Depuis Freud en passant par l’arrivée des premiers traitements neuroleptiques, en 1950, ou le retour de la psychochirurgie au début du XXIe siècle, notre discipline a connu de nombreuses évolutions qui ont profondément modifié nos pratiques. Qu’en sera-t-il en 2084 ?
La psychiatrie de l’enfant prendra-t-elle une place majoritaire dans notre discipline ? Partant notamment du premier séquençage d’un génome fœtal au début des années 2010 [1], va-t-elle s’engouffrer dans la voie du dépistage précoce et de la thérapie génique anténatale ? Fera-t-elle disparaître la psychiatrie adulte par sa capacité à traiter toutes les pathologies de l’adulte à un stade infraclinique ?
À l’inverse, va-t-elle se retrouver cantonnée à l’expertise ? Le pédopsychiatre va-t-il voir ses prérogatives augmenter graduellement sur le plan socio-pédago-éducato-rééducatif, en parallèle de la disparition de la dimension psychique du soin ?
Du côté de la psychiatrie adulte, le rapprochement de la psychiatrie avec les disciplines organiques telles que l’immunologie [2], la génétique ou la neurologie, va-t-il conduire à la disparition du secteur psychiatrique au profit d’une intégration au sein des services de médecine somatique et de l’unification de la discipline avec le Médecine-Chirurgie-Obstétrique (MCO) ? Presque chaque année, la neurobiologie apporte son lot de révolutions, telle l’optogénétique [3]. Allons-nous plutôt, par l’accumulation des connaissances et le remembrement de la nosographie, nous diriger vers une hyperspécialisation de tous, du diagnostic à la prise en charge ?
Par ailleurs, qu’en est-il de la responsabilité professionnelle des psychiatres depuis le début du XXIe siècle qui a vu nombre d’entre eux condamnés pour des actes délictueux ou criminels commis par leurs patients ? Quelles conséquences cette « chasse aux sorcières » a-t-elle eu sur notre pratique quotidienne ? Des unités ultra-sécurisées se sont-elles développées ? La pédopsychiatrie et la psychiatrie de l’adulte du futur seront débattues dans ce symposium.