L'orateur a examiné au cours de sa conférence la question de savoir s'il y a lieu d'adopter une attitude sceptique à l'égard du droit international public en général et notamment en face des activités des Nations Unies. Il a suivi de très près, depuis les débuts de la Société des Nations, le développement de l'organisation internationale. C'est sur presque tous les domaines de l'activité humaine que s'étend actuellement le champ d'application des organes créés en vue d'affermir la collaboration entre les peuples. La nécessité d'une telle collaboration n'est plus à prouver car elle est une des conséquences de l'évolution vertigineuse de la technique dont les effets se reflètent dans un rapprochement des peuples. Malgré des divergences de vues concernant les conceptions du droit, il ne peut être nié que l'évolution du droit international public limite de plus en plus la liberté d'action des Etats laquelle était autrefois plus ou moins illimitée. Beaucoup a déjà été fait dans ce domaine. Mais les difficultés qui surgissent à mesure que l'intégration progresse sont multiples et il peut souvent être constaté que les résultats pratiques ne correspondent pas entièrement à l'attente. C'est pourquoi il convient de ne pas nourrir d'espoir démesuré comme on l'a fait au moment de la fondation de la Société des Nations et des Nations Unies et comme on l'observe à nouveau de nos jours à l'égard de l'intégration de l'Europe. La constitution de groupes de caractère régional peut s'avérer utile, mais l'intérêt primordial, et notamment pour un pays comme les Pays-Bas, doit être recherché dans l'association sur une échelle plus grande. La “fédération” mondiale est, de l'avis de l'orateur, une utopie; la collaboration internationale doit être vue dans un cadre plus souple, comme celui des Nations Unies. La constitution de groupes régionaux pouvant mener à une discrimination et à la constitution de “blocs” opposés ne devra être admise qu'avec la plus grande prudence. On pourrait applaudir au principe d'un Parlement européen, mais celui-ci pourrait se révéler être une boîte de Pandore et il est parfaitement compréhensible que les Gouvernements montrent une certaine réserve à cet égard. Les résultats obtenus par les Nations Unies et ceux que pourraient encore atteindre les activités futures de cet organisme ne feront pas grande impression sur le Monde aussi longtemps que les efforts déployés pour combattre le danger de la guerre n'auront pas été couronnés de succès évidents. Qu'on pense toutefois un instant à la série presque ininterrompue de guerres pendant la période précédant immédiatement la date de fondation de la Société des Nations. Pendant les 15 ans de son existence, l'Organisation des Nations Unies a reussi a maintenir la paix et en général elle a contribué à faire disparaître certaines menaces de guerre. Toutefois, une ombre pèse toujours lourdement sur l'humanité, c'est l'éventualité d'une guerre atomique entre les Etats-Unis et l'U.R.S.S. Actuellement les Nations Unies ne sont pas encore à même d'offrir suffisamment de garanties pour parer à un tel danger.