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Published online by Cambridge University Press: 05 February 2009
La question des relations de Paul avec d'autres églises, qui revient au thème des tensions au sein de l'Église primitive, est un des grands contentieux qui divisent les exégètes depuis plus d'un siècle.
1 Les tensions de Paul avec certains ‘adversaires’ sont évidentes dans Ga, 1–2 Co et Ph. II resterait toujours à discuter si ces adversaires représentent ou non d'autres églises. Mais cette question ne nous concerne pas ici, étant donné que nous considérons 1 Th sensiblement antérieure à ces autres Lettres.
2 Elle est unanime, pour le moment, dans les Introductions et Commentaires à 1 Th. Les divergences apparaissent dans des travaux spécialement dédiés à la chronologie. Comme chronologies divergentes, en ce qui nous concerne, rappelons celles de R. Jewett, G. Luedemann et J. Knox, rapportées et discutées par leurs protagonistes, dans le volume: Chronology and Methodology. Colloquy on NT Studies 1980, resp. 281–7, 289–307, 339–64. Plus récemment, Hyldahl, N., Die paulinische Chronologie (Leiden, 1986).Google Scholar
3 Comme point de repère pour le passage d'une chronologie relative à une chronologie absolue, on accepte presque à l'unanimité le proconsulat de Gallion, entre les années 50 et 52 (Knox, Chronology, 358s, arrive à un cadre chronologique général très semblable, en prenant comme point de repère la succéssion de Felix par Festus l'année 55). En termes de chronologie absolue, notre discussion revient donc à demander si 1 Th a été écrite autour de l'année 50 (opinion traditionnelle, avec Jewett et Hyldahl) ou bien autour des années 41–3 (opinion de Knox et Luedemann).
4 L'ignorance (presque) absolue du récit d'Ac est proposée par Knox, , Chronology, 347Google Scholar: ‘I would question anything in Acts involving Paul which is not explicitly or by clear implication indicated also in the letters.’ Luedemann, G., Das frühe Christentum nach den Traditionen der Apostelgeschichte (Göttingen, 1987)Google Scholar, accepte la présence de dizaines de traditions dans le Livre, mais pas une ‘tradition’ de leur cadre historique: ‘Vielmehr besteht Lukas’ schriftstellerische Tätigkeit darin, Traditionen miteinander zu verknüpfen, d.h. auf der Grundlage von Traditionen eine Erzählung zu komponieren.’ Toutefois, même des opinions divergentes peuvent être exprimées par rapport au récit des Actes. Jewett ne fait que placer la rencontre de Jérusalem entre le deuxième et le troisième voyage. Luedemann, au fond (voir tableau dans Paulus der Heidenapostel I: Studien zur Chronologie [Göttingen, 1980] 272s), ne fait que mettre le Proconsulat de Gallion (cf. Ac 18.12–17) en rapport avec le dernier voyage de Paul en Macédoine et Achaïe (cf. Ac 20.1s). Knox (tableau dans Colloquy, 358s) et Hyldahl (Chronologie, 121s), quant à ce qui nous concerne, ne font que placer la rencontre de Jérusalem au milieu du troisième voyage.
5 C'est la claire position Strecker, de G., Befreiung und Rechtfertigung, dans Eschaton und Historie (Göttingen, 1979) 229–59Google Scholar. En fait, dans 1 Th 1.3 foi est elle-même une æuvre (τον πργον τῆς πίστἐως et pas des moins coûteuses (d'οù le besoin d'une ‘cuirasse de la foi’: θώργακα πίστἐως - 5.8). On ne trouve rien dans toute la Lettre qui invite à abjurer des æuvres de la Loi.
6 Certaines phrases de 1 Th 2 (spécialement, vs. 4–6) ont certainement l'air d'une apologie de son ministère. Avec ces affirmations, Paul marquait ses distances vers les ‘jacasses’ (cf. $$$σπἐρμολόγος a Ac 17.18) païennes, mais pas vers d'autres ministres chrétiens. Au moins, ses lecteurs savent (cf. οιδα dans 1.4s; 2.ls, 5, 11) qu'il leur dit la vérité. Ce qu'il veut souligner est que son évangile n'était pas ‘seulement discours’, mais ‘puissance et action de l'Esprit Saint, et merveilleux accomplissement’ (1.5), s'inspirant de ses récentes expériences à Athènes et Corinthe: celles que 1 Co 1.17–2.16 expriment comme théologie de la Croix et que Ac 17.17–34 transforme en anecdote de grande plasticité.
7 Ga 1 parle avec insistance du caractère extraordinaire de la vocation de Paul (‘Apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme’ – v. 1; l'Evangile, ‘n'est pas de l'homme: et d'ailleurs, ce n'est pas par un homme qu'il m'a été transmis ni enseigné, mais par une révélation de Jésus Christ’ – vs. 11s; cf. vs. 15s), extraordinaire aussi du fait qu'il s'agissait d'un ancien persécuteur de l'Eglise (v. 13: ‘je persécutais l'Eglise de Dieu et je cherchais à la détruire’). 1 Co et Ph ont la même portée, quant à la révélation (1 Co 9.1; 15.8; Ph 3.8; cf. v. 12: ‘j’ai été saisi moi-même par le Christ [κατἐλἡμφθην] et quant à la persécution qui l'a précédée [1 Co 15.19; Ph 3.6]). Par contre, 1 Th parle de cette même vocation comme d'un fait assez normal: ‘Dieu nous ayant éprouvés (δἐδοκιμάσμἐθα) pour nous confier (πισιἐνθἡναι) l'Evangile’. On souligne l'initiative divine, mais non ce qu'il y a de spécifique dans la vocation de Paul.
8 C'est le mérite de Luedemann, , Chronologie, 213–71Google Scholar, d'avoir étudié les affirmations eschatologiques de 1 Th en faveur de sa priorité absolue comme lettre. Dans ce même Congrès, Lindemann, A., Paulus und die korinthische Eschatologie (au-dessous 373–99)Google Scholar, a insisté sur l'unité de pensée entre les deux écrits: cela nous mêne à ne pas postuler une longue distance d'années entre les deux écrits, mais non à nier la priorité de 1 Th.
9 Notamment, la position de Schmithals, W., Paulus und die Gnostiker (Hamburg, 1965) 93–6.Google Scholar
10 C'est la position déjà discutée de Luedemann, mais aussi celle des auteurs qui (comme Jewett, Knox, Hyldahl) placent la rencontre de Jérusalem entre ces voyages que couramment on appelle le deuxième et le troisième ou bien au milieu du troisième (cf. supra, n. 4).
11 En tous les moments décisifs, Luc, qui fait de Paul le centre du Livre, reconnaît l'ancienneté et la préséance de Barnabas (rappelons 4.36; 9.27; 11.22, 30; 12.25; 13.1s, 7; 14.12, 14 – οί ὰπόστολοι!; 15.12, 25), quoique en d'autres moments, quasi subrepticement, il parle de ‘Paul et Barnabas’ (13.43, 46, 50; 14.19s; 15.2, 35s). Quant à Paul, même après le conflit d'Antioche (Ga 2.13), il place Barnabas bien au-dessus de Tite dans la rencontre de Jérusalem (2.1, 3, 9; cf. v. 1: μἐτὰ βαρναβᾶ συμπαραλαβὼν καὶ τίτον); en outre, 1 Co 9.6 nous parle (au présent) de Barnabas comme d'un homme plein d'autorité (ἐξουσία. - Luedemann, , Chronologie, 23s, et Knox, Colloquy, 348 (‘Can we really “see” him going forth ordained and instructed by the elders at Antioch on a mission as Barnabas’ subordinate?’) contestent cette position.Google Scholar
12 Il suffirait du dernier texte mentionné pour exclure que Paul soit rentré dans l'equipe de Barnabas après l'évangélisation de ces deux grands territoires. Toutes les nouvelles chronologies (Jewett, Knox, Luedemann, Hyldahl) mettent la deuxième montée de Paul vers Jérusalem après le deuxième voyage ou au milieu de son séjour à Éphèse, bon nombre d'années après sa séparation de Barnabas. A mon avis, la logique historique de Ga 2 en serait bien affectée: pourquoi Paul se serait-il mêlé des affaires d'Antioche s'il n'avait plus rien à voir avec cette communauté? Cf. Luedemann, , Traditionen, 144Google Scholar: ‘Im Rahmen dieser [antiochenischen] Mission unternahmen sie Mitte der dreißiger Jahre gemeinsam eine Missionsreise nach Südgalatien (Apg 13–14) und sind auch später als ehemalige Missionsgefährten zur Konferenz nach Jerusalem gefabren (Gal 2, 1).’
13 Nous parlons tout de suite, en guise d'exemple, du langage du Kyrios. Ce problème n'existerait pas dans la reconstruction de Hyldahl, qui place 1 Th en 51, comme dans la chronologie traditionnelle.
14 Le passage par la Galatie (suivant Ac 16.5) est rappelé encore dans notre note 24.
15 Paulus, der Apostel Jesu Christi (Stuttgart, 1845) 480–5Google Scholar. Il trouve que cette Lettre ne dit rien (‘Der Mangel an allem speciellen Interesse, und an einer Bestimmter motivierten Veranlassung ist an sich schon ein Kriterium, das gegen den paulinischen Ursprung spricht’ – 481). Il y critique surtout sa sympathie pour les judéo-chrétiens: ‘wie unangemessen für den Apostel, welcher doch sonst die Judenchristen seinen Heidenchristen nie als Muster vorhält’ (482).
16 Rappelons que Knox la date du 43 et Luedemann du 41. Dans la deuxième partie de son ouvrage: Paulus der Heidenapostel, qui a pour titre: Antipaulinismus im frühen Christentum (Göttingen, 1983Google Scholar) montre la logique de cette pré-datation: 1 Th correspondrait encore au ‘bon moment’, après la visite de Ga 1.18 (‘Aus der Person des Kephas aus jene Periode haftet keine antipaulinische Tradition’ – 73), tandis que la deuxième visite serait marquée par un demi-succès (‘weit davon entfernt, ein Sieg für Paulus zu sein’ – 65; cf. 59–63), qui conduirait au conflit frontal de Ga 2.11–14 (64–6).
17 Voir l'article de Rigaux, B., ‘Vocabulaire chrétien antérieur à la première Épître aux Thessaloniciens’, dans Sacra Pagina 2 (1959) 380–9.Google Scholar
18 On peut resaisir le langage ‘yahviste’ dans des expressions comme: ‘l'espérance du Seigneur’ (1.3), ‘parole du Seigneur’ (1.8; 4.15), ‘la venue du Seigneur’ (3.13; 4.15; 5.23), ‘le jour du Seigneur’ (5.2), ‘la grâce du Seigneur’ (5.28), ‘le Seigneur tire vengeance’ (4.6), ‘Je vous conjure par le Seigneur’ (5.27). Et cela ne se fait pas en deux jours: ‘The application of the LXX Kyrios to Jesus marks the final stage, not the first, in the title's history within the Christian Church’ (Kramer, W., Christ, Lord, Son of God [Londres, 1966] 158)Google Scholar. Schade, Voir H.-H., Apokalyptische Christologie bei Paulus (Göttingen, 1984).Google Scholar
19 Pierre n'est pas allé à Antioche pour visiter une communauté juive, diverse de la communauté ‘païenne’, puisque alors le conflit aurait été impossible. On ne voit non plus qu'ily soit allé avec un programme de judaïsation: il est allé simplement les voir, comme Paul était monté à Jérusalem, pour voir (ίσορησαι – Ga 1.18) Pierre, comme Pierre lui-même ‘se déplaçait continuellement … chez les saints’ (cf. Ac 9.32). Il y a encore le fait que, lorsque Pierre ‘se tint à l'écart’ des païens (Ga 2.12), presque tout le monde l'a suivi: les juifs, qui ont formé avec lui une table séparée et les païens, qui (au moins semble-t-il), étaient prêts à se faire juifs, pour ne pas perdre la compagnie des fondateurs. Tout cela n'est possible que dans un contexte de relations extrêmement amicales entre toutes les communautés chrétiennes de la Syrie et de la Palestine. – D'après Luedemann (Christentum, 145), Ac 11.19–30 ‘reflektiert … die historische Tatsache, da die antiochenische Gemeinde und die Jerusalemer Muttergemeinde seit der frühesten Zeit in engem Kontakt miteinander standen’.
20 C'est à propos de cette visite que Luedemann, Antipaulinismus, 72, ècrit: ‘Während des ersten Besuchs scheint eine Absprache zwischen Paulus und Petrus über die Missionierung von Juden und Heiden zustande gekommen zu sein, die auf der späteren Konferenz vorausgesetzt und anerkannt wird (Gal 2, 7).’
21 Schmithals, W., Paulus und Jakobus (Göttingen, 1963) 53–60Google Scholar, expose de façon convaincante cette interprétation. Lisons, entre autre: ‘Bedenken wir, da die antiochenische Auseinandersetzung in die Zeit zwischen dem gewaltsamen Tode des Zebedaiden Jakobus (Apg 12.2) und dem Märtyrertod des Herrenbruders Jakobus fällt! Petrus selbst scheint vor kurzem einem Martyrium nur knapp entgangen zu sein (Apg 12).’
22 Cette stratégie pouvait contribuer à éviter la persécution: puisque le ‘péché’, du point devue juif, serait dans la communauté de table comme telle: manger ensemble, ce qui n'est pas permis à aucun ‘émigré installé parmi vous’ (cf. Lv 17.8, 10, 12s, 15: ιων Προσηλὑτων τῷν προσκἐιμἐν ὲν ήοῖν).
23 C'est la pensée de Jacques et l'objection que Jacques fait à Paul, d'après Ac 21.20s: ‘Tu peux voir, frêre, combien de milliers de fidèles il y a parmi les Juifs, et tous sont d'ardents partisans de la Loi. Or ils sont au courant de bruits qui courent à ton sujet: ton enseignement pousserait tous les Juifs qui vivent parmi les païens à abandonner Moïse…’.
24 Si en fait Paul est passé deux fois en Galatie (comme il est traditionnel de le déduire d'Ac 16.6; 18.23 et d'une interprétation stricte de 4.13: ιὸ πρόιἐρον comme ‘la première des deux fois), il faudra dire que c'est dans la seconde visite qu'il a organisé la collecte. Mais il n'est pas absolument sûr qu'il y ait eu ces deux visites.
25 Voir des opinions, concordantes et discordantes, dans Bosch, J. Sanchez, ‘Iglesia e iglesias en las Cartas paulinas’, RCatTeol 8 (1983) 1–43Google Scholar. Le Commentaire plus récent H. D. Betz exclut aussi la rupture totale: ‘Wurde Paulus wie die falschen Brüder in Jerusalem hinausgedrängt? Die groβe Ehrerbietung für Paulus in der Apostelgeschichte und in den Briefen des Bischofs von Antiochia, Ignatius, ist schwer zu verstehen wenn solch ein Ausschluβ stattgefunden haben sollte’ (in h.l.).