Plus encore qu’en 1946, la politique sociale de cette année a été influencée par des considérations d’ordre économique.
Le problème de la sécurité sociale ayant été réglé dans ses grandes lignes, tout au moins provisoirement, l’attention s’est reportée davantage sur ce que l’on est convenu d’appeler la politique des prix et salaires. Comme on le verra dans les pages qui suivent, et plus spécialement dans la troisième partie de la présente étude, bien des décisions prises dans le domaine des salaires ont été inspirées par le souci de se conformer à une politique économique déterminée.
C’est ainsi que la résolution de ne pas autoriser une hausse générale des salaires adoptéelors de la Conférence nationale du Travail de juin 1947, fut justifiée par la nécessité de ne pas aggraver davantage nos prix de revient, et cette justification fut admise par tous les milieux intéressés. C’est dans le même esprit que l’on imagina le système des allocations dites « compensatoires de la hausse des prix »: il s’agissait de ne pas incorporer définitivement dans le salaire, élément rigide du coût de production, une majoration que l’on croyait à l’époque, devoir être strictement temporaire. De même encore, l’octroi du double pécule de vacances, d’un mois supplémentaire d’allocations familiales et d’une prime exceptionnelle d’assiduité, fut également décidé en dernier ressort parce qu’il permettait d’éviter un mouvement général des salaires qui eut risqué d’entraîner à son tour une hausse générale des prix.
Cependant ,si ces diverses dispositions étaient justifiées du point de vue de l’opportunité immédiate, elles portent la marque d’une certaine improvisation et le caractère de mesures de circonstance; au point de vue de la technique législative dans le domaine des salaires, elles n’ont pas constitué un progrès. La méthode de fixation des salaires à plus longue échéance devra nécessairement s’inspirer d’autres principes.