L’agression sur soi, par des automutilations ou par des comportements suicidaires, constitue l’une des facettes de l’impulsivité les plus spécifiques du comportement borderline chez les patients adultes [2] et ces patients présentent une vulnérabilité psychiatrique plus importante, notamment, en termes de dépression [1]. La tentative de suicide à l’adolescence est un véritable problème de santé publique et les unités de soins pour adolescents sont confrontées quotidiennement à ces patients qui passent à l’acte à répétition. Les liens avec le développement d’un trouble de la personnalité borderline ont été peu étudiés à cet âge. Pour ces raisons, nous nous sommes intéressés à explorer l’association entre automutilations, récidive suicidaire, caractéristiques cliniques et impulsivité chez 62 adolescents présentant un trouble de la personnalité borderline. L’évaluation clinique de notre population a été réalisée par entretien direct et par auto-questionnaires, conformément au protocole du réseau. La sévérité dépressive et la suicidalité ont été évaluées à l’aide des 3 échelles de Beck : l’Inventaire de Dépression de Beck (BDI) ; l’Echelle de Désespoir de Beck (BHS) et l’Echelle d’Idéation Suicidaire de Beck (BSI). La qualité de la dépression a été évaluée avec le Questionnaire de l’Expérience Dépressive (DEQ) de Blatt and Zuroff. L’impulsivité a été évaluée avec l’Echelle d’Impulsivité de Barratt (BIS-11). Enfin, les évènements de vie traumatiques (abus et négligences) ont été recherchés à l’aide du Questionnaire sur les Traumatismes de l’Enfance (CTQ). Nous montrons que la répétition des actes suicidaires peut être considérée comme un facteur de gravité et de mauvais pronostic chez les adolescents présentant un trouble de la personnalité borderline. Ils présentent un profil psychopathologique plus sévère en termes de trouble dépressif et d’anxiété. Ils rapportent aussi plus d’histoire d’abus sexuels dans l’enfance. L’hypothèse d’une trajectoire développementale particulière chez ces adolescents borderline semble soutenue par nos résultats. Elle est faite de premières relations d’attachement peu sécurisantes associées à une exposition traumatique qui les rend vulnérables à la souffrance dépressive, aux expériences de séparation et à une fragilité sur le plan des relations interpersonnelle.