La réaction des facteurs économiques à des données nouvelles provoque des états transitoires de déséquilibre. Ceux-ci deviennent particulièrement frappants lorsque les impulsions sont fortes et nombreuses; maints faits autrement noyés dans des évolutions plus complexes s’en dégagent. Cette constatation générale s’est vérifiée après la guerre en France et en Belgique dans les suites des événements monétaires qui ont marqué de leur empreinte l’évolution économique de ces deux pays.
Dans son aspect monétaire, cette évolution s’est traduite d’abord par des états successifs de sous-évaluation et de surévaluation, aboutissant en 1925 à un état apparent d’équilibre. Celui-ci fut rompu par l’inflation de 1925 et 1926 en France, par celle de 1926 en Belgique. Tandis que la France se réadaptait rapidement, la stabilisation belge d’octobre 1926, en sous-évaluant la monnaie, déterminait un état de tension, qui ne fut complètement résorbé qu’en 1930. Peu après, la dévaluation de la Livre posait un ensemble de conditions inverses, auxquelles les dévaluations tardives de 1935 et 1936 furent la réponse nécessaire.
La période d’après-guerre se caractérise ainsi, du point de vue monétaire, par une série de phases de transition pendant lesquelles sont précisément apparus les déséquilibres à étudier. Une interprétation rigoureuse de cette période exige donc autre chose qu’une application superficielle des théories monétaires, rendant tout au plus compte de l’aspect final de l’adaptation. Celle-ci ne sera en effet obtenue qu’avec un certain retard et après de multiples discordances, toutes circonstances enfin qui, pour leur mise en lumière, exigent une interprétation qui tienne compte de la complexité de la vie économique.