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Dépression, délire, psychose

Published online by Cambridge University Press:  28 April 2020

L. Singer*
Affiliation:
Service de Psychiatrie I, CHU Strasbourg F-67091 Strasbourg Cedex, France
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Résumé

Lors du Congrès de 1986 de l’Association Européenne de Psychiatrie, Pierre Pichot dans son rapport sur les «Voies nouvelles de la classification des états dépressifs» a posé le problème de l’autonomie des dépressions délirantes. Si l’on compare le DSM III-R au DSM III et la version provisoire de la CIM 10 à la CIM 9, on relève des changements importants: la dichotomie dépression psychotique-endogène/névrotique-psychogène-réaetionnelle disparaît, ce qui fut d’ailleurs déjà le cas dans le DSM III, mais surtout le délire dans la dépression devient un indice de gravité et ne situe plus cette forme dans une classe indépendante.

A vrai dire la clinique avait déjà montré la nécessité de la suppression de la dichotomie psychotique/névrotique, les critères de différenciation diagnostiques s’étant révélés non fiables, variant suivant les écoles et les psychiatres et la clinique ne permettant pas de dissocier les diverses formes. Pas plus ne peut être maintenu, malgré l’opinion encore en cours chez de nombreux psychiatres, le rapport entre une personnalité déterminée comme le « Typus melanchoticus» de Tellenbach et la dépression délirante. Les recherches actuelles montrent en effet qu’il n’existe Pas de corrélation entre la personnalité et la dépression délirante. Le délire dans la dépression apparaît comme un indice de gravité et un mécanisme psychopathologique de défense contre l’angoisse de mort et la culpabilité. Le délire est une forme de pensée qui peut apparaître chez des individus et des groupes sous la pression de panique ou de stress ou de tensions extrêmes. Cette forme de pensée est fréquente dans certaines cultures où elle peut coexister avec la pensée logique. Dans la dépression le délire est transitoire. L’intégration du fait du délire de la dépression délirante dans la psychose dont les caractéristiques restent pour beaucoup le clivage du réel ne peut être maintenue. Le concept même de psychose doit à l’heure actuelle être contesté du fait de son ambiguité et du flou de sa définition qui varie d’une école et d’une théorie à l’autre. Il n’est plus d’actualité de maintenir la dépression délirante dans la catégorie des psychoses fontionnelles affectives, la différenciation entre psychoses affectives et non affectives devant être remise en cause. Cette façon de voir implique l’unicité de la maladie dépressive, ce qui n’exclut pas I existence de causes multiples. Il est vrai que tant que nous ne connaîtrons pas de façon plus précise l’étiologie et les mécanismes pathologiques, le débat restera ouvert.

Summary

Summary

In his report on «New means of classifying depressive states» given during the 86th Congress of the European Association of Psychiatrists, Pierre Pichot raised the problem regarding the autonomy of delirious depressions. If the DSM III-R scale is compared with the CIM 9, signifiant changes are noted: the dichotomy between psycholic-endogenous and neurotic-psychogenic-reactive depresions disappears, which in any event was already the case with the DSM scale; but in particular, delirium in depression changes its position: it appears as a sign of gravity and no longer forms a category of its own.

Clinical psychiatry had in fact already demonstrated the need for doing away with the psychotic/neurotic dichotomy, as the criteria for diagnostic differentiation had in proved to be unreliable, varying according to schools and psychiatrists; and clinical psychiatry did not have a means of differentiating between the varions psychotic and neurotic states. Furthermore, although some psychiatrists are still of the opinion that there is a relation between personality such as the «Typus melancholicus» of Tellenbach and delirious depression, This point of view can no longer be maintained. Present research in fact shows that there is no correlation between personality and delirium. Delirium in depression appears as a sign of gravity and a psychopathological defence mechanism connected with fear of death and guilt sensations.

Delirium is a form of thought which may appear in individuals and in groups under pressure, due to panic, stress or extreme tension. This type of thought is frequently found in certain cultures in which it may coexist with logical thought structures. Delirium is a transitory factor in depression. The integration of delirium in delirious depression with psychosis, in which the main characteristics are the division between reality and unreality, is no longer valid. The concept of psychosis itself should at present be reassessed, due to its ambiguity and its inexactitude of definition, which varies from one school and from one theory to another. It is no longer acceptable to categorize delirious depression under the heading of functional emotional psychoses as the distinction between emotional and nonemotional psychoses should be re-examined. This approach implies that depressive illness is a single entity, although the causes may be very varied. However, as long as information regarding the etiology and pathological mechanisms of depression remains imprecise, the subject is open to discussion.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © European Psychiatric Association 1998

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