à une remarque faite plus haut, à propos des Ségalas, je signale que la Planèze, elle aussi (p. 110), appartient à la zone de contact entre les deux grandes régions d'assolement biennal et triennal. Nous sommes si loin encore de posséder une carte de cette répartition qu'il faut recueillir avec soin toutes les indications susceptibles d'orienter les travailleurs à qui, un jour, il incombera de la tracer

page 503 Note 3. Dijon, M. Rebourseau ; in-8°, p. V-VXI et 817-1249, 30 cartes.

page 504 Note 1. l'Ile-de-France. 1913, p. 69-70 (Publications de la Revue de synthèse historique : Les régions de la France).

page 504 Note 2. Studien zur Agrargeschichte von Kurtrier. Bonn, Röhrscheid, 1931 ; in-8°, VI-81 p., 1 carte iRheinisches Archiv, 16).

page 504 Note 3. Entmchlungsgeschichte der Kulturlandschaft des Herzogtums Schleswig in historischer Zeit. Erster Band : Entmchlungsgeschichte der Kulturlandschaft auf der Geest und im ôstlichen Hügelland des Herzogtums Schleswig bis zur Verhoppelungszeil. Breslau, F. Hirt, 1930 ; in-8°, 523 p., 3 cartes hors texte et 14 lig. (Veroffentlichungen der Schleswig- Holsteinischen Universitdtsgesellschaft 25, 1 —Schriflender Baltischen Kommission zur Kiel, XVII, 1).

page 507 Note 1. Die Kolonisation MecMeriburgs im 13. Jahrhunderi. Breslau, Priebatsch, 1930 ; 1 vol, XII-438 et XXII-485 p., 4 cartes et tableaux ; 1 album de fac-similé : Registrum Raceburgense : a. 1229-30. La première esquisse du livre avait été conçue, naguère, au séminaire historique de l'Université de Moscou, que dirigeait alors Paul “Vinogradoff ; ainsi cette oeuvre importante peut revendiquer le patronage de celui que Mr Le Bras, ici-même, appelait le grand « docteur oecuménique ». Il n'est que juste de rappeler, par ailleurs, qu'un bon exposé de l'histoire de la colonisation mecklembourgeoise, telle qu'on la concevait avant Mr Jegorov, avait été donné, en 1926, par Mr Heinz Maybaum, dans son livre Die Enlstehung der Gutsherrschaft im nordvtestlichen Mechlenbwg (Beihefte zur Vierteljahrschrift für Sozial-und Wirtschaftsgeschichle).

page 507 Note 2. Contredites en toute probité, cela va de soi. Mr Jegorov a pris soin de préciser que, publié en 1915, son livre ne portait point de traces de l'esprit de guerre. Certes.

page 507 Note 3. Voici quelques observations de détail, sur l'exposé critique du tome I. On est un peu surpris de voir Ruteboeuf traité de « troubadour » (I, p. 33). — Helmold ignorait-il les parlers slaves ? Mr Jegorov l'affirme, mais sa démonstration (I, p. 58) me paraît plus subtile que convaincante. — Est-il bien exact de dire que l'Église médiévale n'a pas vu d'inconvénients à la lecture de la Bible par les laïques (I. p. 87) ? Elle n'a pas toujours favorisé les traductions. Quant à l'usage de centons bibliques par les écrivains, je ne crois pas qu'il les ait jamais empêchés d'exprimer à peu près exactement ce qu'ils voulaient dire : le vocabulaire de la Bible se pliait aisément à tous les besoins. — De même, je n'oserais guère affirmer que les innombrables « parallélismes et répétitions» dont Helmold se rend coupable montrent « combien chez lui le mot nuit à la chose” (p. 133). Qui de nous, pour peu qu'il ne se surveille point, n'écrit par formules, sans cesse stéréotypées ? — L'acte écrit toujours préféré, dans le Sud et le Centre de l'Europe, aux simples investitures ou concessions symboliques ? La « notice » même, dans ces pays, toujours beaucoup plus rare que la charte » (p. 277) ? Grave erreur, contre laquelle protestent tous nos cartulaires— Les personnages que désigne, dans les documents, le nom de leur mère, à l'exclusion de celui du père (p. 281) ne sont-ils pas tout bonnement des enfants naturels ?

page 508 Note 1. Il y a lieu de signaler — t. I, p. 344 et suiv. — un très intéressant développement sur la toponymie de cette colonisation ; on y remarquera d'ingénieux rapprochements avec le peuplement de l'Islande par les Norvégiens. Mais Mr Jegorov a tort, sans doute, de refuser de voir dans le nom «Vogelsang» — où il fait venir sang de sengen, écobuer — une allusion d'ordre esthétique ; le village de Neuville-Chant-d'Oisel (Seine- Inférieure ; la transcription officielle d'aujourd'hui « Champ d'Oisel» est fautive) atteste incontestablement, en France, ce souci bucolique.

page 509 Note 1. Un exemple, au hasard, de cette hardiesse. Une part des dîmes dan? les villages de Woytmthorp et de Rutnic appartient, en 1229 1230, à un certain Johannes Flamingus (p. 322 et 338). C'est, nous affirme Mr Jegorov, le bourgeois deLûbeck de ce nom. Peutêtre. Mais comment s'en assurer ? Jean n'est pas un prénom bien rare, et il y a eu plus d'un «Flamand» dans l'Allemagne de l'Est. Dans un autre ordre d'idées, il me parait singulièrement téméraire de traiter comme prouvant la soumission au droit slave toute trace, au xin” siècle, de co-propriété familiale. La communauté de famille était alors, j'ai déjà eu plusieurs fois l'occasion de le rappeler, la condition caractéristique, par toute l'Europe, d'innombrables populations paysannes, et il ne serait sans doute pas difficile d'en déceler la pratique par plus d'un lignage chevaleresque. Au lecteur désireux de prendre une idée précise de la méthode, on peut recommander l'examen attentif du § 352 du t. II, relatif au village de Saunstorf et à la famille de Rodenbeke.

page 509 Note 2. Notons-le en passant : si l'abbaye — cistercienne — de Tteinfeld se fit reconnaître sur ses terres le droit de « détruire des maisons » (t. II p. 471), c'était, évidemment, afin de pouvoir respecter la règle de son ordre, qui interdisait aux établissements monastiques la proximité des lieux habités ; le cas n'est pas unique, tant s'en faut.

page 510 Note 1. Les objections ne se sont pas fait attendre ! L'Osteuropa-Institut lui-même vient de publier le volume qu'un bon connaisseur de l'histoire de l'Est, Mr Hans Witte, a consacré à ruiner la thèse de Jegorov (Jegorovs Kolonisation Meckenburgs im 13. Jahrhundert : ein kritisches Nachwort. Breslau, Priebatsch, 1932 ; in-8°, XII-232 p.). La mort de Jegorov nous privera malheureusement de sa réplique. Mr Witte n'a pas eu de peine à relever dans la démonstration de nombreuses faiblesses, du genre de celles qui ont été dénoncées pius haut. On se doutait bien avant lui, on sait maintenant de source sûre que l'ouvrage ne peut être consulté sans beaucoup de précautions. ï'st-ce à dire que des conclusions limitées que j'ai cherché à dégager plus haut rien ne doive subsister ? Je ne le crois point. Pour nous convaincre, en tout cas, un travail purement critique ne saurait suffire. Ce qu'il faudrait, c'est, débarrassé de toute polémique, un exposé de la colonisation — un exposé véritablement objectif, s'entend. Il se peut que Jegorov lui-même, comme Mr Witte l'en accuse et en dépit de son incontestable probité, ait cédé trop aisément aux partis pris nationaux ; à ces funestes passions, Mr Witte à son tour — ne l'avoue-t-il pas presque ouvertement ? — n'a certainement pas opposé toute la résistance qu'on eût souhaitée. Nul doute que les Mecklembourgeois, aujourd'hui, ne soient d'excellents Allemands ; cette vérité, qui seule importe au présent, étant universellement admise, est-il donc impossible d'envisager le passé en toute sérénité ?