L’introduction des systèmes de critères diagnostiques repose avec acuité le problème de la nosographie en psychiatrie dont les principes fondamentaux ont été élaborés au début du XXe siècle et dont la validité des entités proposées est un perpétuel sujet de discussions du fait des limites méthodologiques inhérentes à cette discipline.
Les systèmes de critères diagnostiques s’inspirant du modèle médical et de la psychologie objective, nous rappelons dans les deux premières parties de l’article la notion de validité dans le cadre des nosographies psychiatriques et celles de validité et de fidélité dans le cadre de la psychologie objective afin de préciser dans la troisième partie les problèmes de la fidélité et de la validité dans le cadre des systèmes de critères diagnostiques avec les implications qui en découlent.
La validité en nosographie réfère à deux niveaux d’analyse : la validité du modèle de connaissance qui correspond à une interrogation d’ordre épistémologique et la validité de l’entité au sein du modèle de connaissance, qui revient à poser le problème du statut de l’“entité-maladie” au sein du modéle.
En s’instituant en tant que science objective la psychologie a développé l’étude des conduites et a défini un objet par une mesure, sur la fidélité et la validité de laquelle on doit s’interroger. La fidélité renvoie à l’existence de l’objet, la validité à sa signification.
Les systèmes de critères diagnostiques visent à définir des entités normalisées repérables par l’ensemble des psychiatres. Si les premières tentatives (critères de Saint Louis) ne couvraient pas l’ensemble du champ de la psychiatrie, le DSM III, qui en représente l’aboutissement actuel se veut une classification complète, et soulève des problèmes d’ordre nosographique. L’analyse des causes de variabilité diagnostique a été une des principales justification de l’élaboration de tels systèmes. La mise en évidence de l’importance du recueil de l’information comme source de variabilité a abouti au développement des instruments standardisés de recueil de l’information, tandis que la variabilité due aux critères utilisés par chaque clinicien a motivé la définition de critères standardisés de diagnostic. Cette contrainte de “communication” a abouti à reléguer au second plan des notions fondamentales en clinique. L’absence de toute référence théorique explicite pose le problème de la validité des entités incluses dans de tels systèmes. En analysant les différentes modalités de validation proposées par les instigateurs de ces systèmes l’influence du modèle médical parait prévalente, ainsi que le poids de la tradition clinique. Nous insistons sur le fait qu’en l’état actuel des connaissances les entités proposées ne présentent pas de valeur de compréhension ou d’explication, le DSM III n’a pas actuellement le véritable statut d’une nosographie. L’influence de la tradition pose quant à elle le problème de l’application trop stricte d’un tel système de classification qui risque de figer la recherche nosographique. Ainsi nous évoquons les voies de recherches actuelles, que sont les approches dimensionnelles qui peuvent présenter une alternative pour une réflexion nosographique nouvelle.