Si l'on consulte un tableau des langues parlées dans les possessions françaises de l'Ouest-africain, ou si l'on examine une carte linguistique de ces régions, on est frappé par la multitude des idiomes qui y sont en usage. On peut en compter, en effet, cent cinquante environ des rives de l'Océan Atlantique au Tchad. Plusieurs sont connus seulement de quelques milliers d'individus, beaucoup, qui s'étaient conservés intacts dans le sauvage isolement de la barbarie, disparaissent lentement avec la facilité plus grande des moyens de communication, des voyages, des échanges et l'introduction du commerce dans les parties les plus reculées du territoire. Bientôt, dans une génération peut-être, ils cesseront d'être compris en dehors du cercle des vieillards. Le Comité Permanent de Linguistes, dont Monseigneur Schrijnen est l'actif secrétaire-général, s'est inquiété de cette extinction rapide et étudie les moyens de faire noter par des spécialistes les langues menacées, avant qu'il ne soit trop tard. On ne peut évidemment qu'applaudir a un tel programme. Aussi ai-je été heureux de me mettre en rapport avec l'organisme en question, de lui fournir quelques suggestions et de collaborer dans une certaine mesure à son œuvre en recueillant, au cours de mon dernier voyage en Afrique, dix-sept vocabulaires de parlers soudanais qui n'ont pas encore été notes à ma connaissance.