The State in its essential nature is power. Its character is determined by the force with which it asserts its distinction from neighbouring states, by its dealing with the organic bonds in which the life of the people finds expression, and by its success in absorbing into and developing within its own structure the underlying spirit of those bonds. The origin of the State's consciousness of power lies at the point in the interlacing roots of tribal organization where the tension between associations based on kinship and those based on age brings about a change of balance, and leadership begins to pass to the latter, the age-class becoming a warrior class which outgrows the clan and subjects kinship-groupings to its own leaders. Once this change in leadership has taken place, that is to say, when no longer the spirit of the clan but the spirit of the age-class becomes dominant, then, by reason of the resulting tightening-up of the forces of war and of expansion, it is only a question of time before the age-class associations pass into a system of vassalage, with leaders who emerge from the age-grade system and acquire an authority more or less political in character. With the individualization of the leadership goes the differentiation of function in the State, which is first required in the organization of the army. Henceforward the tasks in the service of the State are no longer dependent on a man's place in the tribal organization, but upon accomplishments which can be learned. To acquire these forms of skill, to become proficient in their use and to obtain the advantages secured by them becomes an absorbing task which is pursued in common and given stability by associations for the purpose. This is the birth of organization. Without such organizations the State cannot take form, for they alone ensure to it the concentration of the primitive forces of the tribe for the accomplishment of the aims of the State. Thus these organized associations become agencies to develop and foster the consciousness of statehood. The tribal community consciousness which still persists in the organic tribal relationships and in their leadership systems is gradually, under the absorptive power of the new state-consciousness, forced back into the realm of mere emotion and habit and finally deprived entirely of its spiritual leadership. So that what is in reality the starting-point of man's spiritual existence, namely, his membership of an organic and tribal order of society, comes to be regarded as something purely natural and as the sphere of the instinctive preservation of the species.
LE POINT DE VUE AFRICAIN
Le développement d'un État en dehors des organisations tribales commence lorsque le Gouvernement passe des associations fondées sur la parenté à celles reposant sur l'âge. La classe d'âge devient alors celle des guerriers et les postes d'autorité sont obtenus en raison des capacités manifestées, mais non par le fait de la naissance. La conscience commune qui existe dans les relations de l'organisme tribal et qui est l'origine de l'existence spirituelle de l'homme, est alors graduellement refoulée de la vie ordinaire dans le royaume de l'émotion comme une part de l'équipement naturel de l'homme. Dans un État bien ordonné les formes incorporant l'esprit de cet organisme social doivent être préservées. L'individu qui évolue dans un tel ordre de choses est d'une valeur inappréciable pour l'État, lui seul possède le caractère défini qui est nécessaire. Il est done extrêmement important de maintenir l'identité spirituelle de la race, et, dans ce but, la structure de la société tribale, lorsque des dirigeants étrangers contrôlent l'État.
Mais au lieu de renforcer l'action cohérente des clans, d'aider ceux-ci à s'adapter à des conditions changeantes, on les a jetés au vent, en essayant par ailleurs, d'élever l'esprit en dehors de l'ordre naturel et d'éduquer les hommes pour une nouvelle vie en tant qu'individus. Dans ce but on les a agrégés à des sociétés, à des coopératives, groupements de sociétés en vue du bien-être, etc. toutes contrôlées par l'État. Or de telles organisations ne sauraient se substituer à la société tribale, bien mieux elles tendent à la désintégration de celle-ci. Le chef devient alors un membre ordinaire, son rôle n'a plus signification.
La diffusion de la monnaie est un des plus graves dangers menacant l'Afrique. L'un des moyens de protection contre elle, est l'ancienne coutume tribale de l'entr'aide mutuelle qui disparaît rapidement, car la monnaie affaiblit les liens entre les hommes. Autrefois les services rendus par un individu à son frère de clan étaient compensés uniquement par la réciprocité. Aujourd'hui l'obligation est éteinte par quelques pièces de monnaie; le shilling remplace le frère. Les liens mutuels unissant celui qui demande et celui qui accorde l'aide sont dissous. C'est une grosse erreur de supposer que des liens importants de la vie de relation pourront persister sans qu'on les garde avec soin. Si la race blanche les avait préservés avec plus d'attention elle aurait découvert le moyen de s'opposer aux effets désastreux de la monnaie.
A son arrivée en Afrique l'homme blanc a trouvé des groupes organiques qui auraient pu être utilisés pour augmenter la force de l'indigène et lui permettre de résister à l'effet de la monnaie, élément de désintégration. L'Européen semble avoir tenté au contraire d'affaiblir tous les ouvrages de défense contre elle. Il a négligé le système africain d'éducation et d'enseignement, il a appris à l'individu à investir toutes ses disponibilités dans des coopératives et des sociétés d'épargne, au lieu de lui montrer comment il doit remplir ses obligations à l'égard de son frère de clan. Un autre danger plus grave que la monnaie est l'abaissement du niveau social. L'État devient une machine qui est mise en ceuvre par n'importe qui; en conséquence on peut percevoir dès maintenant l'origine d'une vague d'agitation politique.
Il nous faut aider l'Africain à préserver, à renforcer les liens de la parenté et le sanctuaire de son esprit. A l'abri de sa propre culture, il peut contribuer à la civilisation mondiale dans le domaine matériel
Civilisation et culture coexistent mais embrassent des domaines différents. La culture est une disposition de l'âme ayant son origine dans les relations organiques nouées entre personnes de la même souche. Le tempérament de la civilisation tend à adapter des moyens matériels, non aux besoins de la société humaine, mais à ceux de l'économie mondiale. Dans un tel ensemble les anciens deviennent un problème. Un individu est sans utilité, il est même une charge pour la société quand ses facultés physiques s'affaiblissent. Dans la société naturelle, au contraire, la maturité est appréciée. Les critiques soutiennent que la méthode tribale d'enseignement a été autrefois une invention des vieillards dans le but d'instruire les jeunes générations dans la déférence des anciens, durant leur vie et après leur mort. En fait les vieillards n'ont pas la responsabilité de l'éducation des jeunes gens dans son ensemble, mais seulement dans les premières années de la vie. Ils sont comme les gardiens des traditions locales dont la connaissance est à la disposition des membres vivants de la tribu; elles forment la liaison entre le monde actuel et celui des ancêtres.
La civilisation a causé un mal considérable en s'arrogeant le droit d'éduquer les jeunes gens et aussi en considérant les liens sociaux comme une religion qui doit être écartée avant que le christianisme puisse se manifester. En détruisant les liens spirituels de la tribu elle a fait disparaître tout ce qui aurait pu servir de refuge à l'Africain dans la période de transition. Le raffinement de l'existence menace maintenant de d'truire ce qu'il y a de plus solide dans les sociétés blanches. La même cause aura des conséquences plus graves encore pour des individus qui sont privés de la protection de leur culture primitive. Le home de l'Africain est avant tout spirituel, il est formé des liens qui le rattachent à ses compagnons par la parenté, les classes d'âge, les occupations communes sur la terre des ancêtres. Nous aurions du pénétrer dans ce home spirituel avec tout le respect que doit montrer un hôte, nous aurions dû essayer de comprendre son esprit avant de tenter de modeler l'Africain ou de sublimer l'enseignement tribal.
page 14 note 1 Stammeslehren der Dschagga, pp. 111 ff.