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Généalogie de l'Anthropocène: La fin du risque et des limites

Published online by Cambridge University Press:  20 February 2018

Pierre Charbonnier*
Affiliation:
Cnrs-Ehess

Résumé

Cet article vise à éclairer l’émergence du concept d'Anthropocène dans les sciences sociales et la philosophie contemporaines. Il inscrit cette notion dans le contexte assez large d'une crise de ces savoirs, désormais confrontés à la nécessité de considérer le changement climatique global à la fois comme un socle empirique et comme un horizon politique incontournable. Cette réflexion repose sur une hypothèse : l'organisation des savoirs relatifs aux relations entre modernité et nature a été profondément bouleversée dans la dernière décennie, et les concepts sur lesquels reposaient ces savoirs, le risque et la limite, ont dû être réaménagés. En effet, concevoir le présent à travers le concept d'Anthropocène suppose que la rationalité du risque, c'est-à-dire la suspension de l'autonomie politique moderne, et l'idée d'une limitation fondamentale du développement matériel ne peuvent plus être dissociées. Cette hypothèse permet d'envisager la configuration épistémologique dans laquelle nous nous trouvons et d'en discuter quelques aspects.

Abstract

This article aims to shed light on the emergence of the Anthropocene as a concept within the social sciences and philosophy. It frames this evolution in the wider context of a crisis of knowledge, confronted with the need to consider global climate change as both an empirical bedrock and an inescapable political horizon. The central hypothesis is that the organization of our knowledge about the relationships between modernity and nature has undergone a profound shift over the last decade, necessitating a reconfiguration of the two main concepts on which this knowledge relied: risk and limits. To consider the present situation through the concept of the Anthropocene is to imply that risk rationality (i.e., the suspension of modern political autonomy) and the notion of a fundamental limitation of material development can no longer be considered separately. In the final part of the article, this hypothesis makes it possible to discuss some aspects of our current epistemological configuration.

Type
Anthropocène
Copyright
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References

1 La première publication notable employant le concept d'Anthropocène est l'article de Paul J.  Crutzen, « Geology of Mankind », Nature, 415-6867, 2002, p. 23. Ce terme avait auparavant été utilisé dans le contexte de conférences et de colloques ; voir Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, L’événement Anthropocène. La Terre, l'histoire et nous, Paris, Éd.  du Seuil, 2013, p. 17.

2 Pour un résumé des positions existantes, voir Simon L.  Lewis et Mark A.  Maslin, « Defining the Anthropocene », Nature, 519-7542, 2015, p. 171-180.

3 Alf Hornborg et Andreas Malm, « The Geology of Mankind ? A Critique of the Anthropocene Narrative », The Anthropocene Review, 1-1, 2014, p. 62-69.

4 Sur l'histoire épistémologique et politique de ces débats, voir Stefan C.  Aykut et Amy Dahan, Gouverner le climat ? Vingt ans de négociations internationales, Paris, Presses de Sciences Po, 2015 ; Ola Uhrqvist et Eva Lövbrand, « Rendering Global Change Problematic: The Constitutive Effects of Earth System Research in the Igbp and the Ihdp », Environmental Politics, 23-2, 2013, p. 339-356.

5 La synthèse proposée par Antonella Romano, « Fabriquer l'histoire des sciences modernes. Réflexions sur une discipline à l’ère de la mondialisation », Annales HSS, 70-2, 2015, p. 381-408, décrit bien la situation actuelle de l'histoire des sciences et l'attente de renouvellement théorique qui s'y manifeste après les profonds bouleversements des années 1980 et 1990.

6 Les débats les plus récents tendent à valider l'hypothèse d'un Anthropocène tardif, lié à l’âge nucléaire. Voir notamment Colin N.  Waters et al., « The Anthropocene Is Functionnaly and Stratigraphically Distinct from the Holocene », Science, 351-6269, 2016, p. 137-148.

7 Une entreprise comme celle menée par Daniel Lord Smail et la deep history a eu le mérite de remettre en question certaines habitudes historiographiques, mais elle ne s'est pas encore introduite dans les pratiques historiennes ordinaires : Daniel Lord Smail, On Deep History and the Brain, Berkeley, University of California Press, 2008 ; Rafael Mandressi, « L'historien, le cerveau et l'ivresse des profondeurs », Tracés, 14, hors-série 2014, p. 113-126.

8 Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

9 Pierre Charbonnier, La fin d'un grand partage. Nature et société, de Durkheim à Descola, Paris, Cnrs Éditions, 2015.

10 Par anthropocentrisme, la philosophie désigne toute tendance consistant à faire de l'homme l'origine et l'objet exclusif de toutes les valeurs. Pour un aperçu des critiques élaborées dans ce cadre, voir Hicham-Stéphane Afeissa (dir.), Éthique de l'environnement. Nature, valeur, respect, Paris, J.  Vrin, 2007.

11 Aldo Leopold, Almanach d'un comté des sables. Suivi de quelques croquis, trad. par A.  Gibson, Paris, Flammarion, [1949] 2000.

12 Fredrik Albritton Jonsson, « The Origins of Cornucopianism: A Preliminary Genealogy », Critical Historical Studies, 1-1, 2014, p. 151-168.

13 Friedrich Engels, Dialectique de la nature, trad. par É.  Bottigelli, Paris, Éditions sociales, [1883] 1975.

14 Thomas Robert Malthus, Essai sur le principe de population, trad. par P.  et G.  Prevost, Paris, Flammarion, vol. 2, [1803] 1992.

15 Sur l'histoire politique des limites, voir Stefan C.  Aykut, « Les ‘limites’ du changement climatique », Cités, 63-3, 2015, p. 195-210.

16 Will Steffen et al. (dir.), Global Change and the Earth System: A Planet under Pressure, Berlin, Springer, 2004, p. 132-133.

17 Herman E.  Daly, Toward a Steady-State Economy, San Francisco, W.  H.  Freeman, 1973 ; Robert Costanza et al., « The Value of the World's Ecosystem Services and Natural Capital », Ecological Economics, 25-1, 1998, p. 3-15.

18 Marina Fischer-Kowalski et Helmut Haberl (dir.), Socioecological Transitions and Global Change: Trajectories of Social Metabolism and Land Use, Cheltenham, Edward Elgar, 2007.

19 Alf Hornborg, Joan Martinez-Alier et John R.  McNeill (dir.), Rethinking Environmental History: World-System History and Global Environmental Change, Walnut Creek, AltaMira Press, 2007 ; John R.  McNeill, Du nouveau sous le soleil. Une histoire de l'environnement mondial au xxe siècle, trad. par P.  Beaugrand, Seyssel, Champ Vallon, [2001] 2010.

20 Jean-Claude Debeir, Jean-Paul Deléage et Daniel Hémery, Une histoire de l’énergie. Les servitudes de la puissance, Paris, Flammarion, 2013.

21 Joan Martinez-Alier, The Environmentalism of the Poor: A Study of Ecological Conflicts and Valuation, Cheltenham, Edward Elgar, 2002.

22 Paul Shepard, Retour aux sources du Pléistocène, trad. par S.  Renaut, Paris, Éd.  Dehors, [2004] 2013.

23 Nicholas Georgescu-Roegen, The Entropy Law and the Economic Process, Cambridge, Harvard University Press, 1971 ; Jacques Grinevald, La biosphère de l'Anthropocène. Climat et pétrole, la double menace. Repères transdisciplinaires, 1824-2007, Genève, Georg, 2007. Il faut noter l'importance particulière de l’œuvre de N.  Georgescu-Roegen, qui a introduit le concept de décroissance et a permis, en bonne partie, la traduction de la tradition métabolique du xixe siècle dans une bio-économie véritablement moderne.

24 Michael Shellenberger et Ted Nordhaus, Love Your Monsters: Postenvironmentalism and the Anthropocene, Oakland, The Breakthrough Institute, 2011.

25 Ulrich Beck, La société du risque. Sur la voie d'une autre modernité, trad. par L.  Bernardi, Paris, Flammarion, [1986] 2003.

26 Michel Callon, Yannick Barthe et Pierre Lascoumes, Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Éd.  du Seuil, 2001 ; Yannick Barthe et Cyril Lemieux, « Les risques collectifs sous le regard des sciences du politique. Nouveaux chantiers, vieilles questions », Politix, 11-44, 1998, p. 7-28.

27 Francis Chateauraynaud et Didier Torny, Les sombres précurseurs. Une sociologie pragmatique de l'alerte et du risque, Paris, Éd.  de l'Ehess, 1999.

28 Jean-Baptiste Fressoz, L'apocalypse joyeuse. Une histoire du risque technologique, Paris, Éd.  du Seuil, 2012.

29 Ronald Coase, « The Problem of Social Cost », Journal of Law and Economics, 3-1, 1960, p. 1-44.

30 Hans Jonas, Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, trad. par J.  Greisch, Paris, Éd.  du Cerf, [1979] 1990.

31 Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l'impossible est certain, Paris, Éd.  du Seuil, 2002.

32 Arthur P.  J.  Mol, Globalization and Environmental Reform: The Ecological Modernization of the Global Economy, Cambridge, The Mit Press, 2001.

33 U.  Beck, La société du risque. . ., op. cit., p. 44.

34 Il s'agit de l'un des dispositifs de prise de décision décrit dans M.  Callon, Y.  Barthe et P.  Lascoumes, Agir dans un monde incertain. . ., op. cit.

35 Michael Bess, La France vert clair. Écologie et modernité technologique, 1960-2000, trad. par C.  Jaquet, Seyssel, Champ Vallon, [2003] 2011.

36 Bruno Latour, Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique, Paris, La Découverte, 1991.

37 Immanuel Wallerstein, Le système du monde du xve siècle à nos jours, Paris, Flammarion, 2 vol., 1980 et 1984.

38 Alf Hornborg, The Power of the Machine: Global Inequalities of Economy, Technology, and Environment, Walnut Creek, AltaMira Press, 2001.

39 Jean-François Mouhot, Des esclaves énergétiques. Réflexions sur le changement climatique, trad. par C.  Mouhot, Seyssel, Champ Vallon, 2011.

40 Rolf Peter Sieferle, The Subterranean Forest: Energy Systems and the Industrial Revolution, Cambridge, The White Horse Press, 2001.

41 Kenneth Pomeranz, Une grande divergence. La Chine, l'Europe et la construction de l’économie mondiale, trad. par N.  Wang, Paris, Albin Michel/Éd.  de la Msh, [2001] 2010.

42 Alfred W.   Crosby, The Columbian Exchange: Biological and Cultural Consequences of 1492, Westport, Greenwood, 1972.

43 Ramachandra Guha, Environmentalism: A Global History, New York, Longman, 2000.

44 Ramachandra Guha, « Radical American Environmentalism and Wilderness Preservation: A Third World Critique », in C.  Hanks (dir.), Technology and Values: Essential Readings, Chichester, Wiley-Blackwell, 2010.

45 Leslie A.  White, « Energy and the Evolution of Culture », American Anthropologist, 45-3, 1943, p. 335-356.

46 John Bellamy Foster, Marx's Ecology: Materialism and Nature, New York, Monthly Review Press, 2000.

47 Paul R.  Ehrlich, The Population Bomb, New York, Ballantine Books, 1968 ; Donella H.  Meadows et al., The Limits to Growth: A Report for the Club of Rome's Project on the Predicament of Mankind, New York, Universe Books, 1972.

48 Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, trad. par G.  Garnier, revu par A.  Blanqui, Paris, Flammarion, [1776] 1991, vol. 2, liv. 4, chap. 9.

49 Karl Polanyi, La grande transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, trad. par C.  Malamoud et M.  Angeno, Paris, Gallimard, [1944] 1983.

50 Pierre Rosanvallon, Le capitalisme utopique. Critique de l'idéologie économique, Paris, Éd.  du Seuil, 1979.

51 J.-B.  Fressoz, L'apocalypse joyeuse. . ., op. cit.

52 M.  Callon, Y.  Barthe et P.  Lascoumes, Agir dans un monde incertain. . ., op. cit.

53 Les tenants de la démocratie technique perçoivent parfois leur travail comme une critique de la rationalité du risque, conçue avant tout comme un instrument de gouvernement des incertitudes par des instances expertes et soustraites à la délibération publique. Voir notamment M.  Callon, Y.  Barthe et P.  Lascoumes, Agir dans un monde incertain. . ., op. cit.

54 Timothy M.  Lenton, « Early Warning of Climate Tipping Points », Nature Climate Change, 1-4, 2011, p. 201-209.

55 Edward A.  Wrigley, « Energy and the English Industrial Revolution », Philosophical Transactions of the Royal Society A, 371-1986, 2013, p. 1-10.

56 Il faudrait consacrer un travail à part entière à cette question, mais il y a lieu de s'interroger sur l'affinité entre la conjoncture présente et ce qui avait affleuré avec l'idée d’« hiver nucléaire ». La crainte d'un bouleversement climatique global causé par les explosions atomiques et l'assemblage de savoirs auquel cette crainte a donné lieu est en quelque sorte une préfiguration de la question climatique actuelle. Toutefois, le poids géopolitique de la doctrine de la dissuasion nucléaire avait recouvert l'interrogation environnementale stricto sensu, la sécurité militaire étant massivement conçue comme un bénéfice des technologies atomiques. Voir Spencer R.  Weart, The Discovery of Global Warming, Cambridge, Harvard University Press, 2008.

57 Naomi Oreskes et Erik M.  Conway, Les marchands de doute, ou Comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique, trad. par J.  Treiner, Paris, Le Pommier, [2010] 2012.

58 Paul N.  Edwards, A Vast Machine: Computer Models, Climate Data, and the Politics of Global Warming, Cambridge, The Mit Press, 2010.

59 Bruno Latour et Steve Woolgar, La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques, trad. par M.  Biezunski, Paris, La Découverte, [1979] 1988.

60 Harry M.  Collins, Changing Order: Replication and Induction in Scientific Practice, Chicago, University of Chicago Press, 1992.

61 Dans une tribune parue dans le journal Le Monde daté du 22 mai 2010, intitulée « Pour rétablir un climat de raison. Quand le principe de précaution déstabilise le rationalisme à la française », Bruno Latour a exhorté les climatologues à accepter le jeu politique imposé par les sceptiques, en particulier Claude Allègre. Selon lui, on ne peut pas se contenter d'opposer des arguments rationalistes classiques, fondés sur l'objectivité indiscutable des savoirs, et il faut accepter la controverse pour ce qu'elle est, c'est-à-dire un espace de confrontation politique. Cette position est caractéristique d'une confiance intacte à l’égard des vertus de la délibération.

62 Alors que la signature de l'accord de Paris sur le climat (2015) semblait avoir mis un terme à cette controverse, l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche prouve que le déni climatique est loin d'avoir dispensé tous ses effets politiques. Cet événement a même révélé le potentiel catastrophique du déni, puisque c'est désormais toute une structure gouvernementale qui est commandée par la détermination à éliminer les restrictions aux émissions de CO2. Voir N.  Oreskes et E.  M.  Conway, Les marchands de doute. . ., op. cit.

63 Will Steffen et al., « The Anthropocene: Conceptual and Historical Perspectives », Philosophical Transactions of the Royal Society A, 369-1938, 2011, p. 842-867.

64 Bruno Latour, « L'Anthropocène et la destruction de l'image du Globe », in É.  Hache (dir.), De l'univers clos au monde infini, Bellevaux, Éd.  Dehors, 2014, p. 27-54.

65 Dipesh Chakrabarty, « The Climate of History: Four Theses », Critical Inquiry, 35-2, 2009, p. 197-222 ; Id., « Postcolonial Studies and the Challenge of Climate Change », New Literary History, 43-1, 2012, p. 1-18 ; Id., « Climate and Capital: On Conjoined Histories », Critical Inquiry, 41-1, 2014, p. 1-23.

66 D.  Chakrabarty, « The Climate of History. . .  », art. cit.

67 Bruno Latour, Enquête sur les modes d'existence. Une anthropologie des modernes, Paris, La Découverte, 2012, introduction.

68 Arnaud Macé, « La naissance de la nature en Grèce ancienne », in S.  Haber et A.  Macé (dir.), Anciens et modernes par-delà nature et société, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2012.

69 Gildas Salmon et Pierre Charbonnier, « The Two Ontological Pluralisms of French Anthropology », Journal of the Royal Anthropological Institute, 20-3, 2014, p. 567-573.

70 Fredrik Albritton Jonsson, Enlightenment's Frontier: The Scottish Highlands and the Origins of Environmentalism, New Haven, Yale University Press, 2013 ; K.  Pomeranz, Une grande divergence. . ., op. cit. ; Timothy Mitchell, Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole, trad. par C.  Jaquet, Paris, La Découverte, [2011] 2013. Cette liste n'est évidemment pas limitative ; elle indique seulement des références prototypiques de travaux historiques à la mesure de la rationalité anthropocénique et qui sont amenés, si ce n'est pas déjà le cas, à jouer un rôle pivot.

71 Johan Rockström et  al., « A Safe Operating Space for Humanity », Nature, 461-7263, 2009, p. 472-475. L'expression désigne les coordonnées biophysiques à l'intérieur desquelles la Terre est habitable.

72 Bronislaw Szerszynski, Nature, Technology and the Sacred, Malden, Blackwell, 2004 ; Michael S.  Northcott, A Political Theology of Climate Change, Grand Rapids, Eerdmans Publishing, 2014. Bruno Latour, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015, tente lui aussi de fonder une théologie politique à partir du constat climatique. Lydia Barnett, « The Theology of Climate Change: Sin as Agency in the Enlightenment's Anthropocene », Environmental History, 20-2, 2015, p. 217-237, a étudié un cas intéressant de préalable historique, où une alerte climatique avait donné lieu à un emballement apocalyptique. Ironiquement, on assiste dans le même temps à un enthousiasme prométhéen qui confine lui aussi à la théologie, mais dans un sens symétriquement opposé ; voir notamment Mark Lynas, The God Species: How the Planet Can Survive the Age of Humans, Londres, Fourth Estate, 2011.

73 Timothy Morton, Hyperobjects: Philosophy and Ecology after the End of the World, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2013.