Au cours des périodes moderne et contemporaine, deux réseaux navigables différents se sont successivement développés dans chacun des pays occidentaux. Le premier, fluvial et commercial ou agricole, se forme jusque vers la fin du XVIIe siècle. Le deuxième, artificiel et industriel, se développe dès le milieu du XVIIIe siècle.
Entre la formation de ces deux systèmes, se place un temps d’arrêt et de contraction d’une durée et d’une importance variables suivant les pays. Cette période intermédiaire est issue d’une baisse lente des prix, accentuée souvent par une politique d’avilissement du prix des matières premières. L’action des gouvernements modifia, en conséquence, la localisation des entreprises dans le sens d’une réduction des transports pondéreux. Elle provoqua le fractionnement des aires économiques en régions isolées. Elle entraîna la création naturelle ou forcée des manufactures et d’une manière inégale, le perfectionnement de l’agriculture. Ainsi était assurée la prépondérance du produit de valeur dans la circulation. Alors se formèrent les grands réseaux routiers qui, à frais égaux, pouvaient effectuer l’ensemble des transports avec plus de rapidité. Dans ce monde économique atrophié, l’industrie lourde et capitaliste naissante put vivoter jusqu’au moment où la pénurie du bois posa le probleme du combustible, des matériaux de construction et de l’outil. La répartition géographique inégale du charbon, la nature de ce nouveau combustible déplacèrent la question qui retomba dans la domaine des transports et de la métallurgie. Au milieu du XVIIIe siècle, une hausse des prix, quelconque au début, permit l’adaptation de procédés industriels qui n’étaient pas tous nouveaux. La solution du problème des transports par le développement d’un réseau navigable artificiel, l’augmentation ainsi provoquée de la production charbonnière et minérale, la prospérité de l’industrie du bâtiment formèrent une période transitoire dont sortit l’expansion économique de l’époque contemporaine.