Dès les premiers temps de l'occupation du Cameroun les autorités françaises entreprirent un vigoureux effort sanitaire et médical. Déjà un important réseau de postes médicaux était établi lorsque la maladie du sommeil se répandant avec une violence inouïe au centre même du pays, il fallut lutter contre ses trop rapides progrès avant de songer à toute autre œuvre médicale, et le Service de Santé du Territoire porta son principal effort à combattre la trypanosomiase.
Dès 1903 Brumpt, suivi quelques années plus tard par Martin, Lebœuf et Roubaud avaient, en Afrique Équatoriale Française, étudié de près la maladie, sa transmission et son traitement; au Cameroun c'est en 1910 que les Allemands entreprirent vraiment la lutte. Il semble, à ceux qui ont vu la trypanosomiase endémique et somme toute bénigne de la Basse Sangha gagner la Haute Sangha sous forme d'épidémie meurtrière, que le commerce du caoutchouc ait été en Afrique équatoriale une des causes les plus certaines de la dispersion de la trypanosomiase humaine.
Dans les pays où elle existait de tout temps les habitants se contaminèrent en beaucoup plus grand nombre en faisant la récolte du latex qui se pratiquait surtout en saison des pluies au moment où les glossines abondent et sont plus agressives. Le portage, le pagayage, surtout la montée des fleuves à la perche tout le long de ces gîtes à tsé-tsé que sont les rives des fleuves équatoriaux ont causé un chiffre innombrable de contaminations. La maladie évoluait sur ces populations jusqu'ici saines avec une violence inconnue chez les tribus depuis longtemps parasitées. Il est probable que la guerre et le portage que nécessitaient les opérations militaires ont aussi beaucoup répandu la trypanosomiase humaine.