La validité du Trouble de Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDA/H) chez l’adulte ayant longtemps été contestée, la recherche de ce trouble chez les patients addicts n’est pas systématique. De plus, chez l’adulte addict, le diagnostic de TDA/H peut être rendu difficile car la clinique de ce trouble évolue avec l’âge et l’usage des psychotropes. Notre objectif est de rapporter les données de la littérature et de nos travaux concernant la prévalence et les caractéristiques sémiologiques du TDA/H dans trois groupes de patients présentant des conduites addictives : cocaïne, opiacés et trouble du comportement alimentaire. La littérature rapporte une prévalence du TDA/H chez des adultes de 3,4 % à 4,4 % avec des taux de 12 % à 15,2 % d’addictions parmi les patients TDA/H. Dans une population de sujets dépendant au crack/cocaïne, nous avons retrouvé 53 % d’antécédents de TDA/H dans l’enfance et 21,7 % de symptôme de TDA/H persistant à l’âge adulte. Des taux élevés de TDA/H ont aussi été rapportés dans d’autres addictions. La co-occurrence, TDA/H et addiction, apparaît donc comme une donnée robuste, retrouvée dans les deux groupes de patients, identifiés par l’utilisation de substances d’abus ou par le TDA/H. Les instruments d’évaluation actuellement validés sont parfois insuffisants pour porter le diagnostic de TDA/H chez un adulte addict. Cliniquement, les addictions ont été décrites comme plus sévères chez les patients TDA/H : début plus précoce, progression plus rapide vers la dépendance et problèmes avec la justice plus fréquents. De plus, les patients TDA/H rapportent des effets paradoxaux au cours de l’usage de certaines drogues : augmentation de l’attention avec le cannabis et diminution de l’hyperactivité avec la cocaïne. Nous discuterons les résultats qui mettent en évidence l’utilité, mais aussi les difficultés sémiologiques du diagnostic de TDA/H chez les patients adultes souffrant d’addictions.