De nos jours, plus de la moitié des femmes schizophrènes deviennent mères. La maternité entraîne chez toutes les femmes un processus de crise, possiblement maturative. La fragilité psychique rend les schizophrènes plus vulnérables aux difficultés de cette période. La maternité a le plus souvent un impact sur le cours évolutif de la maladie de la mère, et cet impact est variable. La grossesse est une période fréquemment symptomatique pour ces femmes et les rechutes en post-partum sont très fréquentes. À plus long terme, l’impact de la maternité sur l’évolution de la schizophrénie maternelle est parfois positif, souvent négatif, mais on manque d’études permettant de le quantifier et d’en apprécier les facteurs déterminants. La relation mère schizophrène-bébé est à risque de présenter des troubles importants. La fusion avec le bébé est à la fois recherchée par la mère et source d’angoisses massives. Le bébé s’adapte à sa mère pour la protéger, mais cela risque de se faire au détriment de son développement à lui. Les étapes du processus de séparation/individuation seront souvent à l’origine de réactions d’intolérance et d’angoisse de la mère et de rechutes délirantes. L’enfant est à haut risque de présenter des troubles développementaux, des anomalies de l’attachement, et des troubles psychiatriques divers. La plupart de ces femmes ne pourront pas élever leur enfant. Le facteur pronostic le plus important est la présence d’un conjoint étayant, or celui-ci est le plus souvent absent. La mise en place d’un réseau de soins multidisciplinaire cherche à soutenir cette dyade et à prévenir les mises en danger physique et psychique potentielles. Le travail principal se fait sur l’élaboration de la distance tolérable pour chaque partenaire sans qu’il soit désorganisé. L’anticipation précoce des difficultés est primordiale pour aider à la constitution d’une relation satisfaisante entre la mère schizophrène et son enfant, et à prévenir dans tous les cas des conséquences négatives sur l’évolution de la maladie.